Caractéristiques
- Titre : The Innocents
- Titre original : De uskyldige
- Réalisateur(s) : Eskil Vogt
- Scénariste(s) : Eskil Vogt
- Avec : Rakel Lenora Fløttum, Alva Brynsmo Ramstad, Sam Ashraf et Mina Yasmin Bremseth Asheim.
- Distributeur : Les Bookmakers / Kinovista
- Genre : Thriller, Drame
- Pays : Norvège, Suède, Pays-Bas, Finlande, Etats-Unis
- Durée : 117 minutes
- Date de sortie : 9 février 2022
- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Chronicle version Norvégien
Second long-métrage écrit et réalisé par Eskil Vogt, après Blind en 2014, The Innocents, prix de la critique et prix du public au Festival de Gérardmer 2022 raconte l’histoire de quatre enfants, durant un été, qui se découvrent d’étonnants pouvoirs et jouent à tester leurs limites, loin du regard des adultes. Mais ce qui semblait être un jeu d’enfants, prend peu à peu une tournure inquiétante… Une bonne surprise ?
Le scénario de Vogt pourrait nous rappeler un autre film : Chronicle de Josh Trank sorti en 2012. Un peu sur le même postulat de départ (des jeunes découvrent qu’ils possèdent des pouvoirs), sauf qu’ici les enfants ont entre 4 et 7 ans. L’innocence à l’état pure ! Nous avons Ida, une jeune fille qui vient d’emménager avec sa famille dans un quartier d’immeuble tranquille. Sa grande sœur Anna est handicapée mentale. Ida fait la rencontre de Ben et Aisha. Le premier vit seul avec sa mère. Il en est de même pour Aisha, mais leur caractère est complètement différent. Evidemment, les quatre jeunes vont se servir de leurs pouvoirs pour différentes choses, mais leur terrain de jeu va prendre une tournure différente de ce qu’il pouvait penser.
Le scénario ne nous explique pas pourquoi ces jeunes ont ces pouvoirs, mais ce n’est pas très grave. Le principal étant les personnages. Et en cela, The Innocents est très bien construit. Chaque personnage a sa propre identité, caractérisation et leur évolution est palpable durant toute la durée de métrage. De plus, Vogt construit son univers de façon crédible pour nous plonger dans une ambiance réaliste, mais teintée d’horreur.
Le retournement final, qui est fait en présence d’adultes qui ne voient rien, est un modèle sur le papier. Le fait que les adultes ne voient pas ce qu’il se passe autour d’eux ou qu’ils l’interprètent autrement que les enfants est une métaphore que ceux-ci ont perdu l’innocence qui donne le titre au film, au même titre que les quatre enfants perdront la leur avec cette histoire. Tout est bien mené, même si le long-métrage est assez prévisible dans sa construction et dans sa fin.
Une réalisation inspirée
Sa prévisibilité n’empêche pas que le film est autant maitrisé sur le fond que sur la forme. La réalisation de Vogt donne une ambiance réaliste, mais aussi malsaine grâce à sa photo et plus légèrement dans l’horreur durant certaines scènes. Sa réalisation est efficace, avec pas mal de plans inspirés, notamment pour montrer l’un des pouvoirs de Ben qui passe entre les immeubles et appartements. Il reste aussi près de ses jeunes acteurs pour qu’ils expriment leur plein potentiel. Il se met donc logiquement à hauteur d’enfant pour avoir leur point de vue, ce qui est aussi efficace.
Le rythme de The Innocents est lent mais, là encore, suffisamment maîtrisé pour faire monter la tension au fur et à mesure des événements, mais aussi pour poser l’ambiance. Les quasi deux heures de durée passent très bien, sans temps morts. Les effets spéciaux sont bons. Le film n’est pas « spectaculaire » à proprement parler. Ce n’est pas un blockbuster et il n’a pas pour but de l’être. Du coup, les SFX sont bien intégrés à l’image et certains effets pratiques passent extrêmement bien à la caméra. La musique est discrète, tout en restant présente quand il faut pour accentuer l’ambiance. Enfin, il y a un vrai travail sur le son et les sons ambiants réalistes et naturels pour nous plonger parfaitement dans le film.
D’excellents jeunes acteurs
Du côté du casting, Rakel Lenora Fløttum, Alva Brynsmo Ramstad, Sam Ashraf et Mina Yasmin Bremseth Asheim sont tout les quatre excellents malgré leur jeune âge. Ils sont très bien dirigés et nous offrent des performances crédibles, réalistes et naturelles malgré deux-trois petites scènes où ceux-ci surjouent mais, et nous le répétons, pour leur très jeune âge, c’est assez exceptionnel. Ils sont aussi bien aidés par les adultes lorsqu’ils interagissent avec eux.
The Innocents est donc un très bon film à l’ambiance de thriller d’horreur captivant, avec une très bonne réalisation et d’excellents jeunes acteurs. Un beau coup de cœur, autant sur le fond que la forme. Eskil Vogt est donc un cinéaste à suivre de très près.