[Test – Playstation 4] NeuroVoider : le twin-stick shooter qui retourne le cerveau

image ps4 neuroviderCaractéristiques

Test

Si vous êtes du genre à traîner vos guêtres nuits et jours sur votre console/PC, vous savez qu’il n’est désormais plus possible de penser le jeu vidéo uniquement en termes de productions “AAA”. Depuis quelques années déjà, une bonne grosse décennie, la scène indépendante s’est retrouvée projetée sous les feux des projecteurs, avec l’inventivité comme toile de fond. Aujourd’hui, la situation de ce qui est devenu un véritable genre en soi (on parle de “jeux indies”) s’est stabilisée, et la parution d’un très bon jeu sorti d’un peu nulle part est désormais assez fréquent. NeuroVoider, par le studio français (basé à Metz) Flying Oak Games, fait clairement partie des softs pouvant prétendre à grossir les rangs du menu “réussite”, son mélange des genres (un twin-stick-shooter-rogue-lite-hack-and-slash) ayant déjà fait le bonheur des joueurs PC, lors de sa sortie initiale fin Août 2016. Le titre étant aujourd’hui disponible sur Playstation 4, Xbox One et bientôt sur Nintendo Switch, il est désormais temps de vérifier si ces bons retours sont mérités.

Histoire : /

Même si nous n’irons pas jusqu’à juger un scénario clairement anecdotique (les cinq points sont donc remis en jeu dans le critère Gameplay), Flying Oak Games a tout de même voulu proposer un contexte, tout aussi minimaliste qu’il soit. Dans un futur lointain, très lointain, l’humanité s’est faite dessouder par une horde de robots qui ferait passer Skynet pour une gentille parade dans un parc d’attraction insupportable. Afin de trahir les siens (allez savoir pourquoi ?) et défoncer l’imposant NeuroVoider, l’étrange Fat.32 fait appel à un cerveau ingénieux et énergique, qui va de suite bondir dans une véritable machine de guerre afin d’occire les sbires mécanisés. Clairement un prétexte, traité avec un humour de bon aloi.

Gameplay : 8/10

test neurovider

Sachez que si vous accrochez au concept, vous allez adorer passer des heures et des heures sur NeuroVoider. Avant de passer aux actions de votre avatar, il faut d’abord revenir sur les quelques choix qui s’offriront à vous juste avant de débuter une partie. Tout d’abord, trois niveaux de difficulté sont disponibles, et sachez que le plus facile est déjà bien, mais bien retors. L’équilibre est bon, et chaque game over est imputable au joueur, à ses erreurs, et non à une injustice. Ensuite, il faut choisir entre trois classes, afin que le robot-avatar soit équipé d’un talent dédié, déclenchable en pressant R1. Dash vous permet de passer à travers les salves ennemis, Rampage lâche la purée avec les deux armes équipées et vous fait même un peu gagner en mobilité. Pour finir, Fortress active un bouclier protecteur pour votre pauvre carcasse prise sous le feu des belligérants. Cela n’a l’air de rien, mais ce choix ne doit pas être pris à la légère, car bien vite la maîtrise du talent s’avérera un élément crucial pour tenter de survivre, surtout en difficulté supérieure.

Une fois ces réglages effectués, il faut choisir une capacité active (qui le sera en pressant L1), ou passive. On peut en citer une qui vous permettra de looter uniquement pour notre classe (notre préférée), ou encore une qui vous permettra d’infliger 150% de dégâts… mais aussi d’en subir 150%. Là aussi, il va vraiment falloir être attentif car un choix en cohérence avec votre style de jeu pourra vous sauver les miches bien des fois. Ce bonus est à choisir dans une liste assez impressionnante, qui est accessible dans sa totalité dès le départ. Une décision qui en dit long sur la volonté de Flying Oak Games qui vise à plonger véritablement le joueur dans l’action, sans qu’il ne se soucie de débloquer ceci, ou cela. Après avoir tout sous-pesé, il est temps de se lancer dans le grand bain. Neurovoider est un jeu en vue top-down (ou aérienne, si vous préférez), on dirige le robot avec le stick gauche, on vise avec droit. On transporte deux armes à la fois, une à gauche (L2), et l’autre à l’opposé (R2). À tout cela s’ajoute le bonus, ainsi que le talent, comme vu plus haut dans ce test. Ajoutons qu’avec Rond on peut se repérer sur la map du niveau en court. Voilà, simple à utiliser… mais difficile à maîtriser.

