Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Développeur : Atlus
- Editeur : Deep Silver
- Date de sortie : 3 septembre 2019
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- Note : 8/10 par 1 critique
Une ressortie qui se justifie totalement
Atlus, acteur majeur du jeu vidéo japonais, est surtout connu pour quelques unes des licences JRPG les plus suivies, dont Disgaea et surtout l’incontournable Persona. Mais ce serait une erreur que de croire que ce studio important se limite à ces titres. Parmi ses faits de gloire, on trouve le très atypique Catherine, sorti en 2012 en Europe. Pour votre humble serviteur, ce fut un choc : on se trouvait face à une sorte de mélange entre la réflexion et le jeu de drague, le tout baigné dans une ambiance magnifique, due au gros travail du fameux Studio 4°C (Steamboy, Amer Béton) aux cinématiques. Sa difficulté, ses thématiques très inhabituelles, et ses nombreuses possibilités en terme de choix cornéliens, en faisaient un soft d’une richesse rare. Sept ans plus tard, voilà que le titre revient exclusivement sur PlayStation 4, sous-titré Full Body. Un come back assez jouissif, surtout qu’il n’est pas venu les mains vides.
On pourrait qualifier Catherine : Full Body de réédition augmentée, et pas qu’un peu. Et ce même du côté du scénario, qui se voit complété par une nouvelle venue, Rin. Rappelons que le jeu nous propulse dans la peau de Vincent Brooks, jeune homme en pleine phase de très, très gros doute existentiel. En couple depuis cinq ans avec Katherine McBride, laquelle semble décidée à enfanter, il se cherche et, comme souvent dans ces cas là, c’est la Terre entière qui ne tourne plus rond. Des incidents étranges font la Une des journaux : un nombre anormalement élevé d’hommes sont retrouvés mort dans leur sommeil, avec une expression de visage qui ne laisse aucun doute sur la nature cauchemardesque de la cause. Vincent, lui, zone au Stray Sheep, bar dans lequel il a ses habitudes, et ses potes. Un soir, il rencontre Catherine, une fille aussi mystérieuse que sexy, qui représente tout ce qui attire notre personnage principal. Il finira au lit, avec elle. Dès lors, il commence à être victime de mauvais rêves plus qu’effrayants : si notre avatar y meurt, ce sera idem dans le réel…
Bien entendu, Catherine : Full Body va très vite se compliquer d’avantage, notamment avec la mort de Steve, l’un des amis de Vincent. N’allons pas plus loin dans l’intrigue, car elle représente l’un des piliers de ce grand jeu. Par contre, abordons la nouveauté Rin. On se demandait comment les scénaristes allaient introduire cette troisième fille, car l’équilibre symbolisé par la rigoriste Katherine, et la délurée Catherine, nous semblait très pertinent et efficace. Dans les faits, cet ajout joue en la faveur du scénario, en introduisant un caractère neuf. Rin n’est ni austère, ni hyper-séduisante. Elle se laisse vivre, mais son charme de femme presque innocente opère. De plus, son amnésie distille une nouvelle dose de doute : surtout quand on apprend qu’elle emménage à côté de notre personnage principal. Elle est aussi une pianiste douée, qui officie au Stray Sheep comme pour mieux nous tourmenter. Dès sa première scène, pour le moins mouvementée, on comprend tout son intérêt, et l’évidence de son utilité dans ce désormais triangle amoureux. Signalons que cette présence originale a poussé les développeurs à ajouter des cinématiques soignées, et pas mal de nouveaux dialogues, notamment autour des bienfaits du vin.
