[Test – PlayStation 5] Alone in the Dark : Une refonte trop timorée

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 5
  • Titre : Alone in the Dark
  • Développeur : Pieces Interactive
  • Scénariste(s) : Mikael Hedberg
  • Editeur : THQ Nordic
  • Date de sortie : 20 mars 2024
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  • Note : 7/10

Durant les années 90 émerge un nouveau style de jeu que l’on nommera par la suite le survival horror. Si les lettres de noblesse du genre ont été données par le Resident Evil de Capcom, à l’époque sorti sur la Playstation 1, l’inspiration de départ vient d’un autre jeu : Alone in the Dark, sorti en 1992.

On peut considérer que cet aîné du genre a inspiré tous les autres – dont Silent Hill. C’est donc avec un immense plaisir que nous retrouvons en 2024 cette saga phare qui n’avait pas donné de nouvelles depuis près de 10 ans, avec un nouvel épisode qui relève plus de la relecture du premier opus que d’une réelle suite ou même d’un remake. Nous avons réalisé le test sur PS5.

Passé et présent ne font plus qu’un

Cette relecture, ironie oblige, s’inspire désormais grandement de ses rejetons modernes et, en particulier, des remakes récents de Resident Evil 2 et 3.
Dans cette nouvelle itération donc, nous suivons les mésaventures de deux personnages bien connus de la franchise, Emily Hartwood (incarnée par Jodie Comer) et le détective privé Edward Carnby (héros principal de la saga campé ici par David Harbour), qui arrivent au manoir Derceto situé en Louisiane (une sorte de maison pour personnes mentalement perturbées) afin d’enquêter sur la disparition de Jérémy Hartwood, l’oncle d’Emilie.

cinématique alone in the dark ps5 edward et emily

Un voyage en terrain connu

D’emblée, si on note que le jeu possède une véritable ambiance et que l’univers est plutôt bien retranscrit grâce à un pitch classique mais toujours efficace (une disparition dans un lieu manifestement hanté), on constate vite clairement que cette refonte n’a pas bénéficié du même budget qu’un mastodonte du genre comme le remake de Resident Evil 4.

Si le gameplay s’est modernisé, avec une caméra qui vient se placer derrière l’épaule du joueur (ce qui rappelle à nouveau le rejeton zombiesque) et une carte interactive nous permettant de connaître le stade de notre exploration, il faut bien dire que, malgré quelques phases d’action, nous sommes plus face à un jeu à « l’ancienne » avec des énigmes plus retorses que les devinettes auxquelles nous sommes d’habitude accoutumés (même si, pour le coup, l’expression « tiré par les cheveux » s’applique souvent tant la logique de résolution de certaines énigmes manque d’explications) et une ambiance plus posée.

Grâce à une subtilité scénaristique dont nous tairons les ressorts, les environnements s’avèrent variés (ce qui est un point très positif) et nous font voyager dans le vieux quartier de la Nouvelle Orléans, un cimetière de nuit, voire jusqu’au Groenland à la fin du jeu. Dommage, en revanche, que l’écriture des personnages soit aussi peu inspirée que leurs expressions faciales. un vrai regret car, au cœur de cette « maison de fous », on ressent tout le potentiel d’angoisse et de paranoïa supplémentaire qu’aurait pu apporter des PNJ aux profils moins génériques.

Une réalisation qui manque de punch

Si nous pouvons noter quelques beaux effets d’éclairage, nous sommes face à une réalisation un peu pataude et, surtout, des déplacements très lourds qui vont finir par vous peser sacrément sur les nerfs chaque fois que vous rencontrerez des ennemis (en particulier face à un boss final où les rhumatismes de votre personnage vont se faire sentir).

Du côté de l’ambiance et de la mise en scène, on retrouve les marques de la franchise et cela fait très plaisir. Mais, sur la distance, le jeu finit par montrer ses limites, que ce soit par ses phases d’action ou l’absence de véritables effets de surprise. Les ennemis manquent trop de dynamisme et, à aucun moment nous ne ressentons une réelle angoisse. Seule l’ambiance proprement dite donne un aspect parfois un peu poisseux et lugubre, mais jamais dans des proportions particulièrement flippantes.

Du point de vue de la durée de vie, même si nous pouvons refaire le jeu pour incarner l’autre personnage comme dans Resident Evil 2 et profiter d’éléments scénaristiques complémentaires, nous regretterons que l’essentiel relève plus de la cosmétique (quelques objets à récupérer en plus, des cinématiques et une quête personnelle qui diffèrent) que d’une véritable seconde aventure.

capture cimetière dans le jeu vidéo alone in tje dark 2024

Un appel de Cthulhu 2.0

La série Alone in the Dark n’a jamais caché qu’une grande partie de son inspiration provient des écrits de H.P. Lovecraft et en particulier de son « Mythe de Cthulhu ». Cette version 2024 ne déroge pas à la règle en citant Nyarlathotep (présent dans le jeu et constituant l’une des principales menaces) ou « la Chèvre noire des forêts » faisant référence à Shub-Niggurath.

Une référence toujours bienvenue dans les jeux d’horreur, mais qui semble faire trembler d’appréhension les éditeurs, au point de ne jamais allouer à ces œuvres le budget nécessaire pour adapter toute l’ambition visuelle du maître de Providence. Malgré la bonne volonté de ce jeu à vouloir moderniser le gameplay tout en conservant respectueusement la saveur du concept d’origine, on sent que le manque de budget, à l’image d’autres jeux sympathiques comme The Sinking City (dont le second opus sort bientôt), nuit à la richesse potentielle du rendu final.

En attendant l’arrivée un jour du jeu ultime sur l’univers de H.P. Lovecraft, les fans de survival horror pourront passer une douzaine d’heures agréables en compagnie de celui-ci, à condition d’occulter ses défauts techniques au profit d’une histoire efficace et plutôt prenante.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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