[Test – PlayStation 5] The Callisto Protocol : Un jeu old school et prenant

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 5
      Existe aussi sur :
    • Playstation 4
    • Ordinateur/PC
    • Xbox One
    • Xbox Series X/S
  • Titre : The Callisto Protocol
  • Développeur : Striking Distance Studios
  • Scénariste(s) : R. Eric Lieb
  • Editeur : Krafton
  • Date de sortie : 2 décembre 2022
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 6/10

Un sosie de Dead Space

Un survival horror dans l’espace, des monstres lovecraftiens, un héros amené là par la force des événements, des combats nerveux et du gore à outrance, ça ne vous dit rien?


Si vous répondez Dead Space, vous y êtes presque, mais c’est en fait The Callisto Protocol, une sorte de remake sosie dans lequel les similitudes tiennent autant dans le jeu lui-même que dans les concepteurs derrière le projet. Son concepteur principal, Glen Schofield, est également le créateur de Dead Space, qui a emmené avec lui une grande partie des équipes de création dudit jeu pour fonder Striking Distance Studio, dont Callisto Protocol est le premier bébé. Même au niveau de l’intrigue, cela nous fait vaguement penser au scénario de Dead Space deuxième du nom.

En 2320, alors que l’humanité s’est répandue dans le système solaire, Jacob Lee, le capitaine du cargo Charon travaillant pour le compte de United Jupiter Company, voit son vaisseau abordé en plein voyage entre Europe et la prison de Black Iron sur Callisto par la leader du groupe terroriste Outer Way, Dany Nakamura. L’abordage dégénère et le Charon se crashe sur Callisto, les seuls survivants sont Jacob et Dany, qui sont aussitôt arrêtés et incarcérés à Black Iron sur ordre du directeur Duncan Cole. Cependant, cette incarcération s’avère de courte durée car, peu de temps après son arrivée, Jacob assiste impuissant à l’envahissement de la prison par des créatures qui semblent faire muter les prisonniers comme les gardiens. C’est avec l’aide d’un autre détenu nommé Elias Porter qu’il va trouver un moyen de s’évader tout en contenant l’épidémie…

Bon, soyons honnêtes : le scénario ne brille pas particulièrement par son originalité et fait davantage penser aux petites productions télévisuelles de science-fiction qu’on connaissait dans les années 90. Néanmoins, il faut reconnaître que celui de Dead Space n’était pas non plus démentiel, mais il avait un véritable univers avec son monolithe qui faisait penser à 2001, ou avec ses créatures dont il fallait couper les membres (une grande première), ainsi que ses passages en gravité zéro. Bref, ce cocktail, bien que pas toujours original, savait faire illusion ce qui, n’est pas vraiment le cas de The Callisto Protocol qui pioche allègrement dans Alien, The Thing, Event Horizon pour l’ambiance horrifique, voire même d’autres jeux comme Resident Evil 4 ou Resident Evil Village, ce qui, concernant ces dernières, n’est pas forcément judicieux scénaristiquement parlant car, là aussi, une flopée d’explications maladroites des événements nous est brutalement déversée à la fin de la dernière partie du jeu pour expliquer tout ce à quoi vous avez assisté alors que, le reste du temps, vous ne vous renseignez à ce sujet que par des vidéos ou des documents trouvés.

Le jeu lui-même n’est pas forcément effrayant, mais dispose d’une bonne atmosphère et enchaîne les situations comme des conduits sales où l’on entend les bruits des créatures et de leurs victimes (tout en plaçant des temps de chargement sans que ça ne se voit trop), des disparitions de gens qui vous appellent à l’aide ou, au contraire, des apparitions soudaines de créatures, le jeu ne cesse de ponctuer son aventure avec des événements cryptés mais efficaces pour le rythme, au détriment d’une véritable terreur.

un couloir sombre du vaisseau dans le jeu vidéo the callisto protocol

L’effet miroir

Et ainsi, Isaac Clark devint Jacob Lee (une véritable filiation religieuse). Un changement de nom avec pourtant beaucoup de similitudes, que ce soit pour le mécanisme de vie du personnage (nommé ici « Grip ») affiché sur sa nuque (dans l’autre, c’était « la Stase » sur son armure, mais le principe reste le même), des inscriptions sur les murs qui passent de « Cut Off Their Limbs » à « Shoot the Tentacles », des scènes de combat enfermées dans un espace réduit jusqu’à ce que la porte se déverrouille, le piétinement au sol pour achever les ennemis et un soupçon de Resident Evil 4 quand on voit les mutations de certains ennemis.

Bref, les jeux sont plus que similaires, néanmoins, une des grosses différences avec son modèle, c’est le combat au corps-à-corps, quasi inexistant dans Dead Space et qui, dans ce jeu-là, représente clairement au moins 50 % des combats, s’appuyant sur un système de combo alternant attaques de mêlées classiques et attaque lourdes. A souligner cependant l’absence curieuse du demi-tour rapide devenu pourtant un classique ces dernières années pour ce style de jeu, et qui n’aurait pas été négligeable au vu de la dureté des combats.

