Caractéristiques
- Titre : My Beautiful Boy
- Titre original : Beautiful Boy
- Réalisateur(s) : Felix van Groeningen
- Avec : Steve Carell, Timothée Chalamet, Maura Tierney...
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Genre : Drame, Biopic
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 2h
- Date de sortie : 6 février 2019
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Steve Carell et Timothée Chalamet impressionnent
Après trois premiers longs-métrages dans sa Belgique natale, Felix van Groeningen nous revient cette fois-ci avec My Beautiful Boy, projet entièrement réalisé aux Etats-Unis avec une équipe américaine. Adaptation des mémoires de David et Nic Sheff, Beautiful Boy : A father’s journey through his son’s addiction, le film est porté de manière ô combien impressionnante par un Steve Carell décidément à l’aise dans le drame, et un Timothée Chalamet qui n’en finit par de nous surprendre. L’histoire est celle d’un père journaliste au New York Times, remarié et également père de deux jeunes enfants, qui se retrouve démuni face à l’addiction de son fils au crystal meth, drogue dans laquelle il sombre dès ses 12 ans.
D’espoirs en rechutes, mensonges et peur de voir son enfant disparaître prématurément, My Beautiful Boy se présente comme un véritable parcours du combattant, dans un ton plus brut (mais assez proche dans le fond) que le récent Ben is Back avec Julia Roberts. Si l’on voit et entend bien entendu la souffrance du jeune Nic, c’est à travers le regard du parent que l’addiction est traitée ici : tout ce que l’adolescent est incapable de voir, les dommages collatéraux en quelque sorte, ressortent d’autant plus vivement que le comportement de Nic demeure imprévisible pour les siens. Ainsi, alors qu’il semble durablement sevré, la rechute apparaît de manière brutale, laissant son père impuissant et découragé. Interprétant pour la deuxième fois de sa carrière un père courage après Last Flag Flying, Steve Carell saisit ce rôle à bras-le-corps et sait rester sobre, faisant preuve d’une justesse de chaque instant tandis que Timothée Chalamet, frêle et torturé, ne tombe jamais dans le piège du cabotinage.
L’enfer de l’addiction : un long chemin de croix vers la guérison
Sur la forme, My Beautiful Boy est un patchwork, à l’image de cette vie familiale qui vole en éclats sous le coup de l’addiction : présent et passé se mêlent avec habileté, pour un résultat poignant sans jamais être larmoyant. Le film est trop dur, trop brut de décoffrage pour céder à la tentation des larmes, et, de toute manière, David Sheff n’en a pas le temps : il est toujours en train de tenter d’anticiper les moindres faits et gestes de son fils, qui, prisonnier de son addiction, a toujours un coup d’avance sur lui, et cela se ressent dans la tonalité générale de l’ensemble. Au final, on ne peut être que touchés par l’amour et le dévouement de ce père qui doit essayer de se faire violence pour ne pas perdre le cap et entraver la guérison de son fils, de même que l’on se sent touchés par la souffrance de ce dernier, qui tente tant bien que mal de rester clean mais ne parvient guère à repousser les tentations.
La seule petite réserve quant à la structure est qu’il manque peut-être une progression plus claire et marquée au niveau de l’intrigue. En l’état, on a l’impression d’assister à une suite de moments de crises, de rémission et de rechutes (ce qui est à n’en pas douter fidèle à la réalité), mais la dernière partie, où l’on assiste à la dernière grosse crise de l’adolescent avant sa réelle rémission aurait peut-être mérité d’être davantage soulignée. Cela ne retire néanmoins aucunement ses qualités au film, globalement très fort.
On a presque l’impression d’assister à un chemin de croix, rempli d’étapes cruciales aussi bien pour le père que le fils, et où la tentation de crier victoire trop tôt pourrait entraîner une dangereuse dégringolade. Pourtant, malgré la noirceur des situations dépeintes, My Beautiful Boy est également un film tendre et vivant, très sensoriel, quoique de manière plus subtile que dans les précédents films du réalisateur. Nic est un jeune homme qui n’aspire qu’à la vie et à se sentir en vie malgré ses démons, et la réalisation de Felix van Groeningen retranscrit parfaitement ce sentiment à plusieurs reprises, à l’aide de plans en apparence très simples, mais pertinents. De sorte que ce 4e long-métrage est une ode à la résilience et à la vie d’autant plus puissante qu’elle sait rester dans la retenue. Une leçon de vie à découvrir, en prenant bien soin de rester pendant le générique, dans lequel Timothée Chalamet lit un extrait des mémoires écrit par Nic Sheff.