Caractéristiques
- Titre : Bernadette
- Réalisateur(s) : Léa Domenach
- Avec : Catherine Deneuve, Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Sara Giraudeau, Laurent Stocker, François Vincentelli et Lionel Abelanski.
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Comédie
- Pays : France
- Durée : 92 minutes
- Date de sortie : 4 octobre 2023
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Ceci n’est pas un biopic
Premier long-métrage co-écrit et réalisé par Léa Domenach, Bernadette raconte l’histoire de Bernadette Chirac qui, quand elle arrive à l’Elysée en 1995, s’attend à obtenir enfin la place qu’elle mérite, elle qui a toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président. Mise de côté car jugée trop ringarde, Bernadette décide alors de prendre sa revanche en devenant une figure médiatique incontournable…
Attention, Bernadette n’est pas un biopic. C’est précisé, avec humour, au tout début du film. Certes, le film utilise des événements réels, mais tout le reste est fictif. Tout ceci dans un but précis, mais nous y reviendrons. L’histoire se déroule donc de 1995 à 2007, lors des deux mandats présidentiels de Jacques Chirac. On y découvre Bernadette Chirac qui essaie tant bien que mal de se faire une place à l’Elysée. Elle n’est clairement pas une potiche et se révèle même avoir un meilleur sens politique que son mari et ses conseillers. Cela donne lieu à des scènes amusantes, surtout lors de la dissolution de l’assemblée en 1997 ou encore quand Jean-Marie Le Pen arrive au second tour de l’élection présidentielle en 2002. Alors oui, si vous connaissez bien les événements qui se sont déroulés durant ces périodes, vous rigolerez bien. On retiendra notamment une séquence culte de 1998 où le président ne connaissait pas les noms des joueurs de l’équipe de France de football lors de la finale de la coupe du monde. Un très grand moment.
Une émancipation hilarante
Evidement, les thèmes sont l’affirmation de soi et le féminisme, ou plutôt l’égalitarisme car Bernadette Chirac veut être considérée à la hauteur des sacrifices qu’elle a faits pour son mari. Elle a été élue de Corrèze et son sens politique est aiguisé. En se rebellant contre le patriarcat, elle va changer son image auprès de la population française, et même devenir le plus gros atout de son mari pour sa réélection en 2002. Une émancipation qui se fait naturellement et, surtout, qui est très bien développée tout au long du film.
Le tout avec un humour qui fait mouche quasiment à chaque fois, déclenchant des rires francs. Cela passe surtout par des répliques cinglantes que lance le personnage de Bernadette ou encore certaines situations provoquées par la première dame et que découvrent d’autres personnages. Les réactions sont hilarantes. On a le droit aussi à un gag récurrent amusant avec Nicolas Sarkozy qui en fera sourire certains.
Une dimension dramatique bien gérée
Outre cela, il y a aussi les relations avec ses deux filles. Elle se retrouve presque en compétition avec sa fille Claude, qui est la conseillère de son père à l’Elysée. Avec Laurence, la situation est plus dramatique puisque celle-ci, souffrant d’anorexie, est l’un des moteurs de Bernadette Chirac pour participer aussi activement à des œuvres caritatives, dont certaines qu’elle a créées (les pièces jaunes ou la maison de Solenn, par exemple).
Cette dimension plus dramatique est légèrement explorée comme, également, lorsque Jacques Chirac a eu un AVC ou encore quand il l’a trompée. Cela fait partie intégrante de l’histoire et explique certains traits de caractères de Bernadette Chirac. Au-delà du rire, nous avons de la compassion pour le personnage, celui d’une femme que l’on a rangée dans une boîte pendant des années et qui en a eu marre. Une histoire d’émancipation vue avec humour.
Une première réalisation classique
En ce qui concerne la réalisation, il y a peu à dire. Léa Domenach ne prend pas trop de risques techniquement parlant pour son premier long-métrage. Elle a tout de même un très bon timing comique. Les décors nous plongent bien dans les coulisses du palais de l’Elysée et les différents costumes, surtout les différents tailleurs de Bernadette Chirac, conviennent parfaitement aux différents personnages.
On notera aussi que les choix d’acteurs et actrices pour certains personnages politiques (Dominique de Villepin, Alain Juppé, etc.) sont très bien choisis pour leurs ressemblances avec les personnes réelles. Du coup, si vous connaissez les figures politiques de cette époque, vous les reconnaitrez assez facilement. Le tout est bien accompagné par une musique d’Anne-Sophie Versnayen. De plus, avec sa courte durée et son humour bien géré tout du long, le long-métrage passe à une vitesse folle.
Une Catherine Deneuve irrésistible
Mais la grande force de Bernadette est évidemment Catherine Deneuve dans le rôle titre. Elle incarne la première dame avec un humour irrésistible. On sent clairement qu’elle prend un plaisir non dissimulé à jouer Bernadette Chirac, et c’est contagieux auprès du spectateur. Elle porte le film grâce à son talent qui n’est, évidemment, plus à démontrer. Elle est bien secondée par Denis Podalydès qui interprète son conseiller. Michel Vuillermoz campe un Jacques Chirac plus vrai que nature. Sara Giraudeau se glisse tout naturellement dans la peau de Claude Chirac. Laurent Stocker, François Vincentelli et Lionel Abelanski complètent un casting de haute volée.
Porté par une Catherine Deneuve immense et irrésistible, Bernadette est une comédie réussie, que ce soit par son humour qui fait mouche ou par ses thèmes parfaitement développés. On passe un très bon moment et on rit beaucoup. Un faux biopic mais une vraie bonne comédies, l’une des meilleures de l’année.