article coup de coeur

[Critique] Ava : Une oeuvre initiatique sensorielle et onirique

Caractéristiques

  • Titre original : Ava
  • Réalisateur(s) : Léa Mysius
  • Avec : Noée Abita, Laure Calamy, Juan Cano, Tamara Cano et Ismael Capelot...
  • Distributeur : Bac Films
  • Genre : Comédie dramatique
  • Pays : France
  • Durée : 105 Minutes
  • Date de sortie : 21 Juin 2017
  • Note du critique : 8/10

Critique

Premier long-métrage écrit et réalisé par Léa Mysius, Ava a été présenté au Festival de Cannes 2017 et a remporté le prix SACD à la Semaine de la Critique.

Ava raconte l’histoire d’une jeune fille de 13 ans, en vacances en bord de mer lorsqu’elle apprend qu’elle va perdre la vue plus rapidement que prévu, à cause d’une maladie dégénérative appelée rétinite pigmentaire. Sa mère décide de faire de cet été le plus beau de leur vie. Ava affronte le problème à sa manière et vole le chien d’un jeune homme en fuite…

Un mélange des genres au service d’une vision sensible

image lea mysius ava

Ava est de ces films qui mélangent les genres et les thèmes avec panache et brio. La scénariste-réalisatrice passe de la comédie dramatique à un road-trip initiatique tout en le teintant de certaines scènes oniriques. Un mélange qui fonctionne de très belle façon. La narration permet au personnage principal de se développer, tandis que la mise en scène se révèle aussi énergique qu’inspirée. Avec la relation conflictuelle d’Ava et sa mère, la réalisatrice pose des bases solides qui seront exploitées durant la deuxième moitié du film, ode à l’émancipation et à l’éveil sentimental (et sexuel). De plus, les décors magnifiques du bord de mer ensoleillé aux couleurs chatoyantes créent un contraste saisissant vis-à-vis de la perte de vue annoncée d’Ava. Celle-ci va profiter de son dernier été avant de devenir aveugle, même si sa vue va progressivement baisser, notamment lorsque la nuit tombe. Les scènes nocturnes prennent alors une tout autre ampleur, et l’utilisation des contrastes et des noirs témoignent d’une rare intelligence.

Si les thèmes abordés sont joliment exploités, on regrettera seulement que Léa Mysius ait choisi une fin assez ouverte à son récit initiatique, approche à laquelle on peut être sensible, mais qui nous a semblé ici un brin frustrante. Pour le reste, le film, très bien maîtrisé, nous a conquis, que ce soit dans le développement de la relation mère-fille ou celle unissant Ava et Juan. On voit la jeune fille mûrir et se métamorphoser, devenir davantage femme. La thématique centrale de la cécité prochaine de la jeune fille est également admirablement gérée, aussi bien d’un point de vue visuel, comme nous l’avons vu, que narratif. Ava voit les choses pour la dernière fois et d’autres pour la première, d’où cette impression qu’elle veut se souvenir de tout, tels des instantanés qu’elle gardera à jamais gravés dans sa mémoire. On retiendra aussi la séquence surréaliste du cauchemar d’Ava, un passage à la connotation fantastique qui se distingue du reste du film, tout en s’y intégrant parfaitement, en en traduisant les enjeux de manière frappante.

Une réalisation subtile et maîtrisée

image noée abita ava

Le film doit évidemment beaucoup à la réalisation de Léa Mysius, qui joue sur un côté faussement “carte postale de vacances” au moyen de plans fixes dans lesquels il se passe énormément de choses, et où le réel se teinte d’une pointe d’étrangeté. On retiendra par exemple les scènes nocturnes à l’ambiance fantastique, ou encore les plans durant la partie road trip, qui sentent le western bien crasseux. Le travail sur chaque plan est perceptible, sans jamais paraître forcé. Le choix des décors s’avère également judicieux, surtout pour le bunker détruit sur la plage, ou encore la boîte de nuit fermée. Le travail sur le son est également remarquable : plus Ava perd la vue, plus les sons ambiants sont mis en avant. Le son d’une vague qui s’échoue ou d’enfants qui jouent prend alors une toute autre dimension, et un autre sens. Enfin, on retiendra la musique minimaliste et intimiste de Florencia Di Concilio, qui accompagne parfaitement le personnage principal et donne une ambiance assez sombre au film.

Si le film est une telle réussite, c’est aussi grâce à la performance de la jeune Noée Abita, qui interprète avec brio Ava. Elle illumine chaque scène de sa fraîcheur et les nuances de son jeu permettent de rendre justice à son personnage et de s’y identifier. Elle porte véritablement le film sur ses épaules. Le constat est un peu plus en demi-teinte pour Laure Calamy, qui interprète Maud, la mère d’Ava. Si l’alchimie avec Noée Abita est évidente, l’actrice surjoue parfois dans certaines scènes. Enfin, le jeune Juan Cano, qui interprète le premier amour d’Ava, s’en tire plutôt bien : le jeune homme possède un réel charisme, mais sa prestation perd un peu de sa magie quand il parle, dommage.

Ava est donc un petit coup de cœur et un premier essai réussi pour Léa Mysius. Il se dégage du film une fraîcheur et une énergie communicative, et la réalisatrice fait preuve d’une réelle maîtrise, en dépit d’une conclusion qui nous a un peu laissés sur notre faim. Cette comédie dramatique teintée d’onirisme est également la révélation d’une actrice à suivre, Noée Abita.

Article écrit par

Adore le cinéma en général, que ce soit les gros blockbusters ou les plus petits films, les séries TV et les jeux vidéo. Il réalise de nombreux tests de blu-ray et films en UHD 4K et couvre l'actualité cinématographique en salles.

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