[Test] Yaga : les légendes slaves idéalement mises en valeur

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • Nintendo Switch
    • PC
  • Développeur : Breadcrumbs Interactive
  • Editeur : Versus Evil
  • Date de sortie : 12 novembre 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Yaga se démarque par une ambiance typiquement slave

image test yaga
Ivan, le héros de Yaga, est envoyé à l’abattoir par le roi.

La sortie de Yaga nous rappelle à quel point il est agréable de diriger le regard vers d’autres contrées, d’autres cultures. Le jeu vidéo est parfois un peu engoncé dans la quasi-main mise de l’industrie américaine, laquelle ne parvient que peu à marier légendes et mécaniques vidéoludiques, à notre grand regret. Tout au plus parviennent-ils à bien rendre compte de l’époque du Far West, comme on l’a vu avec l’inoubliable Red Dead Redemption 2. Les japonais, c’est autre chose. Ils sont d’ailleurs notre bouffée d’air frais dans ce secteur. Aussi, on a parfois des surprises venues de Thaïlande, de Taiwan, et cette fois-ci de Roumanie. Le studio Breadcrumbs Interactive, dont l’étonnant Yaga est le premier jeu, utilise un folklore puissant au possible, ce qui fait déjà un bon point.

Yaga nous propulse aux commandes d’Ivan, un forgeron dont la route a malencontreusement rencontré celle d’une odieuse sorcière, laquelle lui a arraché un bras au passage. Alors qu’il se remet à peine, il est convoqué au château par le Tsar, ce dernier s’étant vu maudire par Yaga, après que le souverain l’ait congédié sans aucune forme de bonté. Avant qu’elle ne parte, elle lui prédit un avenir pour le moins sombre : l’homme le plus malchanceux parmi ses sujets causera sa mort. Du coup, voilà qu’Ivan est envoyé dans une mission très périlleuse, dans l’espoir sordide qu’il périsse en route. Seulement vous l’aurez deviné, le joueur n’a pas spécialement envie de se voir passer l’arme à gauche, alors on va tout faire pour que cela n’arrive pas, même si cela fait de nous un régicide en devenir. Et, en route, le forgeron va croiser une foule de personnages en déroute, qui lui demanderont son aide. L’écriture des dialogues, parfois très drôles, a fait l’objet d’un soin particulier, tout en alexandrins, et le tout intégralement sous-titré dans un français soigné.

Il règne, dans Yaga, une savoureuse ambiance qui trouve un équilibre entre la représentation visuelle très marquée par l’art de l’Est de l’Europe, et une notion plus typique du jeu vidéo : le gameplay. Il fallait que ce dernier soit à la hauteur des attentes créées par les premières minutes passées en compagne d’Ivan, et l’on peut écrire que Breadcrumbs Interactive a pris la mission à bras-le-corps, même si ‘on compte tout de même quelques erreurs de jeunes. On fait face à un mélange des genres, lorgnant autant du côté de l’Action-RPG que du Diablo-like, avec une toute, mais alors toute petite pointe de Metroidvania. La caméra, positionnée assez loin de l’action (parfois trop, notamment quand l’action se fait moins présente), offre une visibilité cohérente avec un système de combat pour le moins dynamique, voire parfois bourrin. On assène des coups de marteau, on lance la roulade pour esquiver, et on peut aussi avoir recours à des sorts. Voilà qui ne donne pas dans l’originalité, mais attendez car ça va changer.

La malchance d’Ivan est répercutée dans le gameplay

image gameplay yaga
La caméra est parfois trop éloignée.

