Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 5
- Playstation 4
- Titre : God of War: Ragnarök
- Développeur : SIE Santa Monica Studio
- Scénariste(s) : Matt Sophos, Richard Gaubert
- Editeur : Sony Interactive Entertainment
- Date de sortie : 9 novembre 2022
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- Note : 8/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Dieu de la guerre, cru 2022
Après le God of War 2018 qui avait totalement modifié les règles du gameplay d’origine en nous montrant un Kratos vieillissant et affublé d’un fils qu’il aurait eu avec une géante au beau milieu des royaumes nordiques d’Yggdrasil, c’est peu dire qu’on attendait cette suite intitulée God of War: Ragnarök. La question maintenant est de savoir si cette suite fait honneur à son modèle ou pas, et comme souvent, la réponse est un peu plus ambiguë que ce qu’on pourrait souhaiter.
Alors oui, disons-le d’emblée : God of War: Ragnarök est un excellent jeu. En fait, c’est un jeu qui coche pratiquement toutes les cases pour qu’on lui octroie ce statut. Les graphismes sont très détaillés (même si l’on sent bien que les possibilités de la PS5 sont loin d’être atteintes, la preuve étant qu’il existe une version presque identique sur la PS4), les animations fluides bien que Kratos semble toujours aussi lourd (mais cela se rapporte à la puissance que doit dégager le personnage), les combats rythmés et l’interface correcte, bien que le menu soit plus compliqué que celui de son prédécesseur, et pas toujours à bon escient. Quant à l’histoire, qui fait directement suite aux révélations de la fin de God of War 2018, elle est constituée de plus de twists que l’opus précédent, mais reste relativement dans les clous, tout en ménageant tout de même son lot d’émotions. Bref, là aussi, ça fonctionne.
En fait, tout fonctionne, mais rien ne décolle jamais vraiment dans le jeu.
L’épopée de Ragnarök
Tout d’abord, en ce qui concerne l’histoire, le rythme est là et les combats s’enchaînent, même s’ils se répètent souvent et que les ennemis sont seulement à peine plus variés que dans le précédent opus. La relation entre Kratos et son fils Atreus continue d’évoluer et enrichit l’histoire au fur et à mesure, obligeant le spectateur à rester scotché devant son écran. Tout au plus peut-on accuser quelques petites baisses de régime avec le chapitre « Le sanctuaire perdu », que certains trouveront tout de même agréable car il constitue un moment de respiration dans toute cette débauche de violence (rappelons cependant que c’est pour ça qu’on signe en achetant le jeu).
Néanmoins, tout ce passage sera vite oublié car, dans l’ensemble, on suit avec attention la quête d’Atreus pour connaître la vérité sur ses origines, ainsi que l’ultime combat du duo face à Odin et l’inévitable Ragnarök (qu’ils ont déclenché involontairement par la mort de Baldur dans le précédent volet).
Ce qui est en revanche plus dérangeant, c’est que dès le premier affrontement contre Thor au début du jeu, on se surprend à se dire que bien que la tension soit là, il fait clairement penser au premier combat de God of War 2018, et ce sentiment va demeurer récurrent durant la quasi-totalité du jeu car, à quelques exceptions près, la formule à tendance à lasser et sent un peu trop le réchauffé.
En fait, depuis que le jeu a adopté ce nouveau style de caméra dans le dos de Kratos (trop proche du héros selon nous) et opté pour une histoire plus intimiste, on se surprend parfois à regretter la grandiloquence des précédents volets sur les anciennes consoles. Alors oui, l’histoire a gagné en intensité et en profondeur, mais on aurait peut-être aimé retrouver dans ce volet le fameux Dieu de la Guerre impitoyable qui nous avait tant fait frissonner dans les premières versions. Or, là, on philosophe et bavarde à l’excès, ce qui aboutit certes à de nombreuses bonnes séquences, mais c’est un peu saoûlant à la longue, y compris durant les combats.
L’histoire en elle-même n’est pas complexe, mais elle est intéressante (même si elle ne plaira pas à tout le monde, et peut-être à juste titre) et surtout, la quasi-totalité des personnages s’avère émotionnellement touchante (Freya en particulier). On peut donc considérer que, du point de vue du scénario et des personnages, le jeu fait le job. Néanmoins, il serait exagéré de crier pour autant au génie…
Des mécaniques rodées, mais à peine huilées
Du côté du gameplay, là encore, il est bon de rappeler que celui de God of War 2018 était tout simplement excellent, et qu’il serait donc malavisé de reprocher à cet opus de ne pas l’ avoir réellement modifié. Néanmoins, il faut bien admettre que comme il s’agit d’une suite, la surprise est passée et il aurait été bienvenu d’ajouter quelques éléments, comme dans la série des Batman Arkham, qui avait également pris très peu de risques dans son deuxième volet, pour finalement perfectionner les déplacements en Batmobile dans le 3ème opus, et gagner ainsi énormément en rythme et en gameplay.
Un ajout comme celui-ci (c’est une simple image, loin de nous l’idée d’imaginer Kratos au volant) et quelques petites améliorations sensibles auraient sans doute donné plus de cachet à ce nouvel opus, qui prend le risque de ressembler à une simple version améliorée de son prédécesseur et non à une réelle suite. Les mécaniques de combat entre deux moments épiques pouvant sembler redondantes à la longue et la seule réelle nouveauté provenant de l’aspect RPG (qui colle très peu à l’ensemble) achève de nous convaincre qu’il manque quelque chose.
La bande-son est digne d’un film hollywoodien, mais il lui manque le côté épique des précédents volets, qui avaient l’art de lancer une musique tonitruante quand un gros boss arrivait. Là encore, à part Nidhogg et Garm, les créatures rencontrées restent à échelle humaine.
Terminons en parlant de la durée de vie, qui s’avère correcte (30 heures environ et 10 de plus si vous souhaitez le finir à 100%), mais étirée artificiellement avec des quêtes annexes pas toujours passionnantes, ainsi que des énigmes rébarbatives car presque toujours identiques (brûler le buisson, lancer la hache sur le loquet, repérer l’endroit qui brille…).
Reviens, Kratos !
Si le studio Santa Monica réussit certainement l’un des jeux de l’année, son titre éventuel de champion sera plus contesté que celui de son aîné car, en refusant d’ajouter un petit grain de folie et de créativité, God of War: Ragnarök devient trop sage, trop dirigiste, trop cadré, et ce malgré la promesse d’un monde semi-ouvert qu’on ne peut au final arpenter qu’avec une liberté très relative.
Certains iront peut-être même jusqu’à le qualifier de » jeu de couloir » ou de film interactif. Si l’un ou l’autre de ces deux termes ne sont pas totalement faux, ils sont en revanche trop réducteurs et ne rendraient pas grâce au travail phénoménal qu’il a fallu pour réaliser ce nouvel opus de la licence. Cependant, une forme de déception est compréhensible et, pour l’avenir, il ne serait pas étonnant que le public veuille que la saga mute à nouveau (ou revienne à son ancien modèle) pour récupérer un peu de cette violence complètement gratuite et dévastatrice qui faisait le sel des premiers opus et avait fait du spartiate Kratos le seul et unique Dieu de la Guerre.