Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Ordinateur/PC
- Développeur : Grasshopper Manufacture
- Editeur : NIS America
- Date de sortie : 16 mars 2018
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 6/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Kamui et Suda51 reviennent nous hanter
Si vous êtes du genre gamer amateur de jeux japonais, l’évocation de Killer7, Shadows of the Damned, Lollipop Chainsaw ou encore No More Heroes a de quoi provoquer, chez vous, le grand frisson. Il faut écrire que Grasshopper Manufacture fait partie de ces studios nippons qui réussissent à capitaliser non seulement sur la qualité de ses jeux, mais aussi la personnalité de son leader. Suda51, de son vrai nom Goichi Suda, a beau ne pas tout réussir toutes ses réalisations (Killer is Dead s’est avéré une déception, par exemple), son style très pop, reconnaissable entre mille, lui permet de créer l’événement à chacune de ses sorties. Ainsi, quand NIS America sort The 25th Ward : The Silver Case, on ne peut qu’être attentif.
Replaçons tout d’abord le contexte. The 25th Ward : The Silver Case est la suite de The Silver Case, dont vous pouvez retrouver notre test. Tout comme son prédécesseur, il s’agit d’un Visual Novel, un genre typiquement japonais que l’on pourrait décrire très simplement : un livre interactif sur support vidéoludique. Il faut donc s’attendre à lire, beaucoup, vraiment beaucoup, et généralement en anglais, comme c’est le cas ici. Ce qui pourra gêner certains, mais il faut de suite préciser que ce genre d’opportunité est déjà assez incroyable, pour nous autres occidentaux, et particulièrement les européens. Sachez qu’il y a encore quelques années, ce genre de soft ne traversait jamais les océans, se cantonnait au Pays du Soleil Levant, alors remercions l’éditeur, NIS America, et d’autres courageux comme PQube, de nous permettre d’enfin mettre la main sur ces jeux.
The 25th Ward : The Silver Case prend place quelques années après les événements du précédent jeu. Cela ne nous surprendra pas, tant la fin du précédent soft nous poussait à croire qu’on n’en avait pas terminé avec ces bien intrigants personnages. Tout débute par la découverte du cadavre d’une femme, dont les causes du décès sont pour le moins énigmatiques. Le lieu de ce drame n’est pas anodin : le complexe Bayside Tower Land est situé en plein Kanto, dans le vingt-cinquième quartier. Tout de suite, les souvenirs ressurgissent pour les joueurs qui auront parcouru The Silver Case, d’ailleurs quelques personnages, comme Morishima,ou l’ignoble Kamui Uehara, feront leur grand retour. Globalement, les différents événements sont assez marquants pour que notre attention soit captée. Le tout foisonne à tel point qu’il vous faudra une petite vingtaine d’heures pour en faire le tour dans les moindres détails, moitié moins si vous vous contentez d’aller jusqu’au bout en ligne droite.
Des dialogues trop longs, mais une ambiance passionnante
Globalement, le scénario de The 25th Ward : The Silver Case sait se faire à la fois mystérieux et alléchant. On sent une certaine montée en puissance, et la personnalité de Suda51 imprègne le cheminement. Par contre, la narration est plus incertaine. Si l’on apprécie la forme, avec trois points de vue (Correction, Placebo et Matchmaker) qui se jouent les uns des autres, c’est surtout l’impression de parfois passer beaucoup trop de temps sur des futilités qui nous chagrine. En première ligne de cette retenue : les dialogues, qui ont tendance à s’allonger plus que de raison. Certes, la construction des protagonistes s’en trouve plus fouillée, mais cela a un impact direct sur le rythme, lequel a tendance à trop se suspendre, alors que le récit ne demande qu’à avancer. Vraiment dommage, car il se dégage du titre une atmosphère atypique, étrange et lancinante, qui explose lors d’un final satisfaisant.
The 25th Ward : The Silver Case est une ressortie, un remake pourrait-on écrire. La première version remonte à 2005, elle n’a connu que les honneurs d’une sortie japonaise, et se destinait à des plateformes portables inconnues en Occident : i-mode et Yahoo! Keitai. Cela remonte, donc, et Grasshopper Manufacture n’avait sûrement pas envie de voir cette version se borner au portage d’un jeu mobile vieux de treize ans, au risque de se faire emboutir par des gamers parfois légitimement méfiants. Alors, le studio a pensé à revoir le gameplay. C’est pensé pour les consoles, avec un affichage plus évident, un jet de dé pour définir les actions, et des pérégrinations en case par case assez agréables pour ne pas qu’elles dénotent. Bien entendu, s’agissant d’un Visual Novel, il ne faut pas s’attendre à des énigmes passionnantes. Cependant, elles sont assez difficiles pour tout de même faire rager, à l’occasion. Sachez, tout de même, que la mécanique la plus fréquente sera d’appuyer sur la touche pour que le dialogue défile.
The 25th Ward : The Silver Case en profite aussi pour revoir ses décors, et même le level design, rendu plus acceptable pour une expérience de salon. Sans pour autant qu’on en soit bouleversé par tant de netteté, écrivons que le soft est agréable à regarder, plus que le précédent jeu, lui aussi ressorti sur PlayStation 4 mais avec moins de soins côté technique. Comme d’habitude avec Suda51, c’est surtout la direction artistique et la réalisation qui priment, et c’est bien entendu le cas ici. L’écran est le terrain de jeu de l’artiste, qui nous sert une mise en scène pétillante, en paradoxe maitrisé d’un récit assez sombre. Enfin, les musiques signées par l’excellent Masafumi Takada (Earth Defense Force 4.1: The Shadow of New Despair, Vanquish) jouent évidemment un grand rôle dans l’alchimie de l’œuvre. Ce qu’on ne peut pas affirmer pour les voix, puisqu’elles sont absentes, et c’est bien dommage.
Note : 14/20
The 25th Ward : The Silver Case est un jeu tombé du nid, mais récupéré en plein vol par un parent attentionné. Pensé pour le téléphone portable, le voilà qui débarque sur console de salon et PC, dans une version modifiée afin de rendre l’expérience plus agréable. L’écriture des dialogues aurait gagné à être aussi repensée, tant certains passages sont bien trop longs, ralentissent le rythme qui, pourtant, ne demande qu’a accélérer. Cela atteint un peu le résultat global, mais ne doit surtout pas faire oublier les qualités du soft, nombreuses. L’histoire est bien troussée, l’ambiance digne de ce que sait faire Suda51, et le gameplay reste anecdotique mais tout de même bien repensé. Ajoutons à cela que, pour les collectionneurs, on décèle là un intérêt très puissant : une sortie en boîte, c’est miraculeux…