Caractéristiques
- Titre : Club Zero
- Réalisateur(s) : Jessica Hausner
- Scénariste(s) : Jessica Hausner, Géraldine Bajard
- Avec : Mia Wasikowska, Sidse Babett Knudsen, Amir El-Masry, Elsa Zylberstein et Mathieu Demy
- Distributeur : Bac Films
- Genre : Drame, Thriller
- Pays : Autriche, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Danemark
- Durée : 100 minutes
- Date de sortie : 27 septembre 2023
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- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Un scénario qui ne va pas assez loin
Nouveau long-métrage co-écrit et réalisé par Jessica Hausner (Little Joe, Amour Fou), Club Zero, présenté en Compétition au Festival de Cannes 2023, raconte l’histoire de Miss Novak qui rejoint un lycée privé où elle initie un cours de nutrition avec un concept innovant, bousculant les habitudes alimentaires. Sans qu’elle éveille les soupçons des professeurs et des parents, certains élèves tombent sous son emprise et intègrent le cercle très fermé du mystérieux Club Zéro.
Au visionnage de Club Zero, on comprend parfaitement comment il a pu atterrir en compétition à Cannes 2023. Celui-ci avait tout pour être un successeur de Sans Filtre vu que le réalisateur de ce dernier, Ruben Östlund, était cette année le président du festival. Mais si nous allons louer la forme, le fond s’avère, malheureusement, parfois, non maîtrisé et on regrettera qu’il ne soit pas jusqu’au-boutiste, à l’image de la Palme d’or 2022. Club Zero s’intéresse à plusieurs sujets : le fait d’aller trop loin dans un combat ou une cause, le manque de communication entre adolescents et parents, une jeunesse en manque de repères qui se fait embrigader dans un combat qui n’est pas forcément le sien… Pour le premier point, les deux scénaristes (Jessica Hausner et Géraldine Bajard) dénoncent les dérives sectaires de certains combats. Ici, le but est de ne plus manger, ou de manger le moins possible, pour soigner le corps et l’esprit, mais aussi sauver la planète.
Un long-métrage trop sage
Le problème c’est que, au contraire de ses personnages, le scénario ne va pas trop loin. Peut être aurait il mieux valu aller au bout et aller dans le trash, comme pour Sans Filtre, pour dénoncer ce principe. C’est dommage, car il y a certaines scènes, surtout une qui implique du vomi mangé, qui touche au but. C’est sûrement là le reproche que l’on peut faire au film : il est trop sage. Trop sage dans les dialogues, trop sage dans les images qu’il montre.
S’il se veut être une satire acide, ce n’est qu’en surface et c’est bien dommage, car il y avait vraiment de la matière. Même si les adolescents ne sont, limite, que caractérisés par certains traits comme être boulimique, vouloir maigrir pour se sentir mieux d’un point de vue sportif, prendre cette option pour avoir de bonnes notes, obtenir une bourse ou encore se sentir mieux dans sa tête, le mal être de ces jeunes est bien montré et l’embrigadement de Miss Novak est dépeint de manière suffisamment juste et graduelle pour que l’on y croit.
Une réalisation intéressante
Enfin, le rôle des parents est assez divers, mais le manque de communication est présent dans tous les cas, que ce soit pour des parents qui sont physiquement à l’autre bout du monde, des parents qui ne s’intéressent qu’en surface à leur progéniture, une mère célibataire un peu trop impliquée, etc. Tous les stéréotypes y passent, mais on ne retient que le fait que ceux-ci ne voit pas ce qu’il se passe sous leurs yeux et quand ils le découvrent, c’est trop tard. Et, nous le redisons : c’est dommage que le scénario n’aille pas plus loin, soit trop sage, ne soit pas assez acerbe, car le potentiel est clairement là. Un autre problème se pose aussi : c’est le dosage de l’humour. Si celui-ci est assez présent, même si on aurait aimé qu’il le soit encore plus, le dosage avec le drame n’est pas bon et cela entraîne quelques longueurs.
Nous allons nous répéter, mais c’est dommage car, formellement, le long-métrage est techniquement plutôt bon. La réalisatrice essaye de faire des cadres carrés, bien centrés, avec des points de fuite en évidence pour montrer que ce soit à l’école ou chez eux, les adolescents sont emprisonnés dans des boîtes. Elle utilise très bien le zoom pour accentuer certains passage ou répliques d’un personnage et la caméra ne bouge quasiment uniquement que lors des cours de Miss Novak. On retiendra aussi la belle direction photo du film et la musique assez envoûtante et déroutante de Markus Binder.
Un casting solide
Côté casting, Mia Wasikowska offre une performance solide dans le rôle de Miss Novak, que ce soit dans ses postures ou encore sa voix, assez mielleuse pour le coup. Elle donne vie au personnage. Les jeunes adolescents interprétés par Samuel DeClan Anderson, Florence Baker, Gwen Currant, Ksenia Devriendt et Luke Barker font tous un bon travail. Ils ont tous leur moment, surtout Ksenia Devriendt qui a un bon monologue lourd de sens et une scène impliquant du vomi. Enfin, du côté des parents, on retiendra la performance de nos deux acteurs français, Elsa Zylberstein et Mathieu Demy, qui interprètent les parents d’Elsa. Par leur interprétation, les deux personnages étant assez différents, ils montrent différents types de parents.
Club Zero ne va pas assez loin dans sa satire, son humour et du coup dans les thèmes développés. Si la réalisation et le casting sont clairement au niveau, on regrette que le scénario ne le soit pas autant.