Caractéristiques
- Titre : Phantasm 2
- Réalisateur(s) : Don Coscarelli
- Avec : James LeGros, Reggie Bannister, Angus Scrimm, Paula Irvine, Samantha Phillips, Kenneth Tigar
- Editeur : Sidonis
- Date de sortie Blu-Ray : 27 juin 2017
- Date de sortie originale en salles : 5 février 1989
- Durée : 97 minutes
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- Note : 7/10 par 1 critique
Image : 4,5/5
Le constat est le même, pour Phantasm 2, que pour le travail effectué sur l’édition de Phantasm. Sidonis nous livre là un master de très belle qualité, au piqué bien agréable, et à la colorimétrie carrément idéale. On remarque une meilleure netteté que pour le film précédemment cité, mais aussi quelques noirs un peu trop prononcés. Globalement, les contrastes sont d’excellente facture. Notons aussi une ou deux petites sautes d’image, mais rien d’alarmant.
Son : 4/5
Les deux pistes, en français et en anglais, sont en DTS-HD Master Audio 2.0. On a une très large préférence pour la version originale, énergique et mixée idéalement. Les dialogues sont bien mis en valeur, et jamais au détriment de l’ambiance, ni de la musique. La VF est plus plate en comparaison, même si elle reste tout aussi propre. Par contre, on n’est pas très fan du doublage, parfois un peu trop surjoué.
Bonus : 4/5
Le plat principal de la section bonus, c’est sans aucun doute la présentation de Phantasm 2 par Guy Astic et Julien Maury. Long de 27 minutes, ce module est carrément incontournable, particulièrement pour la prestation complète, et passionnante, du premier cité. L’essayiste (Images et mots de l’horreur 1 : outrance et ravissement) et éditeur (Rouge Profond) évoque et analyse profondément, émet des hypothèses tout à fait recevables. Il ne se contente pas de l’anecdote, du listing du casting, et l’on s’en réjouit. Par contre, l’intervention du sympathique Julien Maury est plus superficielle. Le deuxième bonus, lui aussi très intéressant, c’est Gory Days : autour du film (22 minutes). Là aussi on se régale, le module étant présenté par Greg Nicotero, grand nom du maquillage, que l’on retrouve au générique de The Mist, Vampires, ou encore Evil Dead 2. Une interview passionnante, accompagnée de quelques rares images du tournage. Est présent à l’appel l’incontournable duo formé par la bande annonce et la galerie de photos.
Synopsis
Six ans après les événements qui ont transformé son enfance en cauchemar, Mike Pearson sort de l’hôpital psychiatrique. A son histoire d’entrepreneur des pompes funèbres convoyant les cadavres vers un autre monde, personne n’y a jamais cru. Pas même son ami Reggie qui, sa famille décimée, décide soudain de le suivre sur les routes de l’Oregon. Leur objectif : mettre hors état de nuire le Croque-Mort qui, d’une ville à l’autre, poursuit sa sinistre besogne…
Le film
Neuf ans après le premier Phantasm, et un détour par le plutôt sympathique (mais étrangement égratigné à sa sortie) Dar l’invincible, Don Coscarelli revient vers le film qui l’a propulsé sur le devant de la scène « de genre ». Clairement, le réalisateur n’en avait pas terminé avec son univers onirico-horrifique, et il nous le fait savoir dès les premières seconde de Phantasm 2. Afin d’assurer la continuité avec le précédent opus, le réalisateur opte pour un rappel des événements de la toute fin, et continue le récit exactement dans la droite lignée. L’effet est savoureux : c’est comme si nous n’avions jamais quitté ce cauchemar éveillé, qui ne cesse de croître de séquence en séquence.
