Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Xbox One
- Nintendo Switch
- Développeur : Capcom
- Editeur : Capcom
- Date de sortie : 3 avril 2020
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Resident Evil 3, la STAAAAAARS des remakes ?
Capcom semble avoir fait de Resident Evil sa valeur refuge. Parmi les très nombreuses licences cultes de l’important éditeur japonais, c’est bien celle initiée par le surdoué Shinji Mikami qui se fait la plus importante, et ce depuis quelques années. Resident Evil 7 est l’un des meilleurs jeux de cette génération. Resident Evil Village a été annoncé en grande pompe pendant la vidéo-conférence dédiée à la PlayStation 5. Et, signe des temps, les zombis ont remplacé les combattants de Street Fighter dans les nouvelles éditions très typiques du style Capcom. L’année dernière, c’était Resident Evil 2, un excellent remake qui a su nous surprendre de la plus belle des manières. Aujourd’hui, on accueille un autre morceau de bravoure avec Resident Evil 3.
Car oui, le remake de Resident Evil 3 était fichtrement attendu par les fans de la licence. Et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce qu’il s’agit finalement de l’un des épisodes les moins connus de la série. Il faut rappeler que le soft original est paru assez tard en Europe, en février 2000. À cette époque, presque tout le monde pensait déjà à la PlayStation 2, voire même était plus attentif à ce que Resident Evil : Code Veronica promettait sur Dreamcast. Du coup, beaucoup de joueurs sont passés à côté de cet opus, ou ne lui ont pas accordé l’importance qu’il méritait. Aussi, il faut dire qu’à l’époque le côté action en a refroidi plus d’un. Les retours des magazines spécialisés s’avéraient très positifs et alléchants, mais on sentait bien une certaine rupture dans la tonalité, dans une lignée cohérente avec un Resident Evil 2 déjà plus mouvementé que le premier. Un peu trop à l’avant-garde, le Resident Evil 3 : Nemesis de la PS 1 ? Peut-être, toujours est-il que c’était une grande expérience, qui nous laissé un souvenir impérissable.
Lancer le remake de Resident Evil 3 est, donc, un événement au moins aussi important que celui du deuxième épisode. Côté histoire, on attendait avec une petite appréhension de ce qui s’annonçait comme une relecture. Les échos parlaient d’une approche différente, de modifications parfois marquées. Mais tout de même, on espérait que la substantifique moelle soit sauvegardée. Dans les faits… c’est plus ou moins le cas. On retrouve beaucoup d’éléments centraux : on retrouve Jill et Carlos, les deux personnages jouables. Le Nemesis est évidemment de la partie. L’action, elle, entoure toujours celle du second opus. Les expérimentations machiavéliques d’Umbrella forment tbien entendu l’antagonisme scénaristique, et la fin du cheminement (que l’on ne dévoilera pas, évidemment) se veut définitive. Le récit se suit plutôt bien, se fait tout de même moins accrocheur en terme de background. Pourtant, on ne peut que noter le développement des personnages secondaires, beaucoup plus intéressants qu’auparavant. Mais peut-être que le surplus de détails a, ici, joué un rôle contraire en oubliant de faire fonctionner notre imaginaire.
Une approche très centrée sur l’action
Par contre, la narration de ce Resident Evil 3 gagne en puissance, avec des moments d’une rare intensité. On a même droit à une introduction en live action, comme un clin d’œil savoureux aux fans de la première heure. Signalons tout de même un véritable point clivant : l’écriture de Jill, héroïne qui surjoue la femme forte. On a compris qu’elle l’était, pas la peine d’en faire une sorte d’ultra-féministe qui refuse jusqu’à la moindre marque de solidarité venue d’autrui, surtout quand il s’agit d’un homme. La moindre petite tape amicale de Carlos sur son épaule est vécue comme un quasi-viol, faudrait voir à se calmer. Aussi, rappelons à Capcom que l’on jouait déjà une femme dans les jeux sortis sur PlayStation. On a donc compris, depuis belle lurette, qu’une fille peut être batailleuse et courageuse, pas la peine de nous bassiner avec ça.
