Caractéristiques
- Titre : Nés en Chine
- Titre original : Born in China
- Réalisateur(s) : Lu Chuan
- Avec : (la voix-off de) Claire Keim en VF, John Krasinsky en VO
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Genre : Documentaire
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 1h19
- Date de sortie : 23 août 2017
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Après Grizzly, Au royaume des singes ou encore L’empereur, Disney Nature nous propose un nouveau documentaire animalier, cette fois-ci consacré à trois espèces distinctes (Dawa la panthère des neiges, Yaya le panda géant et Tao Tao le singe doré), ayant pour point commun d’évoluer dans les paysages resplendissants de Chine, bien loin de la pollution des grandes zones urbaines. L’occasion de montrer le cycle de la vie dans toute sa beauté et sa cruauté, avec une portée quasi-philosophique inspirée de la culture chinoise.
Des animaux craquants au comportement « humain »
Nés en Chine est ainsi composé de trois trames narratives distinctes, chacune se déroulant dans une province chinoise différente : les sommets enneigés de la région du Qinghai, au nord-est du plateau tibétain, mais aussi les forêts du Sichuan et du Hubei. Ce parti pris de montrer la vie des animaux dans toute sa diversité, au sein d’environnements fort différents, participe à la force du film, qui se démarque des précédents documentaires du label, généralement concentrés sur une espèce en particulier. Ces images, superbes et souvent assez impressionnantes, recueillies durant toute une année par Lu Chuan et son équipe sont mises en valeur par un montage immersif, où les animaux sont humanisés.
En effet, comme on peut s’y attendre au sein d’un documentaire visant un public familial, la vie des animaux est montrée et mise en perspective de sorte à ce que nous puissions nous identifier à eux. La voix-off insiste par exemple sur l’instinct de protection des mamans animaux, qui protègent leurs petits et les accompagnent peu à peu vers l’autonomie. Si cela reflète la réalité (oui, les animaux sont doués de sensibilité), le montage et le texte dégagent différentes trames narratives ouvertement romancées pour maintenir l’attention des spectateurs, et notamment des plus jeunes.
On verra notamment un petit singe, Tao Tao, se montrer jaloux de sa petite soeur, jusqu’au moment où il réussira à trouver sa place au sein de la cellule familiale ; un comportement qui pourrait facilement s’appliquer à un petit garçon. Yaya le panda géant et Dawa la panthère des neiges sont quant à elles présentées comme des mères célibataires. La première, naturellement protectrice, devra accepter de voir sa petite Mei Mei devenir indépendante (et donc s’éloigner d’elle), tandis que la partie autour de la seconde se concentre sur l’instinct de survie des animaux, et les difficiles conditions de vie l’hiver, dans une région où trouver une nourriture abondante est essentiel.
La nature vue dans toute sa complexité (avec une pointe de philosophie)
Ces trois tranches de vie distinctes et habilement entremêlées fonctionnent parfaitement, de même que le phénomène d’identification. La partie autour des panthères des neiges est sans doute la plus forte, aussi bien visuellement que d’un point de vue narratif : non seulement les paysages enneigés du plateau tibétain et de ces grands félins difficiles à approcher sont superbes, mais c’est aussi dans cette trame que la nature apparaît le plus clairement dans toute sa complexité, belle et cruelle à la fois. Bien évidemment, certaines informations sur la vie des animaux sont apportés par la voix-off, mais bien moins que ce à quoi l’on aurait pu s’attendre.
C’est sans doute là que le bât blessera le plus pour un spectateur adulte : Nés en Chine a tellement à coeur que le spectateur s’identifie à ces héros à poils qu’il en oublie parfois l’aspect purement pédagogique, présent, mais placé en retrait. Pas de mention (pour des raisons « diplomatiques » ?), par exemple, de la dimension écologique, pourtant difficile à éviter pour un film s’intéressant à la Chine. Des informations sur la manière de vivre des animaux sont disséminées ça et là au fil des séquences, mais la voix-off évite dans l’ensemble de trop appuyer sur ce qui nous différentie par rapport aux animaux, et qui nous écarterait donc trop de la trame retenue.
Cette réserve mis à part, Nés en Chine est un beau moment d’émerveillement et d’émotion, permettant d’admirer ces animaux sauvages au plus près, dans leur habitat naturel, avec un sens de l’image indéniable. La dimension philosophique qui émerge de la conclusion (avec des références à la spiritualité bouddhiste) donne d’autant plus de force à l’ensemble que, contrairement à de nombreux documentaires animaliers soucieux de préserver l’innocence des enfants, tout ne se terminera pas forcément pour le mieux pour tous. Cependant, c’est le cycle éternel de la vie, fait de renaissances continuelles, qui est mis en avant de manière assez poétique par le texte comme le montage qui reste toujours doux, afin d’éviter tout traumatisme infantile. Voilà donc une belle idée de sortie familiale en perspective !