C’est aussi à toute allure que déboule ce qui est la seule véritable retenue que nous posons quant à ce Phantasm 2 : le choix d’effectuer une ellipse telle que le jeune Mike est derechef remplacé par un jeune adulte peu convaincant. Le rôle n’est pas mauvais, par contre l’acteur l’est : James LeGros, pourtant très bon dans C’est pas mon jour !, est ici en grande difficulté. Il ne réussit pas à instiller cette dose de charisme nécessaire à une telle passation de pouvoir, entre l’enfance et la fin de l’adolescence. Ce constat, le film va se le trimballer un moment, même si on finit par oublier cette anicroche. Et c’est grâce à la qualité d’un scénario surprenant de bout en bout.
Phantasm 2 se diffère de beaucoup du film dont il assure la suite. Avec des moyens beaucoup plus conséquents (on passe de 300 000 à 3 millions de dollars), Don Coscarelli se lâche d’autant plus, et entame une mue qui peut désarçonner, du moins au premier coup d’œil. L’ambiance très « locale » de l’action évolue : les personnages principaux font face, dorénavant, à une menace qui se mouve, s’étend, grignote du territoire. Le Tall-Man ne se contente plus d’une petite ville de l’Oregon, il atteint d’autres endroit. Il les vide de leur substance, s’attaquant d’abord aux morts, mais chassant aussi toute vie des alentours. Mike et Reggie, toujours incarné par le très bon Reggie Bannister (The Quiet Ones), se doivent, donc, de prendre la route. Ce qui donne irrémédiablement un film plus pêchu, dynamique, très road movie. Au volant d’une bagnole modifiée bien classe, le duo sillonne les routes arides, dans une ambiance très fin du monde qui fait forte impression.
Phantasm 2 effectue un gros travail sur l’ambiance, mais aussi profite d’un côté action beaucoup plus présent. On apprécie particulièrement cette séquence surprenante, qui voit les personnages principaux pénétrer par effraction dans une quincaillerie, afin de se constituer un véritable arsenal de guerre. On est carrément dans une sorte de préparation à un actioner, lequel se matérialise au moins partiellement. Que les puristes se rassurent, le film continue d’offrir une atmosphère onirique, qui joue avec nos perceptions et notre envie d’y croire. Moins que dans le précédent film, certes, mais on a toujours cette interrogation lancinante sur la véracité des événements décrits. Seulement, l’œuvre se muscle, à l’image de ce double fusil que se concocte le très buriné Reggie.
Le Tall-Man, lui, est évidemment toujours incarné par l’irremplaçable Angus Scrimm, et sa trogne reconnaissable entre mille. Phantasm 2 étoffe son personnage, mais a surtout la bonne idée de ne pas aller plus vite que la musique. Il ne faut pas s’attendre à des révélations bigger than life, bien au contraire. On avance, on comprend certains agissements, du moins on s’évoque des hypothèses avec un peu plus d’assurance. D’ailleurs, il est tellement possible que vous aurez les vôtres qu’on ne vous gâchera pas le plaisir en spoilant à propos des nôtres. Le film contient plusieurs grilles de lecture, allant du plus premier degré au plus farfelu, mais c’est au spectateur de choisir celle qui lui convient. Moins sujet à discussion : la fameuse sphère volante, qui ici se multiplie, et devient une menace encore plus marquante. L’une d’elles provoque, d’ailleurs, un superbe maquillage gore signé Greg Nicotero.
Comme on le voit, Phantasm 2 n’est pas une « simple » suite, c’est un prolongement musclé. On pourra toujours regretter cet acteur principal totalement dépassé, mais le reste est loin d’être inintéressant. On ne peut se quitter sans évoquer, rapidement et sans spoilers, le dernier quart du film, carrément jouissif. Don Coscarelli s’y donne à cœur joie, n’hésite pas à rendre hommage au plutôt boudé Massacre à la tronçonneuse 2, et accélère le mouvement. On retrouve un peu de Sam Raimi d’ailleurs, dans cette volonté d’enchainer très vite les éléments marquants. Un clin d’œil direct est adressé au réalisateur de Darkman, ce n’est pas anodin. Dans l’esprit, on est sans aucun doute éloigné du trip purement épouvante du premier, mais on gagne en intensité, laquelle contamine l’ensemble du métrage de fort belle manière.