[Test] Leisure Suit Larry WDDD : étonnamment rafraîchissant

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Nintendo Switch
    • Mac
    • PC
  • Développeur : CrazyBunch
  • Editeur : Assemble Entertainment
  • Date de sortie : 13 juin 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Un humour grivois et corrosif

image gamaplay leisure suit larry
Le réveil s’annonce difficile pour Larry.

 

Même si l’on a conscience, grâce à nos outils, que notre cible (vous, oui vous) se situe entre vingt-cinq et quarante ans, il n’y a que peu de chance de tomber sur des gamers ayant découvert Leisure Suit Lary avec sa trilogie d’origine. Même votre humble serviteur, pourtant assez au fait du Point & click, a dû attendre longtemps avant de jouer au tout premier épisode, sorti en 1987 exclusivement sur les principaux ordinateurs de l’époque. C’était l’une des grandes époques du genre, avec des titres comme Le Manoir de Mortevielle, King’s Quest, Space Quest, et d’autres pépites éditées chez le très regretté Sierra Entertainment (désormais liquéfié dans les possessions d’Activision). Le jeu qui nous intéresse aujourd’hui, Leisure Suit Larry : Wet Dreams Don’t Dry, se donne comme objectif de renouer avec la personnalité si particulière de ces softs. Certes, sans le créateur de la licence, Al Lowe, qui a jeté l’éponge après l’épisode Reloaded. Mais avec tout cet humour qui, soyons-en certain, en fera rager beaucoup.

Rappelons les bases de Leisure Suit larry. Tout d’abord, il s’agit d’un Point & click. Donc vous dirigez l’avatar, le pointeur de la souris, ou ici du stick, et vous devrez vous atteler à déjouer bien des énigmes plus ou moins tordues. Ce concept passe à la moulinette d’un humour grivois que l’on apprécie toujours, de nos jours. Le joueur incarne Larry, un geek de quarante ans, dont la particularité est de se croire terriblement séduisant. Ce qui ne l’empêche pas d’être toujours puceau, même si quelques épisodes laissent planer le doute à ce sujet. Grand amateur des années 1970, il porte un costume qui fait directement référence à cette décennie, de quoi continuer de lui procurer une confiance qu’il ne mérite sans doute pas. Un véritable ringard, donc, et c’est bien là le cœur de l’intérêt pour cette licence : le personnage, le second degré qui se dégage de son traitement, fait mouche. Du moins, si l’on n’est pas l’un de ces puritains dont notre époque ne manque pas. Ni l’un de ces geeks qui n’apprécient pas qu’on se moque un peu de lui.

Un anti-héros fendard, des filles plus ou moins sexys, mais aussi un scénario qui vaut le coup. Leisure Suit Larry : Wet Dreams Don’t Dry ne vole pas haut, très clairement. On fait face à un soft détendu, mais dont les problématiques pourront faire rire dans les chaumières ouvertes à la dérision. Si vous cherchez des titres qui vous feront déprimer, ou réfléchir sur l’horrible condition de telle ou telle communauté, passez votre chemin et foncez dans votre fabrique à chômeurs amphithéâtre politisé le plus proche. Il y a tout un tas de productions menées par des personnes à cheveux verts qui vous attendent, autre part, loin. Ici, on voit notre tocard d’avatar projeté de la décennie 1980 à à l’année 2018. On imagine le choc des cultures dans le réel, mais dans cet univers vidéoludique, c’est peut-être encore pire. Alors qu’il zone dans ce qu’est devenu son bar favori, le Lefty’s, notre beauf invétéré va devoir se confronter à ce que sont devenues les relations humaines, les technologies, etc. Par exemple, il va falloir accepter que la cliente, qu’il tente de draguer, ne quitte pas son smartphone des yeux. Toute la sève de cet épisode se trouve là : une confrontation frontale entre deux périodes qui se tournent le dos, et l’adaptation à un vingt-et-unième siècle encore plus matérialiste que les années 1980.

