[Test] Metal Gear Survive : plus sympathique que redouté

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Playstation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
  • Développeur : Konami
  • Editeur : Konami
  • Date de sortie : 20 février 2018
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Un spin-off finalement digne d’intérêt

image konami jeu vidéo metal gear survive

Un peu plus de deux ans après le départ plus que mouvementé de son concepteur Hideo Kojima, l’éditeur et développeur Konami décide de faire resurgir la licence Metal Gear. L’annonce de Metal Gear Survive a été suivie d’une vague de mécontentement, voire même de protestation de la part de fans qui, un peu rapidement, s’estimaient trompés. Il est vrai que les premières images furent pour le moins perturbantes : on n’avait pas vu venir le coup des infectés, qui font rentrer la licence dans l’exploitation zombiesque encore assez à la mode. Un concept original, une figure historique qui ne participe à aucun moment au développement : il n’en fallait pas plus pour que le jeu s’accompagne d’une hype négative. Et pourtant, le jeu que l’on a découvert vaut bien mieux que ces à-priori finalement assez stupides.

Resituons un peu le contexte, ce qui a finalement peu été fait jusqu’ici. Metal Gear Survive n’est absolument pas un épisode canonique, mais un spin-off, qui s’affirme en tant que tel dès les premières secondes du jeu. On incarne un avatar dans la plus pure tradition des jeux de rôle occidentaux : le joueur a, à sa charge, le fait de le personnaliser physiquement. Ce protagoniste est évidemment accompagné d’un background, assez superficiel mais qui fait le lien avec bien des éléments de la licence. En gros, et sans spoiler, on est plongé dans la peau d’un soldat de la Mother Base, qui échappe plus ou moins au danger mortel d’un trou de verre. Seulement, des événements étranges, en lien avec cette catastrophe, vont vous forcer à être envoyés vers Dité, un monde parallèle où grandit une menace : les infectés. Notre but ? Comprendre ce phénomène, survivre et faire face à quelques rebondissements assez surprenants.

Un récit superficiel, mais pas inintéressant

Certes, l’histoire de Metal Gear Survive ne brille pas par la complexité habituelle de la licence. Mais il serait très malhonnête que de ne pas signaler l’intérêt global du récit, bien plus intéressant qu’on le redoutait. Ce sera, d’ailleurs, une constante tout au long de ce test : on aura finalement été agréablement surpris par le soin de la finition. Les fans de la série en ont pour leur argent, avec quelques petits clins d’œil à certains personnages bien connus (nous n’en écriront pas plus), et des cinématiques longues mais plutôt bien rythmées. La narration, en elle-même, n’a pas spécialement à rougir face aux différents Metal Gear Solid : l’utilisation de divers moyens de communication s’imbrique bien dans le récit, tout superficiel qu’il soit.

Ne soyons pas dupes, Metal Gear Survive c’est avant tout un concept, qui a été rehaussé par des assets déjà existants (merci le Fox Engine). Toute la sève du jeu est indiqué dans le titre, qui n’a rien de mensonger. Il va falloir survivre, dans un environnement hostile, tout en construisant une base digne de ce nom. Débutons par l’élément le plus problématique du soft : la gestion de la faim et de la soif. Un agent de la Mother Base qui meurt d’appétit toutes les cinq minutes, c’est un peu grotesque. Mais outre ce paradoxe entre la situation et le gameplay, c’est surtout l’impact direct que ça a sur le rythme qui nous gène fondamentalement. Les deux besoins vitaux sont affichés via autant de jauges, qui diminue en permanence. Et plus ça descend, plus l’écran affiche des effets sciemment gênants, pour bien vous faire comprendre qu’il faut vite manger ou boire (voire les deux à la fois). Si un des deux états atteint zéro, vous mourrez immédiatement. Sur le papier, ça peut être intéressant. Dans le jeu, on doit tout le temps penser à chasser, prendre des risques en s’administrant une eau croupie, qui peut provoquer une sorte de turista bien corsée.