Tout le reste est de l’ordre de l’étonnant, même si tout n’est pas réussit. Yaga est certes un Action-RPG dans l’esprit, mais oubliez les codes de l’excellent Secret Of Mana : ils ne sont pas conviés ici. Pas d’expérience, aucun gain de niveau. La seule manière de rendre Ivan plus fort, et vous en aurez besoin, c’est d’améliorer son marteau. S’il est forgeron, ce n’est pas pour rien : il a accès à une forge, que ce soit au village ou au bivouac, la zone d’avant-quête qui vous propose aussi le recours au corbeau afin d’obtenir des indices contre rémunération. La méthode d’amélioration est simple : on a un marteau, puis plusieurs cases pour y inscrire des effets. La première sera celle du minerai, et généralement la plus importante en terme de gain de statistiques. Les trois suivantes sont dédiées à des matières premières récupérées lors de vos pérégrination, par exemple des clous. Parce que oui, un marteau clouté ça a de la gueule. On pourra aussi s’ajouter un équipement secondaire en prolongeant la bras raccourci. Cela pourra notamment être utile afin d’atteindre certains endroits, d’où la petite pointe Metroidvania, mais très légère entendons-nous bien. Aussi, Ivan peut accrocher des victuailles à sa ceinture, histoire de se régénérer en cours de bataille.

Yaga va aussi vous demander de gérer la personnalité d’Ivan, par le biais des réponses qu’il formule aux PNJ. Dans l’esprit, c’est très bénéfique pour le roleplay, mais dans les faits cela manque peut-être un peu de répercussions non pas dans nos relations, mais sur le cheminement. Le plus visible sera la différence entre un personnage droit, qui fait tout gratis mais récupère ainsi pas mal de récompenses insoupçonnées, et celui qui se fera plus égoïste, lequel aura les poches pleines mais peu de surprises de qualité. Signalons tout de même qu’il existe plusieurs fins, directement liées à votre positionnement moral. On apprécie aussi le concept de malchance. Par exemple, à chaque fois qu’Ivan utilise la magie, l’avatar est frappé par la malchance. Et, quand la jauge est pleine, une sorcière intervient et le déleste d’un objet, ou d’une partie de son or. Sachez, donc, qu’il va falloir souvent se lancer dans la fabrication d’un marteau. Si la mécanique peut séduire en début d’aventure, elle devient assez rapidement vraiment rageante, car la difficulté est parfois assez marquée, voire même abusée. Autre retenue : l’avatar est d’une lenteur à rendre fou un sain d’esprit. Du coup, on enchaine les roulades afin de gagner en vitesse, mais trop peu. Et malheureusement, aucune amélioration de vient arranger la situation.

Plus positif, Yaga fait beaucoup intervenir le concept de bonus et malus. Avant de partir en quête, la sorcière qui donne son nom au titre nous donne le choix du moment de la journée pendant lequel on part à l’aventure. Outre que cela solidifie encore un peu plus le récit (oui, Yaga est en fait aux commandes, le roi n’a qu’à bien se tenir), ce choix s’accompagne d’un bonus : ennemis plus faible, avatar plus résistant etc. Aussi, le positionnement moral, lors de vos réponses, aura des effets. Certains s’avèrent bénéfiques… d’autres moins. Tout cela fonctionne, même si l’on ne peut que regretter que la durée de vie du soft soit finalement assez chiche pour un jeu du genre. Comptez six heures pour en voir le bout, avec une rejouabilité tout de même présente, avec les différentes fins. Cela gonfle un peu la durabilité, à n’en pas douter. Techniquement, le titre se comporte bien : bonne fluidité, textures précises. Aussi, on a beaucoup apprécié la musique, laquelle est composée par Subcarpati, Mattias Holmgren et Argatu’. Les compositions prennent de gros risques, en mariant des sonorités typiques et une rythmique moderne. Du bon boulot, jusque dans les doublages anglais, très soignés.

Note : 15/20

Yaga constitue une bien belle entrée en matière pour le studio Breadcrumbs Interactive. Si le jeu n’est pas parfait, notamment à cause d’une grande lenteur de l’avatar, ou d’une difficulté parfois mal dosée, d’autres éléments nous ont charmé. En premier lieu cette ambiance de conte issu du folklore de l’Europe de l’Est, que l’on n’a pas l’habitude de croiser dans les mondes vidéoludiques. On apprécie aussi cette volonté de traduire la malchance d’Ivan par une mécanique, même si celle-ci s’avère parfois trop punitive à notre goût. Et la méthode d’évolution du personnage, par l’unique biais de son équipement, nous sort un peu de notre zone de confort. Et ça, ce n’est jamais de refus.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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