[Test] Days Gone : un résultat agréablement surprenant

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
  • Développeur : SIE Bend Studio
  • Editeur : Sony Interactive Entertainment
  • Date de sortie : 26 avril 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Deacon n’a pas déconné

image gameplay days gone
Le mode photo permet de bien prendre conscience du travail effectué.

Pouvoir poser les mains sur Days Gone, c’est déjà le résultat d’une sacrée aventure. Si le jeu est, aujourd’hui, précédé d’une belle couverture promotionnelle, et si ses séquences de gameplay furent observées très attentivement depuis quelques mois, il ne faut pas oublier d’où vient ce soft. Celui-ci est le dernier bébé en date de SIE Bend Studio, un nom qui parlera surtout aux amateurs de jeux portables. Car, depuis quelques années, ces développeurs se sont surtout fait remarquer pour leurs travaux sur PSP et Vita, sur de grandes licences comme Uncharted ou Resistance. Mais les lus pointus d’entre vous réagiront encore plus à l’évocation de temps plus anciens. Car ce studio n’est pas né d’hier et fut autrefois, avant son rachat par Sony Interactive Entertainment (God Of War, Spider Man), nommé Eidetic. Et là, nul doute que les plus connaisseurs hurleront, à raison : « Syphon Filter », licence bien connue des amateurs d’infiltration. Et c’est cette équipe que l’on retrouve aujourd’hui, exclusivement sur PlayStation 4.

SIE Bend Studio n’est, donc, pas une entité sortie de nulle part. Et la surprise n’en fut que plus grande, lors de l’E3 2016, quand il fut temps de présenter Days Gone aux yeux du monde. On découvrait, dans cette phase de démonstration, plutôt une note d’intention en fait, ce que l’expérience allait nous proposer. On y voyait un motard, vêtu de son cuir, faire face à une horde d’infestés qui réduit celles de The Walking Dead au rang de réunions pour bal musette. Cette vidéo a fait grand bruit et, depuis, la communication autour du soft s’est un peu tassée. On aura même eu droit à un petit report de quelques semaines, afin d’accorder à l’équipe de développement du temps pour polir leur travail. Au-delà de cet aléa, il faut bien écrire que voir un tout nouveau titre, dans une industrie qui mise beaucoup sur les suites de jeux à succès, a quelque chose d’encourageant. Il ne fallait plus qu’un résultat à la hauteur des attentes…

Ne le qualifiez pas de jeu de zombis

image jeu playstation 4 days gone
Ce têtard va prendre très cher.

On va de suite faire cesser le suspens : Days Gone n’appartient pas à la vague de jeux de zombis sortis récemment. Il n’a rien à voir avec l’excellent remake de Resident Evil 2, par exemple. Le soft de SIE Bend Studio se présente sous un jour assez classique : il s’agit d’un monde ouvert, et quelques mécaniques viennent lui donner de la personnalité. Le joueur incarne Deacon St. John, un biker de l’ancien temps, désormais drifter dans cet univers post-apocalyptique. Deux ans avant les évènements que le jeu nous invite à vivre, une épidémie foudroyante a eu raison d’une grande partie de l’humanité, la faisant muter en infestés dangereusement carnivores. Dans ce monde en décrépitude, dans lequel ne survivent que les plus forts, notre avatar erre sur les routes, chassant des primes avec son ami Boozer. Mais sans sa femme, Sarah, disparue tragiquement. L’action se situe au Nord-Ouest des États-Unis, dans des décors très naturels mais parsemés de vestiges de notre civilisation, de voitures abandonnées, ce qui termine d’installer une ambiance plus triste que morbide, ce qui commence déjà à installer une certaine personnalité à l’ensemble.

Une moto, des camps de survivants comme autant de réfugiés, une menace globale et une trame scénaristique qui vous fera voir du pays. Days Gone peut compter sur des bases solides pour, ensuite, tricoter ses revendications auteurisantes. Car, sans conteste, ce jeu se démarque des autres par des objectifs qui cherchent surtout à remuer le joueur. Cela ne signifie en rien que le résultat n’est pas fun, mais force est de constater que le scénariste, John Garvin, a cherché à prendre les attentes des gamers à contrepied. Si vous vous attendiez à une grande aventure épique, vous serez surpris par la tonalité des aventures de Deacon St. John. Ici, nulle question de sauver l’humanité, mais plutôt d’épouser un point de vue très personnel, qui colle au personnage et non à ce qui l’entoure. Si l’on doit re-citer The Walking Dead, c’est justement pour ce point commun : ici, l’humain est au centre de tout, ce qui nous a agréablement surpris, et ce malgré quelques poussées très typiques des campus américains, si vous voyez ce qu’on veut dire. Cela reste supportable, mais c’est à noter : le politiquement correct est de rigueur.

