Caractéristiques
- Titre : Overlord
- Réalisateur(s) : Julius Avery
- Avec : Jovan Adepo, Wyatt Russiell, Mathilde Ollivier, Pilou Asbaek
- Distributeur : Paramount Pictures
- Genre : Horreur
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 110 minutes
- Date de sortie : 21 novembre 2018
- Note du critique : 4/10 par 1 critique
Le Frankenstein Army du pauvre
Constamment, on se dit qu’on ne se fera pas avoir par la nouvelle hype. Et constamment, on se fait tout de même avoir. Si vous vous reconnaissez dans cette affirmation, sachez que vous n’êtes pas seuls, et pourtant cela ne modifie en rien le constat. Le dernier dossier en date vise Overlord, que nous abordons dans cet article. Des critiques américaines dithyrambiques. Une place de choix dans la programmation du Comic Con 2018. Des fans qui parlent de renouveau de l’horreur. Et voilà qu’on se laisse embarquer. Seulement, on avait oublié de vérifier les noms figurants au générique. Parmi eux, un certain J. J. Abrams, à la production, car n’oublions pas que le long métrage a failli faire partie de l’univers Cloverfield. Damned.
Si l’envie de découvrir Overlord était si puissante, c’est tout de même avant tout grâce à son pitch. Des salops de nazis, des expériences biologiques, de l’action horrifique et sanglante : voilà qui nous promettait au moins une bonne série B. On s’intéresse à une troupe de militaires américains, envoyée sur le sol français quelques heures avant le débarquement en Normandie. L’objectif : détruire une tour radio allemande, disposée sur l’Église d’un village. Ce qui devait être une mission certes dangereuse mais bien verrouillée va évoluer, quand ces hommes vont se rendre compte que les nazis sur place mènent des expériences plus que troublantes…
Comme souvent (tout le temps ?) avec J. J. Abrams, que ce soit à la production ou à la réalisation, la promesse est plus belle que l’exécution. Overlord habille bien cet état des lieux, tant le potentiel créé l’engouement, avant que celui-ci ne se ramasse comme un soufflé au fromage percé. On rentre plutôt bien dans le film, et assez rapidement. On a droit à une séquence aérienne plus que mouvementée et, même si la réalisation, assurée par Julius Avery, aurait tout aussi pu être signée par une victime de la maladie de Parkinson, le spectacle s’avère tout de même réjouissant. Une fois les pieds sur Terre, Ed (brillant Jovan Adepo) et ses collègues doivent approcher de leur cible sans attirer l’attention. Là, la caméra gagne en stabilité, on a même droit à une lumière très travaillée. Tout se passe relativement bien.
Tout ça pour ça…
L’intervention du fantastique pourra aussi encourager. Overlord joue grossièrement avec les attentes du spectateur, mais l’effet est fonctionnel. La troupe rencontre Chloé, la femme forte du film (sous les traits de la quelconque Mathilde Ollivier), un archétype désormais indispensable pour ne pas heurter la sensibilité des fondamentalistes féministes. Sa caractérisation ne pourra que faire rire dans les chaumières : après des études de vétérinaire, la jeune fille est victime de la guerre. Jusque là, rien de bien drôle, mais attendez. Heureusement, elle va tomber sur un fusil, défoncer du nazi à tour de bras, et même faire jeu égal, en terme de force, avec un monstre dont on nous explique que la puissance est décuplée. On appelle ça le syndrome The Predator. Bon, on doit bien écrire que, de toutes façons, la tonalité du film tourne très vite à l’inoffensive gaudriole sanglante, donc on peut aussi prendre ce personnage pour ce qu’il est : le témoignage ultime de cette affirmation.
Passé la découverte du village, Overlord se noie dans ses prétentions. On nous parle de plans machiavéliques, à dimension mondiale. On obtiendra un point culminant grotesque, dans une cave secrète. Entre l’annonce mensongère et la situation finale, on navigue de déceptions en déceptions. On retiendra tout de même une petite ambiance à la limite du Re-Animator de Stuart Gordon, il suffit de colorer le fameux liquide en rouge : le tour est joué. Autre satisfaction, le casting reste convaincant, notamment un excellent Pilou Asbaek en antagoniste féroce. Seulement, le reste ne suit pas, surtout du côté des monstruosités, décevantes au possible. Si le combat final pourra arracher un petit sourire, de par sa propension à utiliser la problématique pour accoucher d’une situation vaguement fun, on est sidéré devant le manque d’inventivité de l’ensemble. Dans le même genre, Frankenstein Army, avec bien moins de budget et sans inénarrable J. J. Abrams pour assurer la hype, fait bien mieux. Don’t believe the…