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[Playlist] Elvis Presley : 10 titres méconnus à (re)découvrir

image noir et blanc elvis presley guitare

Le 16 août dernier, nous fêtions le 40e anniversaire de la disparition du King, emporté à l’âge de 42 ans d’une crise cardiaque après des années de dépression et d’excès en tous genres. Et force est de constater qu’après tout ce temps, Elvis Presley n’a rien perdu de son aura et de son pouvoir de fascination, à tel point que, régulièrement encore, des fans prétendent qu’il aurait feint sa mort afin de se retirer dans l’anonymat. Et si le jeune homme ayant grandi à Memphis, dans le Tennessee, est devenu un mythe à lui tout seul, cela n’est pas un hasard : dans l’inconscient collectif, il représente encore l’essence de l’Amérique telle que nous l’idéalisons. Une Amérique hors du temps, avec ses diners, ses jukebox, son métissage culturel, sa piété, mais aussi son parfum de scandale. De « Love Me Tender » à « Heartbreak Hotel », en passant par « Hound Dog », « Always on My Mind » ou « The Wonder of You », les tubes de l’icône sont nombreux.

Cependant, il ne faut pas oublier qu’en dehors de la petite dizaine de morceaux qui reviennent constamment dès lors que l’on prononce son nom, Elvis Presley a enregistré pas moins de 700 titres studio de ses débuts en 1954 jusqu’à la fin de sa vie, en 1977. Les artistes à succès de l’époque étaient poussés à enregistrer constamment par leur maison de disques, d’où une abondante production, parfois difficile à retracer de manière exhaustive. En 2010, un somptueux coffret limité et numéroté, Elvis Presley: The Complete Masters Collection, fut ainsi publié par RCA, regroupant l’intégralité de ses enregistrements, présentés de manière chronologique, et complété de démos et prises alternatives inédites, ainsi que des titres live. Nous avons puisé dans cette véritable mine d’or pour en extraire 10 pépites méconnues, rarement présentées dans les innombrables compils et best-of proposés chaque année, et représentant toute la diversité du répertoire du King. Bonne écoute !

Baby Let’s Play House

Cette reprise d’un tube de 1954 d’Arthur Gunter a rapidement éclipsé l’original, moins d’un an après sa sortie. Ce pur titre rockabilly, représentatif des 50’s, est aussi le premier single d’Elvis à apparaître dans les charts nationaux : il se classe ainsi en 5e position du Billboard Country Singles en juillet 1955. A noter également que la version de l’artiste n’est pas un simple copier-coller de l’original : certaines paroles ont été modifiées, ainsi que la structure, pour un résultat plus accrocheur, dans le ton de l’époque.

Old Shep

Ce morceau est un standard de la musique country, composé en 1933 par Red Foley et Arthur Williams, et enregistré pour la première fois en 1935. Bien avant d’en proposer la reprise sur son second album Elvis en 1956, le chanteur avait déjà eu l’occasion d’interpréter le titre à deux reprises dans sa jeunesse (à 10 et à 16 ans) à l’occasion de concours, qu’il remporta à chaque fois. La première fois, il s’agissait d’ailleurs de sa toute première performance scénique. Cette ballade, reprise par de nombreux artistes au fil du temps — notamment par Johnny Cash — est assez représentative de la country « classique », avec des paroles déchirantes sur l’amitié entre un garçon et son chien, qui finira par périr.

Poor Boy

Une chanson originale cette fois-ci, attribuée au chanteur lui-même et composée pour le western musical Le cavalier du crépuscule (Love Me Tender en V.O.) en 1956, dont il était bien évidemment la star. Un titre country de nouveau, accrocheur et un brin naïf, typique de l’époque et des films du genre.

First in Line

Sans faire partie des essentiels de l’artiste, cette sympathique ballade romantique se distingue par  son ambiance, différente de ses classiques du genre. Surtout, il s’agit du premier titre écrit par Ben Weisman pour Elvis, en 1956. Le compositeur sera le collaborateur le plus prolifique de la carrière du King, puisqu’il signera pas moins de 57 chansons pour lui, dont « Got a Lot of Livin’ to Do » ou « As Long As I Have You ».

I Believe

Autre standard de la culture populaire américaine des années 50, « I Believe » a été repris par le rockeur sur son premier album de Noël, Elvis’ Christmas Album, paru en 1957. Il s’agit de l’un des nombreux, mais surtout des plus beaux exemples de titres gospels d’Elvis, très croyant et mystique. La force de son interprétation, la maîtrise évidente de sa voix et les arrangements épurés en font un incontournable, trop rarement cité.

