Caractéristiques
- Titre : La prophétie de l'horloge
- Titre original : The with a Clock in Its Walls
- Réalisateur(s) : Eli Roth
- Avec : Jack Black, Cate Blanchett, Owen Vaccaro, Kyle MacLachlan, Renée Elise Goldsberry, Sunny Suljic, Lorenza Izzo...
- Distributeur : Universal Pictures International
- Genre : Famille, Fantastique
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 1h44
- Date de sortie : 26 septembre 2018
- Note du critique : 4/10 par 1 critique
Un film d’Halloween pour enfants…
A travers ce film familial gentiment horrifique, Universal Pictures entend renouer avec l’esprit des productions des années 90 telles que Hocus Pocus ou Jumanji, capables de divertir enfants et adultes tout en faisant doucement frissonner les plus jeunes, le tout avec une sacrée dose d’imagination, de magie et d’humour. Et, de ce côté-là, le roman éponyme de John Bellairs, premier d’une série de 12 tomes paru en 1973, avait de sérieux atouts, à commencer par une réputation élogieuse et des illustrations du grand Edward Gorey, artiste au style gothique ayant inspiré, notamment, Tim Burton. Avec une sortie programmée fin septembre, à seulement un mois d’Halloween, le film d’Eli Roth (qui, pour une fois, réalise une oeuvre tous publics) s’annonçait ainsi comme une comédie fantastique idéale pour fêter le début de l’automne en famille.
Hélas ! Malgré ses bonnes intentions et un casting de qualité, La prophétie de l’horloge ne parvient pas à tenir pleinement ses promesses, en faisant un rendez-vous manqué — au moins pour un public adulte. Ainsi, la thématique, pourtant centrale à la compréhension des motivations du méchant, de la capacité de chacun à surmonter ses traumatismes (qu’ils soient liés à la petite ou la grande histoire), n’est pas suffisamment mise en avant, ce qui crée un déséquilibre certain : l’intrigue perd ainsi en force et en efficacité, et le bad guy incarné par le toujours très charismatique Kyle MacLachlan, n’est du coup pas aussi mémorable ou terrifiant qu’il aurait dû l’être. Pire, lorsque sa motivation pour semer le chaos est révélée, à la fin, l’explication donne l’impression de tomber comme un cheveu sur la soupe puisque nous n’avons pas eu, auparavant, l’occasion d’éprouver ces desseins, faute de développement et de présence suffisante du personnage à l’écran.
… au récit mal géré malgré quelques belles trouvailles
En réalité, la majeure partie du temps, Eli Roth se complaît à s’intéresser au décorum de la maison, personnage à part entière du film, tout en restant concentré sur le statut de marginal de son jeune héros, Lewis Barnavelt (Owen Vaccaro), qui vient de perdre ses parents dans des circonstances tragiques et vient habiter chez son oncle maternel (Jack Black), qu’il n’a jamais rencontré et se révèle être un étonnant magicien. Alors certes, encourager l’identification du jeune public au héros est essentiel, mais, même si la première moitié du film ne manque pas de qualités, le réalisateur s’attarde souvent bien trop sur des petites choses rigolotes qui, mises bout à bout, prennent beaucoup de temps et ne font pas nécessairement avancer le récit, ce qui, pour un métrage d’1h40, est un vrai problème.
Côté qualités justement, on saluera la manière dont Roth met en scène la découverte de la maison, et plus particulièrement dont il suggère la présence de la magie en jouant sur le flou et le hors-champ. Ainsi, Lewis pressent assez vite que quelque chose se passe dans cette maison, mais sans vraiment arriver à mettre le doigt dessus dans un premier temps. Et pour cause : tableaux et objets bougent dès qu’il a le dos tourné. Plutôt que d’en faire des tonnes, le réalisateur a eu la bonne idée de faire bouger tout doucement le bateau sur le vitrail derrière l’enfant tandis que, dans le même temps, celui-ci regarde dans la direction opposée. De la manière dont le point est fait dans le plan, ce mouvement est presque imperceptible, et donne la même impression que l’on aurait en voyant quelque chose s’agiter légèrement à la périphérie de notre champ de vision.
Ce côté “aperçu du coin de l’oeil” fonctionne très bien lors de cette scène, et il est d’autant plus dommage que, par la suite, Eli Roth sorte l’artillerie lourde avec des effets spéciaux pas forcément toujours très fins, et un humour tombant dans le pipi-caca sur la fin. Même la bataille contre les citrouilles d’Halloween n’est au final pas aussi mémorable qu’elle aurait pu l’être.
Pour le dire clairement : La prophétie de l’horloge fonctionnera sans doute très bien sur les enfants de 8 ans et jusqu’à 10 ans maximum, mais aura le plus grand mal à passionner au-delà, malgré la toujours très bonne interprétation de Cate Blanchett (Ocean’s 8, Carol, L’étrange histoire de Benjamin Button…), et un Jack Black assez sympathique dans l’ensemble, si l’on excepte un certain surjeu dans la seconde moitié du film. Reste une oeuvre, à mi-chemin entre le film de maison hantée et le film d’Halloween, qui devrait divertir le jeune public pendant que les parents piquent du nez. C’est toujours ça de pris.