Vous êtes maintenant parés afin d’aller occire des sbires à n’en plus finir. Il va falloir enchainer les niveaux, avec quelques boss sur la route, pour aller botter le séant mécanique du NeuroVoider. Mais pour ce faire, il va falloir améliorer votre avatar, c’est une condition sine qua non afin de ne pas se faire dézinguer dès les premiers levels (même si les plus “skillés” pourront toujours tenter de ne rien toucher à la configuration de départ, bon courage). C’est là qu’intervient le côté savoureusement hack ‘n’ slash du soft : détruire des hordes d’ennemis sera une tâche certes dangereuse, mais récompensée par l’obtention d’un loot très maîtrisé dans sa graduation. Aussi, sur le champs de bataille des coffres seront dispersés, n’oubliez pas de les ouvrir ! Entre chaque niveau a lieu un entracte, pendant lequel NeuroVoider vous donne la possibilité de changer les pièces de votre carcasse, mais aussi d’upgrader tout cela, depuis votre système de défense jusqu’aux armes équipées. Ajoutons la possibilité de recharger l’énergie, et de créer des pièces de rechange contre de l’argent (du fer, plus précisément) si jamais le loot n’est pas suffisant. Le tout dans un menu hyper clair et facile à digérer : Flying Oak Games rend là ce qu’on n’hésite pas à décrire comme une mécanique exemplaire.

image gameplay neurovider

Et ce n’est pas fini ! NeuroVoider propose assez de subtilités pour que le joueur soit totalement happé par son gameplay. On se doit d’aborder le choix, très heureux, de proposer au joueur la décision de son cheminement jusqu’au boss final. Chaque niveau est sélectionnable parmi trois propositions, lesquelles sont décrites en évoquant le contenu qui s’y trouvera (grandeur, quantité de Super Elite et variable d’objets). Sachez, aussi, qu’entre deux boss vous aurez accès, à chaque fois, à un level spécial, proposant une thématique dédiée (dans le noir, essaim, limite de temps, des Super Elite everywhere), qui vous fileront plus d’argent. Et tout ceci pour défoncer du belliqueux, donc. Abordons ceux-ci plus précisément : ils sont clairement du mob à occire, pas spécialement animés d’une IA spirituellement tétanisante mais avant tout créés pour nous donner du fil à retordre. Afin de faciliter le travail de reconnaissance que doit effectuer le joueur, NeuroVoider a là aussi des idées : chaque adversaire projette un rond à terre, et sa couleur nous en dit plus sur la force en présence. Aussi, les Super Elite, plus puissants, massifs, et intéressants en terme de loot, sont annoncés par un effet sonore, ce qui permet au joueur de mieux appréhender chaque situation.

Pour massacrer ces tronches de ressort, NeuroVoider met entre vos mains une possibilité d’arsenal plus que satisfaisant. Du lance-missile au laser, en passant pas le lance-flamme, les épées et autres “bullet”, chaque joueur trouvera le calibre qu’il lui faut. Là aussi, on pense pas mal au hack ‘n’ slash, et plus précisément à Diablo : la qualité des armes est de suite reconnue grâce à un code couleur assez usité pour qu’il soit compris immédiatement : blanc pas terrible, violet c’est du lourd, et entre les deux tout un dégradé. Concernant la couleur de la royauté, elle indique un arsenal “glitch”, aux statistiques hyper puissantes mais non évolutives, et sont toujours bien fun à utiliser. Et si, malgré tout cela, vous venez à périr lamentablement (et ça va arrivez bien des fois, croyez-nous), alors se met en place une mécanique rappelant Nioh ou la série des Souls : la mort est certes définitive (vous recommencez “à poil” depuis le début), mais atteindre le même niveau vous rendra l’équipement perdu. De quoi pimenter l’échec, et pousser le joueur à la récidive.

