[Critique] Light Of My Life : un air de déjà-vu

Caractéristiques

  • Titre : Light of My Life
  • Réalisateur(s) : Casey Affleck
  • Avec : Casey Affleck , Anna Pniowsky, Elizabeth Moss et Tom Bower.
  • Distributeur : Condor Distribution
  • Genre : Drame, Science-fiction
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 119 minutes
  • Date de sortie : 12 août 2020
  • Note du critique : 5/10

Un second long-métrage peu convainquant

Après un premier long-métrage datant déjà de 2010, I’m Still Here, Casey Affleck revient derrière (et devant) la caméra pour Light of my Life. Signant également le scénario, le second film du frère de Ben Affleck, malgré d’évidentes qualités, sent clairement le réchauffé. L’histoire de ce père protégeant sa fille dans un monde où les femmes ont presque toutes disparues suite à la propagation d’un mystérieux virus, rappelle autant Les Fils de l’Homme (la femme est symbole d’avenir) que La Route (l’ambiance apocalyptique). Problème : Light of my Life n’innove en rien par rapport à ses deux modèles et s’avère assez laborieux à visionner.

La Route, la suite ?

anna pniowsky light of my life

Du point de vue du scénario, Casey Affleck adopte un rythme plutôt lent et contemplatif qui privilégie la paranoïa, tout en raréfiant les moments d’action et de suspense pour mieux les exalter quand ils se produisent. Si les scènes en question fonctionnent bien, elles ne rattrapent pas un Light of my Life trop long par rapport à son sujet. Le film ne réserve aux spectateurs aucune réelle surprise, et ce malgré une réelle alchimie entre les protagonistes. Là encore, on pense à La Route dont on retrouve le concept déjà arpenté de fuite en avant.

De bonnes prestations mais…

image casey affleck light of my life

Si les compositions de Casey Affleck (le père) et de la jeune Anna Pniowsky (Rag) sonnent juste, il est dommage que leurs interactions ainsi que les dialogues tendent à se répéter au point d’instaurer un certain sentiment de lassitude dès la moitié de Light of my Life. Ne parlons même pas de certains raccourcis faciles comme la jeune fille qui, devenant femme et pressée de s’émanciper de la tutelle paternelle, commet de grossières imprudences juste placées là pour engendrer des péripéties. Ou le père de nature pacifiste qui, jetant une arme à feu à un moment du film, semble décider à se compliquer volontairement (et inutilement) les conflits à venir. Être survivaliste c’est bien mais être en plus pacifiste c’est mieux. Manque de chance ! Dans un monde post-apocalyptique (et même le monde réel), les deux sont incompatibles. Bilan : les personnages sont touchants mais pour l’identification on repassera.

Un univers riche mais limité

image light of my life casey affleck

Compte-tenu d’un budget que l’on devine étriqué, Casey Affleck filme surtout en milieu naturel et limite les paysages urbains voire même le nombre de personnages à l’écran. Si on ne peut lui reprocher de faire avec ce qu’il a, et de s’en sortir très honorablement, l’ambiance de Light of my Life s’en ressent parfois et donne le sentiment d’un monde vide, voire artificiel. Ce sont donc les séquences intimistes entre le père et sa fille qui s’en sortent le mieux, car justifiant l’utilisation de plans fixes (composant les deux tiers du métrage) et d’un montage en plans serrés pour bien démontrer qu’ils sont symboliquement seuls au monde.

Le mea culpa de Casey Affleck ?

image elizabeth moss light of my life

À l’époque de son premier film I’m Still Here, Casey Affleck avait été accusé de harcèlement sexuel par deux techniciennes et l’affaire avait resurgi récemment par le biais du mouvement Me Too. Les journalistes font donc leurs choux gras de ce coupable désigné qui tente de faire amende honorable en décrivant un monde où règne le patriarcat, et où sévissent les mâles toxiques. Hypocrisie, constat forcé ou mea culpa sincère ? Il n’a jamais précisé cette intention, mais il n’est peut-être pas interdit de suspecter une certaine ironie de sa part à cet endroit. Le ton est ouvert à interprétation…

Bien sûr, si le parti pris de l’intrigue avait été inversé et que seuls quelques rares hommes auraient survécu au virus, ces derniers ne seraient pas à la fête non plus – les Amazones, guerrières organisées en matriarcat, n’étant pas réputées pour leur douceur dans la mythologie gréco-romaine…

Oui, mais peut mieux faire

casey affleck anna paniowsky light of my life

D’un côté, nous avons de bonnes interprétations, mais des personnages qui sonnent parfois creux, car davantage destinés à livrer un message qu’à raconter une histoire. De l’autre, nous avons également une ambiance oppressante et poétique au sein d’un monde qui semble trop vide pour convaincre…

Enfin, signalons un scénario qui se suit sans déplaisir, mais déjà rabâché maintes et maintes fois, y compris dans les jeux vidéos avec The Last of Us (on pense surtout au premier épisode, le second nous ayant en partie déçu). Bref, Light of my Life est très ambivalent et dans l’état ne peut prétendre à une note dépassant la moyenne. La troisième réalisation de Casey Affleck sera peut-être la bonne…

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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