Et bon appétit bien sûr !

image jeu metal gear survive ps4

Il va donc falloir très vite vous armer, afin de chasser la brebis, ou tout autre animal à faire cuire au risque, là encore, d’attraper une maladie. Le crafting est évidemment au centre de tout, et il fonctionne bien : on sent une réelle montée en puissance, après des débuts très difficiles. Metal Gear Survive est un jeu qui ne prend aucune pincettes avec le joueur, le commencement de votre périple pourra créer quelques moments de dépit. Mais la persévérance paie, et quand on commence à construire, par exemple, des parcelles de terre cultivables, la faim devient moins difficile à gérer. Pareillement, il existe un moyen de transformer l’eau croupie en fluide délicieux, mais il intervient loin dans le cheminement. Est-ce là un problème d’équilibre ? Non, au contraire : Konami a pris très au sérieux son concept, et l’a poussé à bout en refusant de placer le joueurs dans une situation confortable.

Au fur et à mesure, Metal Gear Survive dévoile tout son potentiel. On accueille de nouveaux personnages, et surtout on prend de plus en plus plaisir à défourailler de l’infecté. Si leur intelligence artificielle est très limitée, le danger que ces ennemis incarnent parvient à bien exploiter le système de combat du jeu. Celui-ci est clair, simple et efficace : les monstres ont une barre d’énergie, vous devez en venir à bout grâce à votre armement. C’est à vous d’opter pour l’approche qui sied le mieux à votre style : une lance permet de garder les furieux à distance, les armes blanches offrent plus de dégâts mais vous poussent au contact, ce qui s’avère dangereux. Aussi, le joueur peut s’aider d’une barrière, qu’il aura fabriquer préalablement. Une fois établi, ce dispositif bloque les infectés pendant un certain temps, l’occasion ou jamais de se débarrasser de véritables hordes.

La survie, pas juste une esbroufe

image plaine désolée zone des cendres jeu vidéo metal gear survive

Enfin, l’autre gros élément de Metal Gear Survive, côté gameplay, est lié à l’exploration. Dité est un lieu étrange, qu’il va vous falloir découvrir petit à petit. Premier constat que vous vous ferez : la base est entourée d’un brouillard menaçant, la zone de Cendres. Pour y survivre, il faut embarquer un masque à oxygène, et tout le nécessaire pour le faire fonctionner. Pour y avancer, vous débloquerez des points de passage, vers lesquels la téléportation sera disponible, histoire de limiter l’aspect rébarbatif de ces escapades. Bien entendu, Konami a pensé à un système de recharge d’oxygène, qui utilise la monnaie du soft (des micro-transactions sont aussi au programme, damned). Pour ce qui est des missions, on vous conseille de les mener en multi, tant c’est dans cette optique que vous crafterez les meilleurs objets. Le titre peut se parcourir en solo, mais c’est une approche qui s’avère de plus en plus difficile.

Comme on le précisait plus haut, Metal Gear Survive utilise le Fox Engine. Mais son emploi n’est pas tout le temps malin. Si la fluidité, la distance d’affichage, et la plupart des textures sont largement au niveau qu’on est en droit d’attendre, on ne peut que se questionner sur le rendu à l’intérieur de la zone de Cendres. Trop gris, délavé, ce presque no man’s land souffre de son propre concept : à force de rendre l’endroit sinistre, le visuel le devient. Quant aux compositions, elles sont l’œuvre de quatre artistes : Haruna Kubo, Takanori Kaneko, Pedro Avelar, Karin Nakano. Globalement, les mélodies se font tout à fait à-propos, et assez épiques pour accompagner des situations intenses.

Note : 14/20

On n’attendait pas du tout Metal Gear Survive à ce niveau, et c’est une bonne nouvelle. Si le jeu est n’est pas parfait, on peste encore contre ces jauges de faim et de soif, il est aussi très éloigné du naufrage trop rapidement annoncé. En choisissant d’exploiter un embranchement un peu bizarroïde, Konami ne porte pas atteinte au bébé de Hideo Kojima, et apporte assez d’idées afin de bien se démarquer. Certes, le résultat ne peut pas viser autre chose qu’un sentiment d’expérience pas tout à fait indispensable, mais au final le compteur d’heures défile joyeusement, jusqu’à atteindre plusieurs dizaine passées à tenter de survivre dans cet univers finalement agréable à explorer. Voilà le genre de surprise qu’on aime constater.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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