Caractéristiques
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- PlayStation 4
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- Nintendo Switch
- PC
- Développeur : Square Enix
- Editeur : Square Enix
- Date de sortie : 24 avril 2020
Trials of Mana revient en très grande forme
On ne le cache pas, d’ailleurs voilà qui est répété à chaque occasion : chez Culturellement Vôtre, on aime particulièrement la licence Mana, et plus particulièrement les trois premiers opus. Récemment au centre d’une compilation immanquable sur Nintendo Switch, intitulée Collection of Mana, cette trilogie a particulièrement marqué les joueurs en âge d’avoir connu l’époque d’or du RPG japonais. La troisième itération, longtemps appelée par son titre japonais (Seiken Densetsu 3), et désormais baptisée pour l’international (Trials of Mana, plus simple pour le grand public), figure parmi les meilleurs Action-RPG jamais développés. Le soft de Square Enix, éditeur décidément sur tous les fronts en ce moment (Final Fantasy 7 Remake approche, enfin !), revient avec un remake tout en 3D, annoncé un peu en catimini lors de l’E3 2019. Certes, Cloud et Aerith risquent bien d’attirer toute la lumière sur eux, mais on va voir que Duran, Angela, Riesz et les autres auront aussi leur mot à dire.
Disponible depuis le 18 mars 2020 sur PlayStation Store, Nintendo eShop et Steam, la démo de Trials of Mana était attendue au tournant, avec un peu de crainte. Pas spécialement par votre humble serviteur, tant on se doutait que Square Enix n’allait pas prendre le risque de sous-traiter un tel titre, mais plutôt par les fans déçus par le remake de Secret of Mana. Nous avions plutôt apprécié ce dernier, malgré quelques retenues (ces musiques…), mais on pouvait aussi comprendre une certaine levée de bouclier. Conscient de cette réception discutée par les fidèles, l’éditeur japonais a mis les bouchées doubles pour aller beaucoup plus loin et, autant trahir le secret de suite : on est bluffé par ce que cette démo nous montre.
Que les fans du Trials of Mana sorti en 1995 sur Super Famicon se rassurent : sur la durée de cette démo, qui se prolonge jusqu’à l’obtention de l’esprit Lumina, juste après le combat contre l’araignée géante Mécarachnide, on a pu vérifier à quel point Square Enix prend au sérieux cette sortie. Les joueurs qui ont essoré la version 2D comprendront, à la lecture de ces mots, que l’expérience couvre non seulement l’introduction (et ce pour tous les persos), mais aussi la mise en place des prémices d’un récit entièrement sous-titré en français. Quand on connait l’importance capitale du scénario dans cette expérience, une telle ampleur de la découverte, d’à peu près deux heures sans trop farfouiller, est une bénédiction. Et pour être complet, il faut écrire « l’importance des scénarios ». Rappelons que l’une des spécificités de Trials of Mana est de proposer six personnages principaux. Parmi ceux-ci, vous en sélectionnerez un, qui fera office d’avatar central, puis vous vivrez l’histoire qui lui est assignée. Et à ce héros, ou cette héroïne, deux autres de ces protagonistes seront à choisir, afin de constituer un groupe de trois. Grosse nouveauté : il est désormais possible de découvrir l’introduction des deux compagnons choisis, par le biais d’autant de flashback. Malin, et cela n’effritera pas le grosse rejouabilité du titre puisque, pendant ces phases, on ne garde pas les objets trouvés.
On retrouve donc une Mana déclinante, tandis que la menace des Bénévodons, des Dieux destructeurs, risque de refaire surface. Trials of Mana fait le choix, très pertinent, d’installer une toile de fond, et d’y développer six destins. Efficace, cette construction ouvre la voie à une expérience dynamique : on a envie de découvrir chacun d’entre eux, et même dans cette démo, que l’on a recommencé plusieurs fois. Ce fait est aussi dû à un gameplay tout simplement exemplaire. On se demandait comment Square Enix allait se dépatouiller avec les mécaniques du soft de 1995, toujours agréable mais inévitablement daté, rétro dans l’esprit. Et la réponse tient en un concept : l’équilibre finaud entre tradition et modernité, le tout sous le prisme de la 3D. On pourrait presque penser à un Dragon Quest, mais inscrit dans le genre de l’Action-RPG. Du coup, on retrouve la présence de villages et d’exploration, mais aussi de donjons. C’est dans ces deux derniers lieux que les combats se déroulent, et ils gardent une partie de la saveur d’antan. À l’approche d’ennemis (un fameux lapyn, par exemple) , on se retrouve confiné (c’est d’actualité !) dans une partie de l’environnement. Là, on peut verrouiller l’un d’eux, lui administrer un coup faible ou fort (que le peut aussi charger). Autre nouveauté, il est possible d’esquiver et de sauter, notamment pour atteindre les monstres volants. Globalement, les sensations provoquées par Trials of Mana se font plus axées sur l’action que sur la tactique.