They Remind Me Too Much of You

Faisons un petit bond dans le temps : nous sommes en 1962, et Elvis, dont le succès ne se démend toujours pas, joue dans le film Blondes, brunes ou rousses (It Happened at the World’s Fair, en V.O. !) de Norman Taurog. La rock star compose bien entendu la B.O. éponyme, qui est présentée comme son 17e album. A cette période, la plupart des disques de l’artiste sont d’ailleurs des bandes originales, de qualités diverses. Cette balade poignante, qui accompagne une séquence mélancolique de la comédie musicale, brille par sa sobriété. Le chanteur l’interprète dans un quasi-murmure, mais sans le côté crooner de « Love Me Tender » ou « Love Me », qui a fait son succès auprès des femmes.

Love Me Tonight

Une autre balade émouvante, un autre film, L’idole d’Acapulco (Fun in Acapulco en V.O.), tourné en 1963 avec Elvis Presley et Ursula Andress dans les rôles principaux. Écrit par Don Robertson, ce titre est plus typique des chansons romantiques de l’artiste, mais apparaît clairement comme l’un des meilleurs exemples du genre, curieusement oublié au sein de sa prolifique carrière…

You’re the Boss

« You’re the Boss » apparaît comme l’un des numéros du western musical Viva Las Vegas de George Sidney en 1964. La star y donne le « la » à Ann-Margret, sex-symbol de l’époque, apparue plus tard dans le trip cinématographique du groupe The Who, Tommy. Si les duos de charme associant les plus grands crooners à des stars féminines étaient monnaie courante à l’époque — Frank Sinatra était un habitué de cet exercice — ce titre malicieux, plein de séduction, est l’un des rares exemples du genre pour Elvis, qui a toujours été un artiste solo. Son duo avec Kitty White, « Crawfish », est sans doute resté plus célèbre, mais « You’re the Boss » mérite d’être redécouvert.

I Got a Feelin’ in My Body

1974. Elvis Presley n’a plus que 3 ans à vivre et, même s’il parvient encore à assurer ses concerts, sa dépendance à l’alcool et aux médicaments (qu’il obtient souvent sur ordonnance, mais en quantités astronomiques) commence à se faire ressentir sur son état de santé. Pourtant, il ne ralentit pas la cadence infernale de ses tournées, livrant des shows à grand spectacle. « I Got a Feelin’ in My Body » est un exemple brillant d’Elvis le showman, que ce soit par son rythme endiablé, les envolées enfiévrées du chanteur, ou encore les choeurs l’accompagnant. L’artiste continue à sentir l’air du temps, et, dans ce cas précis, l’influence de James Brown est clairement présente.

Hurt

1976, moins d’un an avant sa disparition. Sa maison de disques met la pression à son artiste fétiche, qui tourne toujours à un rythme d’enfer, pour enregistrer le matériel pour ses prochains albums. Mais la star, minée par son récent divorce, n’a plus vraiment de force et on devra faire venir un studio d’enregistrement chez lui pour qu’il s’acquitte enfin de sa tâche. Si cette dernière période de sa discographie est loin d’être la plus intéressante ou inspirée, « Hurt » — à ne pas confondre avec le morceau de Nine Inch Nails repris par Johnny Cash peu avant sa disparition en 2003 — est une exception, qui lui permettra d’achever sa carrière sur une note bouleversante. Loin des balades romantiques ou mélancoliques de l’artiste, cette reprise très personnelle d’un tube des années 50 de Roy Hamilton est l’une des plus poignantes performances studio d’Elvis, où la douceur est remplacée par une douleur viscérale.

Le journaliste Dave Marsh en a sans doute rajouté en écrivant de manière ô combien mélodramatique dans son essai généraliste The Heart of Rock and Soul, qu’il est « étonnant qu’il ait survécu aussi longtemps s’il ressentait ne serait-ce que la moitié de ce qu’il dégage sur cet enregistrement » (la même chose avait été avancée par rapport au clip « Hurt » de Johnny Cash par Mark Romanek), il n’en reste pas moins que cette chanson brille par son intensité et illustre de manière assez triste les derniers mois de la rock star. Elle donne aussi à voir une autre image que sa personnalité de rockeur au visage d’ange, à la voix de velours et au déhanché scandaleusement séducteur.

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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