Resident Evil 3 n’est pas du genre à nous prendre avec des pincettes. Et ça, c’est un très bon point. Le début de cette aventure pour le moins pêchue figure parmi les meilleurs moments de la licence, tous épisodes confondus. Rien que ça. En l’espace d’une vingtaine de minute, Jill va se voir plongée en véritable cauchemar, non sans faire la connaissance du tonitruant Nemesis. Sans entrer dans les détails, on adore le jeu de caméra, qui passe de la subjectivité à l’angle épaule, un effet justifié par la découverte du physique de l’avatar dans son miroir. C’est brillant, en terme de mise en scène. Cette main-mise de la réalisation, laquelle provoque des séquences à couper le souffle, aurait pu avoir des retombées négatives sur le gameplay. Heureusement, il n’en est rien. La prise en mains se fait hyper efficace, les différentes armes apportent leurs propres sensations, la visée se révèle précise sans trop nous mâcher le morceau. On sent que le remake de Resident Evil 2 a posé des bases solides, c’est aussi le cas en terme d’intelligence artificielle des ennemis, et Capcom n’a plus qu’a les affiner au fur et à mesure.
Cependant, on regrettera tout de même quelques modifications qui, selon nous, font de ce remake de Resident Evil 3 une relecture parfois bancale. En premier lieu, on est étonné du manque d’énigmes pendant le cheminement. Clairement, Capcom a fait le choix de l’action, du rythme. Ce qui, au fond, n’est pas surprenant : quand on voit le succès de The Last of Us Part. 2, on comprend que l’époque est au bourrinage violent plus qu’à la réflexion. Seulement voilà, cette décision a tout l’air d’avoir eu comme conséquence d’amoindrir le contenu, de l’expurger de ses moments plus calmes, plus posés. Eh oui, le beffroi est absent, et cela nous paraît d’une logique regrettable. Moins d’exploration, plus de phases explosives, voilà un choix qui peut interloquer tant cela ne nous paraît pas vraiment en phase avec l’ADN de Resident Evil. Même le cinquième épisode, sous-coté à notre humble avis, nous a paru plus équilibré à ce niveau.
Court, mais très beau
Et pourtant, malgré ce véritable accroc, on sort tout de même charmé par cette relecture de Resident Evil 3. Manette en mains, c’est exemplairement agréable, et l’on retrouve des mécaniques qui ont fait leurs preuves. L’inventaire s’appuie toujours sur le principe de compartimentation, mais aussi et de gestion par le biais de malles disséminées ici ou là. Il est aussi question de fusionner des éléments : bien entendu les herbes, mais aussi de la poudre afin de fabriquer des munitions en plus. On apprécie aussi l’accent mis sur le besoin d’éviter les zombis, avec une esquive salvatrice. Car, qu’on se le dise, les morts-vivants se font moins résistants que dans le remake de Resident Evil 2, mais reste tout de même qu’ils encaissent trop bien les balles. Et comme ils peuvent parfois véritablement grouiller, par paquet de dix, il va vraiment falloir chercher à foncer, plus qu’à faire le ménage à l’écran. Par contre, il ne sera aucunement possible d’éviter les boss, vous vous en doutez. On n’ira pas plus loin pour vous laisser la surprise, mais sachez qu’au moins l’un d’entre eux rentre immédiatement dans le top trois de nos favoris de la série. Chacun réserve un grand moment.
Resident Evil 3 pourra donc partager le public, entre les fins connaisseurs de l’original qui pourraient tiquer sur pas mal de modifications, et les nouveaux venus que l’on imagine moins regardants. C’est aussi le cas pour la durée de vie. Le cheminement se fait tout ce qu’il y a de plus linéaire, rappelons que le concept du soft n’est nul autre que celui d’une fuite en avant. Donc on y trouve une pertinence dans la forme. Cependant, bon sang comme on avance vite. Que l’on soit clair, c’était aussi le cas de la version 1999, que l’on pouvait terminer en sept à huit heures sur un premier run. Ici, c’est encore moins : comptez six heures en mode de difficulté Normal. Avec les cinématiques. C’est quand même bien peu, même si les complétistes auront encore de quoi faire pour de nouvelles parties, sans pour autant que ce ne soit vital : il n’y a rien, ou si peu, à découvrir de plus.
