Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Ordinateur/PC
- Xbox One
- Nintendo Switch
- Développeur : BTF GmbH
- Editeur : Headup Games, Just For Games
- Date de sortie : 17 avril 2019
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- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Un Point and click visuellement bluffant
Malgré des à-priori évidemment trompeurs, force est de constater que le genre du Point and click a récemment su se renouveler. Il suffit de se pencher sur le cas de Telltale Games, pour comprendre que certains développeurs n’ont pas abandonné ce genre qui fut roi, pendant les années 1990 et la domination de LucasArts. Un style à la relance donc, mais aussi emprisonné dans son classicisme, car les fans absolus de ces softs sont clairement de grands nostalgiques, qui sautent sur la moindre nouvelle édition d’un Full Throttle. Ainsi, on a aussi vu apparaître une véritable salve de titres plus prudents sur les mécaniques, comme la série des Deponia, que l’on abordera prochainement. Trüberbrook appartient à cette dernière catégorie, et enrobe le tout de qualités visuelles fortes.
L’histoire de Trüberbrook prend place dans le village allemand du même nom, pendant l’année 1967. Nous allons vite faire la connaissance de deux personnages : Hans Tannhauser, un physicien dans le domaine quantique, et Gretchen, anthropologue coincée dans les parages à cause d’une moto en bien mauvais état. Le premier sera l’avatar pendant la majeure partie du temps. Il rejoint l’endroit suite à un concours gagné par le plus grand des hasards, ayant comme récompense un séjour dans l’hôtel de Trüberbrook. L’occasion rêvée pour souffler un peu ? Que nenni ! Dès la première nuit, alors que les éléments se déchainent au dehors, une mystérieuse silhouette se glisse dans la chambre de notre scientifique très maladroit, et lui dérobe ses notes. Ni une, ni deux, vous vous mettez en quête de vos précieux écrits, ce qui vous poussera à mener l’enquête au sujet du passé troublé du village.
Le scénario de Trüberbrook est fondé sur deux hommages importants. L’un nous mène vers le jeu vidéo, et plus précisément les Point and click signés LucasArts. On en retrouve, ici, une bonne partie de la saveur absurde, que ce soit dans les dialogues ou le cheminement des énigmes. Caler une table, faire descendre un renard, qu’un vieil homme prend pour son chat, d’un arbre, utiliser deux cintres pour s’accrocher à un téléphérique (pour ne citer que les premières épreuves), tout cela est de l’ordre du nonsensique, de cette sensation d’illogisme rigolard qui transpirait de chefs-d’œuvre comme Monkey Island. L’autre référence indéniable nous mène vers la série télévisée, et plus particulièrement Twin Peaks. D’ailleurs, on avait un peu peur que ce soit trop présent, téléphoné à outrance. Mais il n’en est rien, et le récit parvient à vivre de lui-même, tout en nous assurant quelques clins d’œil complices, comme cette Gretchen qui n’aime ni le café, ni la tarte à la cerise.
Des mécaniques classiques mais très soignées
Le cheminement de Trüberbrook est cependant un peu trop rapide à notre goût. La durée de vie n’excède pas les cinq heures, et ce en prenant en compte quelques petits blocages face à des énigmes plus ou moins corsées. C’est dommage, car on se prend assez vite au jeu, et ce grâce à un gameplay sans aucune volonté d’innover, mais exemplaire par son envie de bien s’adapter à la prise en mains sur consoles. La principale difficulté, dans le Point and click, c’est la lisibilité. Car ce style de jeu est surtout idéal quand le joueur est à proximité de son écran, ce qui en fait un genre particulièrement idoine pour une jouabilité sur PC. Si l’on ajoute la nervosité de la souris, pour mieux pointer, il n’y a plus débat. Cependant, le studio allemand BTF GmbH est parvenu à fignoler une recette satisfaisante, qui allie rapidité de la prise de décision et bonne lecture des éléments importants.
D’une simple pression de gâchette, on voit s’inscrire les points d’intérêt, il ne reste plus qu’à les rejoindre avec le curseur. Une fois l’opération effectuée, une roue des choix apparaît, et les options possibles sont de suite mises en avant. On peut observer, parler, agir, ou utiliser un objet. On sent bien que les développeurs de Trüberbrook se sont attachés à rendre le plus solide possible les fondations même d’un Point and click. Certes, les amateurs d’originalités en seront pour leurs frais, mais même eux ne pourront que reconnaître la belle maitrise du résultat. On émet tout de même un bémol : l’aspect très rudimentaire de l’inventaire. Et, plus globalement, le caractère très sec de l’expérience, qui ne propose pas de descriptions des objets, ni de détails sur l’univers par le biais d’un carnet de route.
Trüberbrook peut compter sur une direction artistique atypique, et splendide, pour se démarquer. C’est même la grande qualité du jeu, tant l’idée et le soin pour l’appliquer forment un sans-faute. Pour faire simple, BTF GmbH s’est appuyé sur des décors miniaturisés, fabriqués à la main, et éclairés en studio. La voilà la grande originalité du titre, car le rendu est à la fois bluffant et surprenant. Tout cela nous rappellera un peu L’Île aux Chiens, et cette forte personnalité ne quitte jamais le soft. Quant à l’ambiance sonore, dirigée par Sebastian Nagel et Albrecht Schrader, elle est à l’avenant. Les doublages, proposés en anglais ou en allemand, s’avèrent d’une qualité supérieure, avec une bonne application sur les accents. Aussi, les musiques accompagnent efficacement l’ambiance étrange du titre. Signalons ici que le soft est entièrement sous-titré en français. Une bonne chose, même si l’on remarque beaucoup d’approximations, de coquilles et de conjugaisons hasardeuses.
Note : 15/20
Trüberbrook est une sortie importante pour tout amateur de Point and click qui se respecte. Son univers, qui multiplie les références sans pour autant ne jamais brider sa propre personnalité, est une véritable réussite. Si l’on émet quelques petites réserves, notamment au sujet de la durée de vie et de la qualité des sous-titres français, il est indéniable que nous avons pris beaucoup de plaisir à parcourir ce jeu. Et ce grâce à des mécaniques ultra-classiques, mais rendues efficaces par une volonté de les soigner du mieux possible. Voilà l’exemple typique d’une œuvre maitrisée, à destination d’un public précis qui saura s’en satisfaire.