Caractéristiques
- Titre : Numéro 10
- Réalisateur(s) : David Diane
- Avec : Ibrahima Diallo, Ilyes Djadel, Camille Chamoux, Matthias Quiviger, Chloé Lecerf...
- Genre : Drame
- Pays : France
- Durée : 90 minutes
- Date de sortie : 26 janvier 2024 sur Amazon Prime Video
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Un choix de cœur qui devient politique
Second long-métrage réalisé par David Diane (Comment tuer sa mère), Numéro 10 raconte l’histoire d’Ousmane Diallo, 20 ans, qui est la nouvelle star internationale du football. Lors d’une soirée qui va marquer un tournant dans sa vie, il va devoir choisir dans quelle équipe nationale il va jouer pour le restant de sa carrière. La France, le pays où il est né et qui l’a vu grandir ou bien le Sénégal, la patrie de son père, Hamidou ? Le monde entier semble avoir son avis sur la question. Ousmane a une nuit pour se décider. La plus longue nuit de sa vie…
Le long-métrage, d’une petite durée (1h30 avec générique), est efficace. La nuit que va passer Ousmane avec son ami Ilyes va le conforter dans un choix qui n’est pourtant pas facile. Durant cette nuit, dont les heures s’écoulent à l’écran, le jeune footballeur va aller de révélations en révélations sur sa famille, notamment sur ce que son père a fait et qui va l’amener à comprendre le sentiment anti-français de celui-ci, mais aussi, bien sûr, comprendre l’importance de son choix qui, de toute façon, sera interprété de façon politique. Surtout, il devra écouter son cœur et ce qu’il pense être le mieux. Au travers de ses pérégrinations dans le Paris des soirées chics jusqu’aux HLM des quartiers défavorisés, il sera confronté à des arguments qui iront soit pour la France, soit pour le Sénégal. L’ensemble est convaincant et équilibré. Chaque ressort scénaristique est fait pour guider le jeune homme dans son choix qui, au final, paraitra logique, mais surtout lourd de sens.
Un constat sur la France
Au-delà d’une histoire à rebondissements assez simple, c’est surtout un constat sur la France qui est fait au travers de Numéro 10. Le fait de devoir choisir sa nationalité sportive est compliqué pour les joueurs bi nationaux. Certes, ils sont nés en France, mais ils ont autant une culture française que celle du pays d’origine de leurs parents. Au-delà du choix sportif, cela montre que certains défendent cette double culture, et surtout que cela est tout à fait compatible, tandis que d’autres préfèrent une culture à une autre. Ici, le fait que le père d’Ousmane est Sénégalais et sa mère Française fera que son choix sera interprété comme éminemment politique. En cela, le film montre bien comment les uns et les autres tentent de convaincre le jeune homme au fur et à mesure du film. Que ce soit les autres sportifs, ses proches ou encore des inconnus, tous y vont de leurs avis et arguments, qui, pour la plupart, sont pertinents.
Une autre chose bien faite : celui de montrer le racisme dont peut être victime un jeune issu de l’immigration. Ici, cela est montré via une célèbre émission d’after de sport, mais aussi le sentiment anti-français représenté à travers l’histoire du père d’Ousmane. Un thème qui est rarement abordé, et qui est bien traité. D’ailleurs, Numéro 10 évite de montrer une police sous son mauvais jour lors d’une scène d’intervention. On sent clairement que les scénaristes Rémi Moutaïrou et Simon Moutaïrou n’ont pas voulu tomber dans le sensationnalisme, mais plutôt privilégier le réalisme. D’ailleurs, il faut dire que tout le film est comme ça : on ne tombe pas dans la facilité des clichés, que ce soit sur la banlieue ou la police, et c’est assez rafraîchissant.
La révélation Ibrahima Diallo
Côté technique, David Diane s’en sort vraiment bien et s’avère même inspiré lors de quelques plans séquences (vrais ou faux) qui fonctionnent bien et une bonne utilisation du steadycam pour suivre ses personnages lors de leur déambulation… Il montre aussi bien le côté paillette des soirées chics de Paris que le côté délabré (mais pas que) de certains quartiers. Un travail propre et qui donne une bonne identité visuelle au film.
Coté casting, le boxeur Ibrahima Diallo fait une entrée remarquée dans le monde du cinéma avec une belle première prestation. On ne dirait pas que c’et la première fois qu’il joue. Cela semble naturel pour lui et il sera intéressant de suivre sa carrière. Ilyes Djadel joue le comique de service, tout en ayant un rôle assez crucial vers la fin, et l’acteur joue bien sur plusieurs tableaux. Camille Chamoux, Matthias Quiviger (alias Ragnar le Breton) et Chloé Lecerf ont peu de scènes, mais ils leurs interprétations sont sérieuses. On notera aussi les apparitions de vrais sportifs (footballeurs ou autres) et journalistes qui apportent un peu plus de réalisme à l’histoire.
Numéro 10 est donc un petit film court, efficace, rythmé, bien réalisé et bien interprété, qui ne tombe pas dans certains clichés faciles.