Un remake qui s’annonce à la fois fidèle et généreux
Un exemple criant de cette volonté de marier des mécaniques classiques et plus actuelles est le menu en anneaux. Le remake de Trials of Mana garde donc cette spécificité de la licence Mana, cette possibilité d’avoir accès aux objets ou au sorts en direct (et, contrairement au jeu d’origine, sans ce petit temps de latence désagréable). Cependant, Square Enix introduit aussi un système de raccourcis. Cette alliance des deux possibilités forme un confort de jeu idéal. Pour continuer avec les combats, ceux-ci se terminent par un gain d’expérience, et des bonus accordés en cas d’objectifs remplis (tel pourcentage en plus pour avoir gagné sans se faire toucher, par exemple). Enfin, sachez que ce titre propose quatre modes de difficulté, et ce n’est pas un fait mineur. En effet, les gros fans d’Action-RPG pourront tenter le Difficile, tandis que les novices pourront se diriger vers Facile. Et si votre truc, c’est de profiter avant tout de l’histoire et d’explorer sans danger, Débutant est fait pour vous.
En bon Action-RPG, Trials of Mana propose un game design qui met le paquet sur l’évolution des avatars. On n’abordera pas le système de classe : si la démo fait pas mal de teasing à son sujet, on n’atteint pas un stade assez avancé pour le découvrir. Ce qu’on peut écrire, c’est qu’à chaque niveau glané, les statistiques augmentent. Aussi, on se voit récompensé par un point de compétence, à appliquer dans l’un des arbres (comme la Force, par exemple). Si certains effets s’appliquent automatiquement, d’autres devront être activés, en les plaçant comme on le fait pour l’équipement. Par contre, les emplacement sont limités, il va falloir choisir au mieux. De plus, certaines pourront englober l’entièreté du groupe. Bien entendu, on retrouve aussi l’achat d’armes et de protections de plus en plus efficaces, d’où l’intérêt de toujours passer aux armureries des nouveaux villages découverts. Pour se les offrir, il faudra de l’argent, que l’on gagne non seulement par le biais des combats, mais aussi en trouvant des points lumineux pendant l’exploration, que l’on peut fouiller. Cela s’ajoute aux coffres, toujours de la partie et disséminés parfois dans des endroits bien cachés. Les environnements ne sont pas gigantesques mais, comme dans tout bon RPG japonais, le level design se fait assez riche pour proposer des routes secondaires et autres renfoncements vicieux.
Oui, on s’est beaucoup amusé avec cette démo de Trials of Mana, et c’est aussi grâce au formel. Tout d’abord, on ne peut que saluer l’excellente décision qu’est celle de proposer beaucoup d’options qui laissent la place au choix. L’ATH (affichage tête haute, ces informations à destination du joueur) de base peut sembler un peu chargé, mais n’ayez crainte : on peut enlever des éléments, comme la mini-carte ou les objectifs, et les rajouter si l’on se rend compte que tout ceci est plus utile qu’il n’y paraît. Aussi, vous pourrez opter pour l’actualisation musicale de la bande originale, très bonne au demeurant, ou l’OST originale de Hiroki Kikuta. Autre bonne nouvelle, on peut aussi sélectionner les voix japonaises, et reconfigurer les touches. Ce qui sera très utile, tant le mapping de base ne nous paraît pas le plus probant. Quant à la technique, il faudra tout de même attendre le jeu complet pour totalement se prononcer. En l’état, on a remarqué un peu de clipping, des chargement de textures tardifs, et une distance d’affichage qui pourrait mieux faire. Cependant, la fluidité ne souffre d’aucune anicroche. Surtout, la direction artistique ne peut que mettre tout le monde d’accord. C’est coloré juste ce qu’il faut, et le character design figure parmi les plus séduisants qu’on ait vu depuis un moment. On pensera notamment aux personnages féminins (ah, Angela !).
Ne reste plus qu’a espérer que cette excellente découverte se confirme dans l’entièreté du soft, prévu pour le 24 avril 2020, sur PlayStation 4, Nintendo Switch et PC (via Steam). Ce tour d’horizon de la démo de Trials of Mana ne saurait être complet sans que nous vous informions de l’option de transfert de sauvegarde. En effet, les joueurs pourront s’amuser sur la démo, puis continuer vers le jeu complet, en reprenant exactement au même endroit, avec le même équipement et le même niveau. En continuité donc, ce qui semble bien être le mot d’ordre d’un remake qui s’annonce à la fois fidèle et généreux.