Trop classique dans son gameplay, mais tout de même plaisant

image test leisure suit larry
Les références sont tournées en dérision.

Que les fous du puritanisme se rassurent tout de même : tout est fait pour qu’on perçoive bien la présence d’un humour très corrosif. Prendre au sérieux Leisure Suit Larry : Wet Dreams Don’t Dry serait une sacrée preuve du caractère coincé de certains. Plus intéressant, on perçoit une véritable critique de l’évolution technologique de ces dernières années. On apprécie beaucoup l’utilisation faite de l’application Timber, qui tourne au ridicule les Tinder et autres. Pour survivre face à la toute-puissance d’Internet, certains ouvrent des magasins secrets, pointant du doigt nos propres excès. De là à penser que le jeu se lance dans l’administration de leçons sociales, il y a tout un monde. Ce n’est clairement pas le cas, et l’aventure reste surtout une sacrée gaudriole bien grasse. Signalons ici que cette édition propose, ô joie, des sous-titres en français. Certes, on a bien le droit à quelques coquilles et accords douteux, mais le sens des vannes, et des références, est sauvegardé. Et ça, c’est un très bon point. Seul regret du côté de l’écriture, la toute dernière ligne droite nous paraît bâclée.

Leisure Suit Larry : Wet Dreams Don’t Dry est bien plus classique dans son gameplay. Les piliers du Point & click sont tous respectés à la lettre, avec même quelques énigmes un poil trop farfelues. On évite, cependant, la difficulté effarante des softs de l’époque d’or du genre, et c’est tant mieux. On pourra aussi faire apparaître à l’écran tous les points d’intérêt d’un décor, ce qui évite le fameux et trop lourd effet d’aspirateur. Mais si, vous savez, quand on passe son temps à passer le curseur un peu partout sur un environnement, dans l’espoir de découvrir au hasard un élément qu’on aurait loupé. On s’en passe ici, et c’est une excellente chose. Aussi, la volonté de proposer un cheminement non-linéaire pourra surprendre. Même si, dans les faits, on en viendra à s’imposer une route un peu balisée, histoire de ne pas se perdre dans les plus de trente décors à traverser. Un gros chiffre qui, au passage, assure une durée de vie d’environs huit heures, ce qui s’avère correct. Par contre, on ne peut nier que l’ensemble manque d’originalité, d’une feature qui pourrait élever le résultat au-delà du rang de représentant trop prudent.

Abordons le point le plus sujet à controverse : la direction artistique de Leisure Suit Larry : Wet Dreams Don’t Dry. Souvent, les environnements sont un peu surchargés, ce qui peut gênant la bonne observation des lieux. Encore que, soyons clairs, certains tableaux, comme le sex-shop, justifient le foisonnement de détails. Là où l’on émet une vraie réserve, c’est sur le character design. Pas spécialement celui des personnages secondaires, plutôt sympathique d’ailleurs. Mais celui de Larry fait vraiment de la peine. On passe de la représentation volontairement excessive des précédents épisodes à un avatar finalement très banal. Dommage. Enfin, signalons mauvais goût maitrisé, recherché, par les compositeur Kai Rosenkranz (connu pour son gros travail sur la licence Gothic) et Johannes Stemm. Les thèmes font même parfois partie intégrante de l’humour de certaines situations. Enfin, sachez que les voix sont intégralement doublées en anglais, et en allemand.

Note : 15/20

Certes, Leisure Suit Larry : Wet Dreams Don’t Dry ne remue absolument pas les fondements du Point & click. Ce n’est pas le but de cet opus, lequel se charge surtout de proposer un humour grivois assez inespéré de nos jours, alors qu’une simple vanne peut vous valoir un déluge de haine puritaine sur Twitter. En cela, nous ne pouvons qu’adouber cette sortie courageuse, loin d’être parfaite notamment dans sa direction artistique, mais tout simplement précieuse.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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