Une moto comme meilleure amie

image moto days gone
Un conseil, ne coupez pas le contact…

On vous promet de ne rien dévoiler d’important concernant l’intrigue de Days Gone. Car il faut être conscient que l’emballage scénaristique, ce voyage qui nous est proposé, fait partie des grandes forces du soft. Le titre en a d’autres, notamment dans une partie de son gameplay. Ce futur étant désolé au possible, la meilleure façon de se déplacer est la moto. Quoi de mieux pour un biker comme Deacon ? Seulement les premières minutes de jeu vont s’avérer bien cruelles pour lui : le voilà obligé de reconstituer sa bécane, tout en veillant sur son pote (très) mal en point. La deux roues est une véritable satisfaction. Elle est la garante de l’esprit post-apocalyptique du jeu, ce qui nous fait prendre conscience de la nécessité de prendre soin de ce qu’on possède pour survivre. *d’ailleurs, ce n’est pas un hasard si c’est elle qui habite l’écran-titre, changeant au fur et à mesure de ses améliorations. Sans trop en faire, sans nous imposer des réflexes non-naturels, SIE Bend Studio parvient à nous la rendre essentielle. Le tas de ferraille qu’on récupère est évolutif, et chaque camp nous proposera des pièces d’amélioration, contre de l’argent, pour peu qu’on ait atteint le bon stade de confiance des lieux. Aussi, et comme dans le sous-coté Mad Max, il va falloir faire attention à l’essence et aux dégâts. Surveillez en permanence ces deux jauges, car tomber en rade à proximité d’une horde n’est pas quelques chose que l’on vous souhaite.

La conduite de la moto se fait aussi fortement agréable. Afin d’économiser de l’essence, on devra tirer profit des reliefs de ces lieux escarpés que vous pratiquerez. Laissez donc l’accélérateur tranquille quand vous dévalez une pente. On pourra aussi avoir recours au voyage automatique, mais cela consomme plus de carburant que nécessaire. Entre nous, on a pris tellement de plaisir à la conduite que, finalement, on a bien peu utilisé cette option. Et autour de cette moto alors, que se passe-t-il ? Les territoires traversés n’ont rien de la petite ville coquette et provinciale que l’on pourrait s’imaginer dans cette région des États-Unis. Les infestés pullulent, et ils forment une autre satisfaction. On apprécie leur organisation, leurs spécificités, et leur côté imprévisible. Days Gone s’appuie sur eux pour justifier le cycle du jour et de la nuit. Dans le premier, ces satanés ennemis se font moins nombreux, ils dorment, se replient dans des grottes où ils pullulent. La nuit, ils sortent en nombre, et hantent les différents environnements. Du coup, n’hésitez pas à faire dormir votre avatar, afin d’instaurer un rythme diurne autant que possible. Aussi, les conditions climatiques ne sont pas que jolies à regarder, elles ont un impact direct sur les réactions des ennemis. Sous la pluie, les adversaires humains ont tendance à se positionner de sorte que leur visibilité soit privilégiée, ce qui ajoute à l’impression de se confronter à une opposition à prendre au sérieux.

La menace est partout, tout le temps

image primes days gone
Choisissez bien où vendre les oreilles d’infectés, ça rapporte de l’argent et de la réputation.

Dans Days Gone, vous vous rendrez compte que l’ennemi le plus tenace n’est peut-être pas l’infesté. Si l’humain et le monstre partagent une propension à la pluralité, avec d’un côté grouilleurs, têtards, beuglardes, de l’autre des anarchistes ou ces fichus rippers, les deux se feront une joie de vous envoyer ad padres. Pour prendre les devants, vous aurez différentes possibilités, mais on pourra les résumer à deux voies : la discrétion et la puissance. Ici, on est un peu plus partagé, car la première solution peut paraître trop aisée, du fait d’un champ de réaction pour le moins permissif. On comprend SIE Ben Studio sur cette décision, cela rend plus supportable certaines missions qui proposent du challenge, notamment dans le dernier tiers de l’aventure. Les mécaniques restent très classiques, mais aussi ultra efficaces : on s’accroupit dans des hautes herbes, on déclenche une élimination contextuelle en atteignant l’adversaire dans le dos. C’est du déjà-vu, mais cela fonctionne. Si vous vous faites repérer, il restera la méthode dure, à coups de bastos et de batte de baseball cloutée. On vise, on tire, on fait appel à une capacité de concentration pour mieux viser le headshot. Là encore, rien de bien nouveau, mais le studio de développement s’est attaché à nous rendre l’exercice le plus savoureux possible. On sent bien l’impact des armes, on calcule chaque tir, et le joueur devra apprendre à faire avec une certaine imprécision, du moins au début. Car si Deacon a fait l’armée, il n’est pas Rambo non plus. Heureusement, les compétences sont là pour perfectionner tout ça.

