Caractéristiques
- Titre : Umami
- Réalisateur(s) : Slony Sow
- Scénariste(s) : Slony Sow
- Avec : Gérard Depardieu, Sandrine Bonnaire, Bastien Bouillon...
- Distributeur : Zinc Film
- Genre : Comédie dramatique
- Pays : France, japon
- Durée : 1h31
- Date de sortie : 17 mai 2023
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Depardieu au Japon
Umami, le fameux cinquième goût de base au sein de la cuisine japonaise, qui représente un équilibre parfait (il signifie « essence du délice), sert de toile de fond à ce film franco-japonais écrit et réalisé par Slony Sow tourné en 2022, mais sorti dans nos contrées le 17 mai 2023.
Gabriel Carvin, un chef étoilé saumurois, se voit remettre sa troisième étoile de cristal par un critique culinaire. Si sa vie professionnelle semble au beau fixe, il n’en va pas de même pour sa vie personnelle, car sa femme Louise le quitte le même soir.
Cette brutale séparation déclenche une crise familiale qui achève Gabriel, déjà en pleine dépression. Pour se changer les idées, il décide de partir au Japon afin d’assouvir une vieille obsession concernant un concours qu’il a perdu il y a des années face à un autre chef japonais, qui connaissait le secret de l’Umami.
Le film devient alors la quête initiatique d’un homme qui, bien que semblant tout posséder, se retrouve misérable et finalement extrêmement seul.
Si Umami ne saurait constituer un film majeur dans la filmographie de Gérard Depardieu, il devient vite, à sa vision, un objet fascinant car, plus Depardieu avance dans sa vie, et plus chacun de ses films devient une allégorie de l’étape à laquelle il se situe, Umami étant la dernière étape en date d’un homme dont les excès ont fatigué le corps et l’esprit. Se mettant ainsi à nu (au sens propre du terme même, parfois), l’acteur nous embarque avec lui dans son odyssée à la fois visuelle, pour admirer la beauté du Japon, mais aussi spirituelle, afin de nous faire comprendre que, parfois, ce qu’on recherche est finalement sous nos yeux.
Une ode douce-amère
Umami est une fable sous forme de tragi-comédie, portée par divers acteurs et actrices connus comme Sandrine Bonnaire ou Pierre Richard ou bien d’autres de la jeune de génération comme Rod Paradot ou Bastien Bouillon, sans oublier le casting japonais avec, entre autres, Kyozo Nagatsuka. Tout ce beau monde joue son rôle mais, finalement, n’est là que pour porter aux nues le colosse fatigué joué par Gérard Depardieu.
Se rapprochant sans tabou de la réalité en mentionnant ses propres égarements, que ce soit sur l’abus d’alcool avec son triple pontage ou son abus de nourriture riche avec son diabète, son corps brisé comme il l’appelle est finalement une métaphore testamentaire de sa vie à l’heure actuelle.
Depardieu joue en sentant qu’il arrive au bout, mais il n’est pas mort pour autant, pas encore et, justement, c’est ce que le film essaye de dévoiler : il y a toujours un moyen de rebondir, toujours un moyen de continuer à exister et de croire que de bonnes choses peuvent vous arriver. C’est là tout le message d’Umami, un message positif malgré des personnages qui ont parfois du mal à exister ou des scènes et situations qu’on peut juger trop courtes.
La saveur de l’Umami
Ce métrage n’est globalement pas assez long pour totalement développer son propos et nous convaincre pleinement. Tout dans le film, mis à part la présence écrasante de Depardieu (il faut le voir jurer, éructer ou simplement philosopher l’air hagard) relève du trop peu, mais dans ce peu chaque acteur, chaque scène, chaque sentiment, chaque situation qu’ils soient positifs ou négatifs, arrivent la plupart du temps à remplir leur office comme par magie.
Umami est un métrage sans grande prétention, mais plutôt sincère dans son envie de nous faire goûter aux saveurs du Japon et de nous convaincre de croquer la vie à pleines dents. Trop court, inégal, imparfait, mineur, mais nous permettant tout de même de passer un bon moment tout en nous rappelant au passage combien Gérard Depardieu, même encore aujourd’hui, demeure un monstre sacré.