[Critique] Kinotayo 2017 : Oh Lucy!

Caractéristiques

  • Titre : Oh Lucy!
  • Réalisateur(s) : Atsuko Hirayanagi
  • Avec : Shinobu Terajima, Kaho Minami, Josh Hartnett
  • Distributeur : Nour Films
  • Genre : Comédie dramatique
  • Pays : Japon
  • Durée : 95 minutes
  • Date de sortie : 31 janvier 2018
  • Note du critique : 8/10

Un film drôlement piquant

Présenté lors du Kinotayo 2017, douzième édition du festival du cinéma japonais contemporain, Oh Lucy! est précédé d’une réputation pour le moins flatteuse. Le premier film de la réalisatrice Atsuko Hirayanagi, et version longue d’un court métrage de fin d’études (effectuées aux États-Unis), fut présenté lors de la Semaine de la Critique, cette année à Cannes, et a emporté l’adhésion d’un grand nombre de spectateurs, à tel point que l’œuvre sera distribuée en France, en salles dès le 31 janvier 2018. Une bonne décision ? Oh, que oui…

Setsuko mène une vie solitaire et sans saveur à Tokyo entre son travail et son appartement, jusqu’à ce que sa nièce Mika la persuade de prendre sa place à des cours d’anglais très singuliers. Cette expérience agit comme un électrochoc sur Setsuko. Affublée d’une perruque blonde, elle s’appelle désormais Lucy et s’éprend de John son professeur ! Alors, quand Mika et John disparaissent, Setsuko envoie tout balader et embarque sa sœur, dans une quête qui les mène de Tokyo au Sud Californien. La folle virée des deux sœurs, qui tourne aux règlements de compte, permettra-t- elle à Setsuko de trouver l’amour ?

Si le cinéma a su s’emparer de la crise de la quarantaine chez l’homme, dans différentes tonalités, c’est un peu moins vrai avec les femmes. Pourtant, il est indéniable que certaines d’entre elles traversent, à l’occasion de cette évolution, des moments difficiles qui méritent d’être abordés. C’est le cas dans le croustillant Oh Lucy!, qui construit l’un des personnages les plus intéressants que l’on ait vu sur un écran, depuis un moment. Interprétée par l’excellente Shinobu Terajima (R100, Vibrator), Setsuko, une japonaise clairement hors normes, va trouver du réconfort dans les bras amicaux d’un américain professeur de langue. La séquence de la découverte de ce cours pas comme les autres démontre à quel point les relations distantes sont pesantes, et explosent dès qu’un grain de sable vient contrarier la mécanique plus ou moins huilée.

Naissance d’une réalisatrice à suivre

image critique oh lucy
Copyright Nour Films

Cette prise de confiance va se transformer en coup de foudre, puis Oh Lucy! débutera une sorte de road movie délicieux, bourré d’humour, parfois bien piquant. Car la réalisatrice, si elle se concentre avant tout sur le pouvoir divertissant de son scénario, ne refuse jamais un petit taquet, jamais gratuit ni marqué par une quelconque idéologie. Le film n’a rien de féministe, au fond, et si cette femme, qui donne son surnom américain au titre, se démarque autant, c’est par le réalisme de ses réactions, ou plutôt grâce à la description qui nous la rend réaliste. La deuxième partie décolle, direction Los Angeles, et le buddy movie n’est plus loin. En effet, la sœur de Setsuko (Kaho Minami, vue dans The Great Yokai War) s’engage dans l’objectif, qui devient commun. De par leurs différences fondamentales, les personnages savent renouveler l’intérêt, tout du long, en créant bien des situations cocasses, jusqu’à un final en rupture, que nous ne vous dévoilerons évidemment pas.

Oh Lucy! est l’occasion de découvrir un casting irrésistible (même si Josh Hartnett ne nous convainc pas totalement), mais aussi une réalisatrice que l’on pense promise à un bel avenir. De par son choix de garder, la plupart du temps, la caméra très près de ses personnages (à l’exception de plans d’ailleurs un peu moins réussis), Atsuko Hirayanagi fait naître une intimité précieuse, qui nous permet de coller à l’état d’esprit du personnage principal. Une décision salvatrice, tant elle permet au film de gagner en intensité dramatique, en s’éloignant de la simple comédie légère. L’œuvre est bien plus que ça, et cela aurait été dommage de ne pas en prendre conscience.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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