Neurovoider détient-il la recette parfaite pour servir un jeu addictif parfait dans les moindres recoins ? On est de ceux qui pensent que la perfection n’est pas de ce monde, et même si le jeu est incroyablement bien fini, on pourra toujours remarquer le manque d’audace placée dans les boss. On croisera toujours les mêmes, et si les patterns diffèrent, dans les armes utilisées principalement, on ne peut s’empêcher de regretter un manque de diversité des routines à appliquer pour vaincre. Autre petit regret, mais il touche tous les jeux basés sur la création procédurale : parfois le niveau propose un contenu étrange, comme une fin accessible dès la première salle. Enfin, le jeu manque peut-être un peu de patate dans les impacts de nos armes sur les ennemis. Rien de bien méchant cependant, et on aura compris que les grosses qualités du gameplay font largement oublier ces petits désagréments. Pour finir, il est impossible de ne pas signifier que la recette de NeuroVoider trouve sa touche finale dans son mode multijoueur, uniquement jouable en local. Le plaisir du solo, déjà bien ressenti, est alors décuplé…

Technique et ambiance sonore : 4/5

image jeu neurovider

NeuroVoider donne dans le style néo-rétro désormais bien installé dans le milieu du jeu indépendant. Celles et ceux qui ne raffolent pas (ou, plus précisément, les allergiques un peu hystériques qui grommellent sur les forums) de cette technique ne se réconcilieront pas avec celle-ci à cette occasion, seulement il nous est paru que le tout fonctionne bien : c’est fluide, les skins sont plutôt sympathiques. Pas de quoi sauter au plafond, mais une ambiance bien couvée, avec quelques éléments qui nous ont rappelés d’autres jeux (on pense aux coffres, références à Borderlands ?). La direction artistique est bien chiadée, ça pixellise dans la joie et la bonne humeur mais toujours en restant très lisible. Signalons, enfin, que l’effet d’écran tremblant, qui peut gêner certains (comme votre humble serviteur), peut être désactivé dans les options, et c’est une bonne initiative.

Côté ambiance sonore, NeuroVoider nous a atomisé la tronche. La bande originale, signée Dan Terminus,va vous assécher les yeux, tant l’action et la musique s’accorde au point de vous empêcher de cligner. On a une préférence pour le morceau intitulé Cherenkov Blue Overdriver, entraînant comme pas possible. On vous conseille fortement de jouer au casque, effet garanti. On souligne aussi la bonne qualité des bruitages, certes peu nombreux mais qui s’ancrent bien dans l’esprit des joueurs : “ah, tel ennemi fait tel son, c’est donc qu’il utilise telle arme donc j’agis de telle façon“.

Durée de vie : 4/5

image playstation 4 neurovider

C’est peut-être ici que le bât blesse un chouïa. Neurovoider vous demandera de l’investissement, c’est certain, et les heures passées dessus défileront à vitesse grand V (même en plein cœur de la nuit, true story). Cependant, le contenu est un peu sec en terme de petites garnitures. On aurait apprécié la possibilité de collectionner des choses, des petits bouts de trucs, des modes de jeu à débloquer, retrouver un musée mettant en avant nos exploits etc. Même le menu des statistiques est un peu juste. Reste que jouer à Neurovoider se fait sans spécialement calculer quoi que ce soit : on progresse, on se défait du boss final (ou il se charge de nous pulvériser, c’est selon), et on redémarre dans un new game plus, le couteau bien calé entre les dents.

Note finale : 16/20

NeuroVoider atterri effectivement dans la catégorie des très belles réussites du jeu vidéo indépendant. Flying Oak Games mélange les genres sans jamais se mélanger les pinceaux, et livre un gameplay carrément sensationnel. On a certes plus de réserves concernant le contenu du jeu, un peu secos, et on aurait apprécié plus de diversité dans les routines à appliquer aux boss, cependant il est indéniable que le studio tient là une formule qui fonctionne à merveille. Ajoutons à cela une direction artistique maîtrisée, une bande originale à se damner, et l’on obtient un résultat nerveux et hypnotisant.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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