Days Gone est un monde ouvert dans lequel votre avatar va évoluer. Il ne sera pas aussi gauche tout du long, et même sa moto va gagner en puissance. C’est une autre satisfaction : on apprécie cette courbe de progression. Plus vous tuerez d’ennemis, ou remplirez des missions, plus vous accumulerez de l’expérience. Et chaque niveau gagné est l’occasion d’accorder un point de compétence dans l’un des trois arbres disponibles : arme de proximité, arme à feu et exploration. De quoi permettre à votre avatar de devenir, en fin de jeu, pas loin d’un Gros Bill. Pas loin, car l’équilibre du soft se devait d’être sauvegardé : il faut que l’on se sente en perpétuel danger, et c’est bien le cas. Quand on devient plus puissant, et que l’on commence à un peu trop rouler sur l’adversité, le jeu accueille une (ou plusieurs…) nouveauté afin de bien nous ramener à notre statut de survivant. C’est surtout vrai dans la dernière partie du cheminement, lequel se divise en trois partie distinctes, pour autant de régions à traverser. Autant vous dire que vous aurez de quoi faire dans ces contrées, entre les nids à bruler, les entrées de codex à dénicher, et autres missions secondaires qui se comptent par dizaines. On est venu à bout de notre expérience en quarante bonnes heures, sans pour autant atteindre le 100%, c’est dire si la durée de vie figure, elle aussi, au rayon des éléments positifs.

Quelques anicroches, tout de même

image jeu days gone
N’essayez même pas d’aborder une horde sans connaître parfaitement les alentours.

Et les hordes alors ? Grande star de la présentation de 2016, ce phénomène bien connu des fans de World War Z (dont l’adaptation vidéoludique vient de sortir, quel calendrier !) nous a posé quelques soucis. Si l’intention est bonne, l’expérience, manette en mains, s’avère délicate. Il faut bien comprendre que si la majorité de l’expérience Days Gone est d’une difficulté largement abordable, se frotter à ces immenses meutes d’infestés fait bondir le challenge. Ces phases tiennent une partie de leurs promesses, dans le sens où l’on se sent en danger constant, et la moindre erreur se paie cash. Aussi, avant de vous frotter à une horde, assurez vous surtout de bien connaître les lieux qui vous entourent. C’est la clé du succès, car le level design est pensé pour vous aider un peu : endroits étroits, objets à exploser. Si vous êtes bien préparés, vous finirez par remporter la victoire, mais non sans payer le prix d’un stress gratiné. Le scénario vous en opposera une ou deux, à un stade très avancé de l’histoire, mais que les joueurs les moins enclins à se surpasser (et à souffrir) se rassurent : SIE Bend Studio a pensé à vous, et au bout de quelques échecs il vous sera possible de passer ces phases. Ne vous restera plus qu’à ramasser les oreilles de grouilleurs, afin de les rapporter au camp de votre choix. Cette récupération, ainsi que la viande d’animaux que vous pourrez chasser, vous accordera de la confiance, et cette dernière vous ouvre les portes d’un armement plus honorable, ou de nouvelles pièces de moto.

On attendait Days Gone au tournant côté technique. Et là, le constat est moins idyllique. Nous avons testé le jeu sur une PlayStation 4 standard, et les baisses de framerate sont assez nombreuses. Le patch day one règle une grande quantité de soucis, mais il reste des bugs, des textures qui tardent à s’afficher. Aussi, les temps de chargement s’avèrent longs, surtout celui qui lance la partie. Au-delà de ces retenues, on est sous le charme de la direction artistique, très sombre, qui souligne idéalement la tonalité de l’histoire. Les conditions climatiques se révèlent bluffantes, la neige tombe et s’installe petit à petit, c’est réussit. La pluie et le vent balayent la nature, et les différentes animations restent plus que correctes. L’ambiance sonore se déguste au casque, avec des bruitages d’infestés bien glauques. Par contre, Deacon a tendance à trop hurler à notre goût, ce qui créé des situations rocambolesques au possible. Mais bon, l’entendre vociférer « foutus anarchistes » a quelques chose de hautement sympathique. Enfin, la musique, signée Nathan Whitehead (Gears of War 3, Epic Mickey), nous a totalement convaincu. Son thème principal, qui déploie un véritable sentiment de solitude, ses musiques de combat terriblement prenantes : voilà une bande originale qui restera en mémoire.

Note : 16/20

Alors qu’on n’en attendait pas grand chose, Days Gone est parvenu à nous séduire, et atteint le stade de bonne exclusivité pour la PlaysStation 4. Certes, tout n’est pas parfait, notamment du côté de la technique, mais le jeu de SIE Bend Studio parvient à trouver sa propre voie. Alors même que le genre dans lequel il s’inscrit est sacrément usité de nos jours. Son ambiance pesante, son impression de solitude face à un monde en voie d’extinction, l’organisation des infestés, tout cela a su nous charmer pendant les quarante heures de notre test. Grosse aventure donc, qui comprend bien des surprises que nous n’avons pu aborder ici, sous peine de vous dévoiler des éléments scénaristiques pour le moins importants. Voilà un soft qui a plus de fond que ce qu’on pouvait espérer, et c’est une agréable surprise.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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