[Critique] La Proie d’une Ombre : Etrange mais Envoutant

Caractéristiques

  • Titre : La proie d'une ombre
  • Titre original : The Night House
  • Réalisateur(s) : David Bruckner
  • Avec : Rebecca Hall, Sarah Goldberg, Stacy Martin, Evan Jonigkeit et Vondie Curtis Hall.
  • Distributeur : 20th Century Studios
  • Genre : Thriller, Epouvante-horreur, Fantastique
  • Pays : Américain
  • Durée : 108 minutes
  • Date de sortie : 15 septembre 2021
  • Note du critique : 7/10

Un deuil horrifique

Déchirée par le suicide brutal de son mari, Beth se retrouve seule dans la maison au bord du lac qu’il avait construit pour elle. Elle s’efforce de faire face, mais bientôt, d’inexplicables cauchemars font leur apparition et Beth ressent une étrange présence autour d’elle. Hallucinations ou réalité, elle va tenter de découvrir les secrets de son mari qu’elle ne connaissait peut-être pas aussi bien qu’elle le croyait…

David Bruckner, valeur montante du cinéma d’horreur avec The Signal et Le Rituel, prouve à nouveau qu’il sait instaurer une ambiance. Non pas que La Proie d’une Ombre révolutionne le genre, mais il se démarque du lot grâce à une réflexion intéressante sur le deuil tout en maintenant l’ambiguïté sur la nature des événements qui frappent l’héroïne.

Un huis clos angoissant

image rebecca hall la proie d une ombre

La plupart de la narration se concentre dans cette immense bâtisse presque isolée au bord du lac ou dans ses alentours, ce qui produit vite sur le spectateur un sentiment anxiogène. La musique se lance en pleine nuit, le parquet grince, des apparitions inquiétantes semblent vouloir s’en prendre à Beth…

Tandis que les révélations s’accumulent sur feu son mari, on se demande pendant une grande partie du métrage s’il s’agit vraiment d’une ombre ou simplement des hallucinations dues à la tristesse alimentée par les nombreux verres d’alcool que Beth boit tout au long du film. La Proie d’une Ombre maintient un temps cet équilibre, mais échoue à donner une réponse claire en fin de métrage. Non que l’ambiguïté narrative soit nécessairement un défaut, mais il convient de donner aux spectateurs un parti-pris concret si le film veut éviter le sentiment que le réalisateur lui-même ne connait pas la résolution de son histoire.

Néanmoins, le suspense hitchcockien de la majorité de l’intrigue et son final ésotérique possèdent un charme qui emporte l’adhésion.

Une actrice sublimée

Inutile de tergiverser, Rebecca Hall assure à elle seule l’interprétation de La Proie d’une Ombre. Bien sûr, on ne peut pas dire que le reste du casting ne soit pas bon avec Sarah Goldberg dans le rôle de l’amie fidèle ou Evan Jonigkeit dans celui du mari décédé dont la présence fantomatique imprègne le métrage ; mais c’est clairement Rebecca Hall qui marque par sa composition d’une femme vulnérable mais néanmoins combattive.

Une impression renforcée par le fait que le second rôle du casting devrait être en réalité la maison elle-même, dont l’influence néfaste la désigne comme antagoniste principal.

Une réalisation inspiréeimage sarah goldberg la proie d une ombre

Outre le fait que La Proie d’une Ombre n’abuse pas des jump scare (merci, mon Dieu !), il trouve une réelle identité en focalisant son point de vue uniquement sur l’héroïne. Ainsi, toutes les révélations que Beth apprend sur son mari, le spectateur les apprend en même temps qu’elle, ce qui crée une véritable proximité sensitive.

Ajoutons à cela que le réalisateur David Bruckner sait parfaitement comment maîtriser la spatialisation de la maison, en particulier quand les éléments horrifiques interviennent. Tout cela contribue à l’efficacité, tant visuelle que narrative du métrage.

Un avenir prometteur 

En conclusion, nous dirons que La Proie d’une Ombre est un métrage horrifique qui sait se démarquer du lot. Il ne révolutionnera pas le genre, mais constituera pour les amateurs une expérience intéressante. Le réalisateur David Bruckner confirme sa maîtrise en passant de l’excursion de quatre personnages masculins dans les forêts suédoises (Le Rituel) à un huis clos porté brillamment par un personnage féminin. Tout au plus peut-on noter la thématique du deuil en commun.

David S. Goyer ne s’y est pas trompé en lui confiant le remake à venir d’Hellraiser. Nous sommes impatients.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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