Il faut préciser que Resident Evil 3 s’accompagne d’un très gros mode multi, intitulé Resident Evil : Resistance. Attention, il n’est pas à sous-évaluer dans l’expérience globale, tant on a pu l’apprécier sur de longues sessions. Le principe est simple, on va du côté du match 4V1 en asymétrique, un principe à la mode en ce moment. Vous pouvez incarner des survivants, lesquels devront s’échapper d’un parcours expérimental, divisé en trois zones et proposant des énigmes à résoudre. Ou, alors, vous pouvez enfiler la peau du Mastermind, qui va devoir envoyer sur ses cobayes des zombis et autres pièges mortels. Le concept fonctionne très bien, malgré quelques retenues assez menues, comme un level design parfois bordélique (le casino…). Ce mode est plus subtil qu’il n’y parait, surtout du côté du Mastermind et de son deck à gérer. On passe de caméras en caméras, on lance une bestiole ultime (différente selon le personnage incarné), on peut se projeter dans une créature : c’est très fluide et bourré de mécaniques intéressantes. Le camp des survivants est plus difficile à dompter, et aussi plus classique. On se défend avec des armes de plus en plus puissantes, c’est d’ailleurs ici que l’on sentira au mieux les bienfaits de l’argent empoché en fin de partie, qui sert à agrémenter l’arsenal (ou à l’achat d’éléments purement cosmétiques). Mais on a tout de même trouvé que le groupe est plus facilement perdant que le Mastermind, ce qui génère un peu de frustration.
Techniquement, Resident Evil 3 figure parmi les plus beaux jeux de cette génération, c’est une certitude. Cela fourmille de détails, le RE Engine nous paraît même encore mieux maitrisé qu’auparavant, notamment sur les textures qui n’ont plus aucun mal à s’afficher. Aussi, c’est incroyable que de constater que l’ensemble s’inscrit dans une fluidité constante, à soixante images par seconde. La folie. Le character design nous a charmé, même cette Jill Valentine pourtant infiniment moins sexy qu’auparavant, signe des temps. Les ennemis accompagnent cette bonne impression : ils sont réellement effrayants. Et le Nemesis alors ? Vous avez remarqué qu’on ne l’a pas abordé, et pour cause… il nous a moins convaincu que le Mr. X de Resident Evil 2. Il se fait moins harceleur que dans le jeu d’origine : il ne vient plus nous suivre jusque dans les salles de sauvegarde, par exemple. Le monstrueux chasseur reste colossal, visuellement redoutable quand il est à l’écran (comme on le fuit, il est souvent hors-champ), et il nous a valu quelques gros jump scares bien honteux. Mais au-delà de ça, il manque peut-être d’idées dans son utilisation, dans les mécaniques qu’il aurait dû provoquer. Ajoutons tout de même une ambiance sonore que l’on a trouvé excellente d’un bout à l’autre, avec des plages d’atmosphère très angoissantes. Aussi, on vous conseille d’opter pour le doublage anglais (sous-titré en français, bien entendu), tant il nous parait convaincant.
Note : 15/20
Le remake de Resident Evil 3 est un bon jeu, aucun doute là-dessus. Seulement, contrairement à celui de RE 2, il nous parait moins solide, plus traversé de regrets. Le gros virage vers l’action n’est pas fondamentalement en incohérence avec le matériau de base : la version de 1999 était déjà très mouvementée. Par contre, le fait de sous-peser l’importance des énigmes, des moments plus calmes, provoque des effets secondaires un peu gênants, comme l’absence pure et simple du beffroi, et même d’autres séquences. On ne doit pas rester bloqué là-dessus, cela aurait comme répercussion injuste de passer sous silence le très bon rythme, ou encore l’indéniable qualité du gameplay. Ajoutons aussi un mode multi étonnant, complet et touffu. Certes, Capcom a fait mieux ces derniers temps, mais on reste dans du soft appliqué.