Côté difficulté, Atlus met de l’eau dans son vin
Et ce n’est pas tout, Rin a aussi un impact sur les phases de puzzle, en influençant la vitesse de chute des cubes, et des ennemis. Car si l’histoire de Catherine : Full Body reste importantissime dans cette expérience, il ne faut pas oublier le gameplay. Si vous aviez loupé le coche en 2012, sachez que vous allez devoir contrôler votre avatar dans des phases de grimpette. Mais attention, car l’ascension n’est pas de tout repos, on n’est pas dans un Uncharted ici ! Catherine : Full Body est avant tout un jeu qui fait appel à votre réflexion, que ce soit dans ces phases ou dans la gestion de notre jauge de moralité. Vos cauchemars vous envoient vers une tour gigantesque, qu’il faut gravir en manipulant les blocs qui la composent. Ceux-ci sont de plusieurs types. Par exemple, certains ne bougeront pas, d’autres restent en lévitation tant qu’ils sont en contact avec un autre. Cette nouvelle édition ajoute le mode Remix, qui assure la présence de blocs seulement déplaçables en nombre, ce qui ne fait qu’enrichir l’expérience. Pour ajouter du piment, sachez que le sol va se désagréger sous vos pieds. Heureusement, Atlus n’est pas totalement sadique : le joueur peut avoir recours aux oreillers (que l’on peut récupérer en cours d’épreuve) en cas d’échec, afin de rembobiner trois mouvements en arrière. On se prend à tenter de ramasser l’argent et l’or récupérable, histoire de viser des scores importants.
Oui, Catherine : Full Body reste très difficile, mais Atlus a décidé de mettre beaucoup d’eau dans son vin. Désormais, on a droit à un challenge Sans risque, pensé pour celles et ceux qui n’ont aucune envie de se prendre la tête. Il suffira d’appuyer sur une gâchette, et Vincent passera en mode automatique : la grimpette se fait toute seule. Nous ne conseillons ce mode qu’en connaissance de cause car, de notre point de vue, le cheminement proposé par le jeu se doit d’être ardu afin de créer un écho entre le récit et le gameplay. Le contenu se révèle assez vertigineux : vous pourrez vous confronter à plus de cinq cents puzzles, si vous n’oubliez pas de passer par la borne d’arcade pendant vos pérégrinations. Aussi, le mode Babel ouvre ses bras aux joueurs les plus tenaces, avec des énigmes d’un niveau surhumain, en solo ou accompagné d’un ami. Si vous voulez tout voir, notamment les multiples fins (dont les nouvelles qui accompagnent Rin), vous en aurez facilement pour quatre-vingts heures. C’est énorme.
En plus de ce contenu amélioré, Catherine : Full Body livre une refonte visuelle de bon niveau. Le jeu de base garde sa direction artistique sublime, aussi pop que précise dans l’utilisation et le mariage des couleurs. Le gros changement se fait dans l’amoindrissement de l’aliasing, et la meilleure gestion des sources de lumière. Ce n’est pas transcendantal, mais force est de constater que le rendu ne fait pas tâche sur une PlayStation 4. Quant à la bande son, elle reste excellente. Shoji Meguro, le composeur attitré des Persona et Shin Megami Tensei, livre des thèmes parfaits pour bien accompagner l’état d’esprit de Vincent, mais aussi caractériser au mieux les situations. Du très bon boulot, complété de nouveaux titres dans le juke box, issus d’autres hits du studio. Notons, enfin, que les voix japonaises originales ont fait le déplacement, et elles sont formidables. Et l’ensemble du jeu est sous-titré en français, un luxe qui se savoure, même si certaines phrases n’ont pas été traduites.
Note : 17/20
Catherine : Full Body parvient à consolider les bases d’un grand jeu, tout en ne dénaturant en rien le récit. Atlus ne livre pas un remaster fainéant, et s’attache à nous proposer du nouveau contenu courageux. La nouvelle venue, Rin, ne déséquilibre pas le récit, et même mieux : elle ne fait que lui donner encore un peu plus de consistance. Les puzzles, eux, restent des phases à la difficulté assez folle. Mais que les novices se rassurent, cette édition embarque un nouveau mode de difficulté, que même les moins acharnés du pad pourront maitriser sans forcer. Dès lors, vous n’avez plus aucune excuse pour ne pas vous le procurer !