Qui plus est, la matraque électrique peut, tout comme les armes à feu, évoluer et diversifier ses techniques au bout d’un moment si l’on a investi suffisamment de callisto crédit (obtenue sur les ennemis ou par la revente d’objets de contrebande à la Forge, une sorte d’imprimante 3D dernier cri), débloquant les fonctions esquive, blocage, voire riposte, ce qui dynamise beaucoup les combats, qui sont en eux-mêmes plutôt intenses et résolument brutaux. On sent clairement la violence des coups et la difficulté, car le jeu lui-même est plutôt sadique et intransigeant pour votre personnage (tout en bénéficiant de trois niveaux de difficultés), les combats pouvant durer (trop) longtemps et exiger de vous des nerfs d’acier face à des ennemis véloces et dangereux, à l’exception d’un passage rempli de sosies des infectés de The Last of Us ne réagissant qu’aux sons, qui se voudraient le moment d’infiltration du jeu et qui est complètement loupé à cause du QI de neuneu de vos adversaires.

En plus de la matraque électrique et des armes de poing, vous aurez le GRP, autrement dit l’arme gravitationnelle en remplacement de la « Phase » de la saga Dead Space, qui ne gèle pas les ennemis mais agit plutôt comme une forme de télékinésie vous permettant de paralyser vos adversaires avant de les projeter contre des murs de pics placés là fort à propos (mais en tout illogisme). Un bestiaire au demeurant très peu varié et original rappelant beaucoup trop les fameux « nécromorphes » (à part peut-être les monstres aux langues de crapaud aussi agaçants que laids) et un nombre d’armes à distances réduites au strict minimum afin d’encourager le combat au corps à corps qui, hélas, devient trop foutraque dès qu’au moins trois adversaires apparaissent à l’écran en raison de placements de caméras catastrophiques.

Et ce n’est pas le GRP qui vous sauvera, car ce gadget s’avère au final bien moins utile que « la Phase » de Dead Space en raison de trop grandes approximations dans le gameplay, rendant son utilisation pour le moins chaotique au lieu d’être fun.

le vaisseau dans le jeu vidéo the callisto protocol

Le fils ne tuera pas le père

Bien sûr, tout n’est pas à jeter dans le jeu de Striking Distance Studio. Le gameplay, bien que perfectible, parvient à s’émanciper de son modèle grâce aux luttes de corps à corps. La patte graphique est plutôt réussie (les textures des décors et personnages sont bluffants de réalisme), le rythme est soutenu et ne nous laisse que peu de répit durant la douzaine d’heures nécessaire pour finir le jeu. Tout cela sans compter la capacité du personnage à monter en puissance pour notre plus grand plaisir.

Mais il y a pour chacune de ces qualités un véritable manque d’audace de la part de ses concepteurs, que ce soit les armes, les ennemis, les niveaux, les décors ou le scénario : rien ne s’avère vraiment marquant, car tout a été déjà vu. Dead Space avait pour lui un véritable univers cohérent, qui nous donnait vraiment l’impression de vivre un cauchemar, tandis que Callisto Protocol, lui, c’est le train fantôme de la fête foraine, bordélique, régressif, voire même parfois amusant dans ses délires visuels (la glissade dans le torrent d’eau) ou ses incohérences gores (on ne saura jamais pourquoi il y a des plaques de pics partout dans le vaisseau ou des hachoirs à viande dans certains conduits) mais au goût d’inachevé, avec une synchro labiale parfois aux fraises, un protagoniste qui, sans aucune raison, parle parfois l’anglais ou l’allemand, ainsi qu’une certaine lassitude s’installant à force de faire des allers-retours dans les mêmes couloirs.

En fait, si on remontait le temps et que Callisto Protocol était sorti le premier, il n’aurait pas connu le même engouement que son aîné. Non pas qu’il soit mauvais, mais il n’invente rien et, par conséquent, n’aurait pas autant marqué les esprits que d’autres ténors du genre comme Resident Evil, Silent Hill, F.E.A.R. (saga plus méconnue, mais au potentiel brillant) voire même, plus récemment, Alien Isolation, auquel pour le coup Callisto Protocol aurait dû faire davantage référence en utilisant les robots (rappelant un peu celui du film Le trou noir) du jeu pour étoffer leur bestiaire et varier les situations.

Pas plus une catastrophe que le miracle annoncé, le seul trait de génie dont bénéficie le jeu tient à sa date de sortie. En le plaçant quelques mois avant le retour du ténor du genre, le jeu se garantissait un engouement dû à l’attente des joueurs. D’un côté, il y aura ceux qui n’auront pas adhéré mais se diront qu’ils pourront se rattraper bientôt, et ceux qui n’auront pas passé un mauvais moment en jouant à Callisto Protocol et le percevront comme une répétition avant de rembarquer à bord du vaisseau USG Ishimura.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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