Caractéristiques
- Titre : Le cercle littéraire de Guernesey
- Titre original : The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society
- Réalisateur(s) : Mike Newell
- Avec : Lily James, Matthew Goode, Jessica Brown Findley, Michiel Huisman, Katherine Parkinson, Glen Powell, Penelope Wilton...
- Distributeur : StudioCanal
- Genre : Drame historique, romance
- Pays : Royaume-Uni
- Durée : 2h03
- Date de sortie : 13 juin 2018
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Une adaptation bien peu littéraire
Adapté du roman Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates de Mary-Ann Schaffow et Annie Barrows, ce nouveau film de Mike Newell (Quatre mariages et un enterrement, Donnie Brasco, Le sourire de Mona Lisa…) met en scène les aventures d’une jeune écrivaine londonienne à la mode (Lily James) qui découvre un univers d’une richesse insoupçonnée lorsqu’elle fait la connaissance d’une petite bande de campagnards ayant improvisé un club de lecture durant l’Occupation de la petite île anglo-normande de Guernesey durant la Seconde Guerre Mondiale. Débarquée sur cette île à la beauté sauvage après avoir entretenu une relation épistolaire avec l’un d’eux, Dawsey (il avait acheté son livre), elle ne tarde pas à découvrir que la bande cache un lourd secret lié à la fondatrice du club, Elizabeth (Jessica Brown Findley), qui a disparu durant la guerre et dont ils sont sans nouvelles. Touchée par leur histoire et leur souffrance, Juliet se met en tête d’exhumer le passé pour percer l’épais mystère entourant la jeune femme…
Une période historique tragique, une héroïne forte, une romance naissante, un mystère à éclaircir, et des décors romanesques : Le cercle littéraire de Guernesey avait tout pour donner lieu à un drame historique de premier ordre. Pourtant, en dépit de sa longueur, le film passe curieusement à côté de ce qui faisait la qualité du roman : l’amour des personnages pour la littérature et la vision documentée et précise de l’Occupation de l’île. Pour commencer, cette adaptation compte bien peu de scènes centrées autour de la littérature : en dehors d’une lecture dans une librairie londonienne, une scène d’échange épistolaire avec Dawsey autour du poète Charles Lamb et l’intronisation de Juliet dans le groupe des amateurs d’épluchures de patates où les personnages lisent chacun des extraits de romans, Mike Newell semble bien peu se soucier des livres et de la vie de ce club. En réalité, après ces séquences, il faudra attendre le générique de fin pour entendre le groupe se lancer dans une nouvelle réunion littéraire passionnée, tandis que les crédits défilent sur fond noir !
Convenu, mais porté par un excellent casting et des décors romanesques
Un parti pris étonnant et assez dommageable au film, qui se recentre du coup presque intégralement sur la relation Juliet-Dawsey et l’histoire d’Elizabeth, par le biais de flash-backs. Le problème avec cette seconde trame, présentée comme centrale, est qu’on nous en dit au final trop peu et que le peu que l’on voit semble assez convenu et bien peu mystérieux. Si l’histoire fonctionne globalement, l’Occupation de l’île est réduite à quelques lignes tracées à grands traits, tandis que la figure d’Elizabeth, héroïsée à travers les échanges entre les personnages, reste bien trop inconsistante pour que l’on soit véritablement touchés. Son histoire est celle de nombreuses femmes durant cette période troublée, mais la manière dont le réalisateur nous la conte manque d’ampleur et, tout simplement, de profondeur. Du coup, on n’a jamais véritablement l’impression que le fantôme d’Elizabeth pourrait véritablement planer au-dessus de Juliet et empêcher sa relation avec le mélancolique Dawsey. Résultat : il n’y a guère de suspense autour de cette romance naissante, charmante au demeurant, mais que l’on voit arriver à des kilomètres.
Malgré ces réserves, qui pourront décevoir les lecteurs du roman et frustrer de nombreux cinéphiles, Le Cercle littéraire de Guernesey n’est pas non plus un échec sans appel. Quoique imparfait, ce drame historique possède un charme certain, à commencer par son casting de grande qualité. Découverte dans Downtown Abbey, Lily James (Cendrillon, Baby Driver, Les heures sombres…) est charismatique à souhait, et sa sensibilité, son humour et son abattage font des merveilles : elle fait de Juliet un personnage lumineux et pétillant, auquel on s’attache immédiatement. De même, Penelope Wilton apporte au rôle de la vieille femme faussement acariâtre Amelia une profondeur certaine, qui nous la rend bien plus touchante qu’Elizabeth elle-même. Quant à l’histoire entre le ténébreux Dawsey (Michiel Huisman, vu dans Game of Thrones) et Juliet la passionnée, si elle demeure cousue de fil blanc, elle se laisse suivre avec un certain plaisir pour peu que l’on soit un peu fleur bleue.
Il faut dire que les décors enchanteurs de Guernesey aident beaucoup : on n’aurait pu rêver cadre plus romanesque pour un drame historique ! Les landes, l’océan, la ferme, un hôtel de charme appellent à l’évasion et à la rêverie, si bien que l’on se laisse finalement charmer par ce divertissement, certes mal équilibré, mais qui se laisse regarder. Il n’empêche que le générique de fin nous fait amèrement regretter de ne pas avoir pu assister à davantage de réunions de ce club littéraire pas comme les autres : ce petit aperçu, ainsi que la longue scène à l’intérieur du film, font partie des moments les plus drôles et attachants du film de Mike Newell.