Caractéristiques
- Titre : Leila et ses Frères
- Titre original : Leila's Brothers
- Réalisateur(s) : Saeed Roustaee
- Scénariste(s) : Saeed Roustayi et Azad Jafarian
- Avec : Taraneh Alidoosti, Payman Maadi, Navid Mohammadzadeh et Saeed Poursamimi
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Genre : Drame
- Pays : Iran
- Durée : 169 minutes
- Date de sortie : 24 août 2022
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- Note du critique : 9/10 par 1 critique
Une fresque familiale
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par Saeed Roustaee (La Loi de Téhéran), Leila et ses Frères, qui a été présenté en compétition au Festival de Cannes 2022, raconte l’histoire de Leila, qui a dédié toute sa vie à ses parents et ses quatre frères. Très touchée par une crise économique sans précédent, la famille croule sous les dettes et se déchire au fur et à mesure de leurs désillusions personnelles. Afin de les sortir de cette situation, Leila élabore un plan : acheter une boutique pour lancer une affaire avec ses frères. Chacun y met toutes ses économies, mais il leur manque un dernier soutien financier. Au même moment et à la surprise de tous, leur père Esmail promet une importante somme d’argent à sa communauté afin d’en devenir le nouveau parrain, la plus haute distinction de la tradition persane. Peu à peu, les actions de chacun de ses membres entraîne la famille au bord de l’implosion, alors que la santé du patriarche se détériore.
Le scénario de Saeed Roustaee nous entraîne au cœur d’une famille qui fait tout pour s’en sortir financièrement mais qui, à cause de ceux qui la compose et de coups de malchance, n’en voit pas le bout. C’est tout l’intérêt de cette saga familiale des plus intéressantes. En premier lieu, les personnages qui composent la famille. Leila, la seule fille, est intelligente mais reste surtout au service de ses parents. Alizera vient de perdre son emploi dans une usine parce-que celle-ci vient de fermer, Manouchechr vit de petites combines et Parviz et Farhad sont au chômage. Les quatre frères sont tous différents et ont tous des qualités et des défauts. Leila voit tout ça, mais aussi le fait qu’en s’unissant, ils pourraient s’en sortir. Tous ces protagonistes sont bien développés, jusqu’à un dénouement des plus logiques.
Une critique de la société iranienne
Dans cette famille, il y a aussi le père et la mère. Le père est le patriarche par excellence. Il cache tout à ses enfants, ment à tout le monde, mais surtout, il se ment à lui-même. Il s’invente des souvenirs avec une famille qui ne l’aime pas et qui n’aime pas ses enfants parce qu’il veut obtenir le respect de celle-ci. Alors, quand cette dernière veut faire de lui le « parrain » de la famille par tradition, le père s’emballe. C’est alors que tout se mélange pour une histoire d’argent, faisant exploser cette famille et éclater des vérités. C’est tout le drame de cette tranche de vie que nous voyons ici. Là aussi, toute cette trame est bien développée. Même si l’on voit clairement venir certains retournements de situation, il n’empêche que l’ensemble est maîtrisé.
L’univers du film est aussi intéressant. Nous plongeons dans le mode de vie de l’Iran. Nous découvrons les traditions, avec celle du « parrain d’une famille », mais aussi tout ce qui concerne la corruption, les petits boulots pour s’en sortir ou certaines règles absurdes pour conserver son chômage. Comme pour La Loi de Téhéran, Saeed Roustaee profite de cette histoire pour faire la critique de son pays et pointer les choses qui ne vont pas – ce qu’il faisait déjà avec son précédent film, consacré au fléau de la drogue en Iran. Ici, c’est toute la société qui y passe et la manière dont il le fait est prodigieuse. On regrettera seulement le final, qui est un peu à côté de la tonalité de tout ce que nous avons vu auparavant.
Une bonne réalisation
La réalisation est maîtrisée, et même davantage que La Loi de Téhéran. Même si Saeed Roustaee utilise des procédés classiques pour tourner son long-métrage, il nous sort parfois quelques plans assez inspirés. Il gère parfaitement le tempo de ses scènes, qui sont assez longues, pour ne pas que l’on s’ennuie car il faut dire que la durée de 2h49 pourrait en rebuter certains. Le rythme du long-métrage en général ne faiblit pas d’un bout à l’autre.
Par ailleurs, le réalisateur s’est clairement inspiré du Parrain pour certains plans (une porte qui se ferme, par exemple) et certaines séquences, comme celle du mariage. De cette manière, il veut nous faire comprendre qu’il a voulu faire sa version du film, mais adaptée au contexte de son pays.
Des acteurs impliqués et la révélation Taraneh Alidoosti
En ce qui concerne les acteurs, Taraneh Alidoosti est une révélation. Elle incarne Leila à la perfection, que ce soit dans les moments calmes, drôles, durs ou émouvants. Elle est un excellent lead. Navid Mohammadzadeh est aussi très bon dans sa composition d’Ali. Son personnage est celui qui évolue le plus tout au long du film et il le fait aussi parfaitement. Le reste du casting est complété par les bonnes performances de Payman Maadi dans le rôle de Manouchehr et Saeed Poursamimi dans celui de Esmail, le père de famille.
Leila et ses frères est une fresque familiale passionnante à la réalisation maîtrisée, menée par d’excellents acteurs impliqués. Tout simplement l’un des meilleurs films de l’année.