[Critique] Les Beatles à Paris – Vassilia & P. Thirault, Christopher & Degreff

Caractéristiques

  • Titre : Les Beatles à Paris
  • Auteur : Vassilia & Philippe Thirault (scénario), Christopher & Degreff (dessin)
  • Editeur : Robinson
  • Date de sortie en librairies : 6 mars 2024
  • Format numérique disponible : Non
  • Nombre de pages : 80
  • Prix : 19,99 €
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 6/10

En 1964, les Beatles s’installent à Paris pour 3 semaines et une quarantaine de concerts au mythique Olympia. La beatlesmania bat son plein au Royaume-Uni, mais les quatre garçons dans le vent sont encore inconnus dans le pays de Johnny.

Comment en 3 petites semaines, Ringo, Paul, George et John sont-ils passés de presque inconnus à boys band ultra populaire ? Une bande dessinée, Les Beatles à Paris, se propose d’y répondre.

Draw Me Do

Les auteurs, Vassilia et Philippe Thirault, Christopher et Degreff, ont souhaité raconter cette période particulière de la vie (alors balbutiante) des Beatles à travers une bande dessinée assez classique sur la forme, pour ne pas dire convenue.

D’inspiration ligne claire, le dessin reste simple mais efficace. Les personnages ne sont pas tous très reconnaissables, et il faut un certain temps pour se faire aux visages des différents membres du groupe et de leur entourage. On pourra toutefois se référer à l’excellente description de l’ensemble des personnages à la fin, une aide précieuse pour les identifier et les replacer dans le contexte.

Le découpage fait preuve de quelques fulgurances bienvenues : les planches évoquant les concerts sont dynamiques et visuellement très efficaces. Il est toujours fascinant de voir comment les dessinateurs réussissent à rendre vivants des instants musicaux purement abstraits. Par d’autres moments, les scènes se révèlent plus maladroites, avec des événements pas assez lisibles ou un manque de fluidité dans la narration (comme ces problèmes techniques lors des premiers concerts, qu’on peine à saisir immédiatement).

Notons enfin un réel effort sur le rendu du Paris de l’époque. La ville est bien retranscrite, et l’ambiance est vraiment palpable : l’immersion dans la folie créatrice des sixties est un régal.

planche concerts les beatles à parisDo You Want to Know a Secret

L’album raconte donc la montée de la beatlesmania en France, là où elle n’était encore confinée qu’au Royaume Uni. Nos quatre garçons pas encore dans le vent ne joueront qu’une demi-heure par concert, le public venant pour voir les stars du moment (Trini Lopez en tête), ou jeter des tomates à la débutante Sylvie Vartan. Ils profiteront alors de la vie parisienne, honorant un contrat signé quelques mois auparavant par leur manager Brian Epstein, avant que leur popularité n’explose outre-manche.

Une foultitude de détails narratifs et visuels raviront les connaisseurs, preuve d’une documentation solide et d’une passion sincère de la part des auteurs : les événements contés collent au plus près à la réalité historique.

Revers de la médaille, le manque d’explication pourra perdre les néophytes qui ne seront pas aidés par une narration décousue : l’album se découpe en une succession de petites scénettes à la chronologie pas toujours très claire. Les transitions parfois floues nous obligent par moment à revenir en arrière pour comprendre le déroulement de l’intrigue et l’on peut se perdre dans le récit par manque de marqueurs temporels, malgré une histoire somme toute linéaire.

On se laisse malgré tout porter par ces tranches de vie, sans vraiment savoir où la BD veut nous emmener. Certains clins d’œil font sourire (le succès insolent de Johnny Halliday face à celui plus mitigé de sa compagne d’alors Sylvie Vartan, l’évocation de la tant fantasmée Brigitte Bardot…), d’autres passages sont particulièrement amusants (la bataille d’oreillers ou l’enregistrement de chansons en allemand), compensant le manque de fluidité de l’histoire.

planche van bd les beatles à parisWith the Beatles

Tout tourne donc autour des quatre musiciens, qui apparaissent ici comme un groupe, une entité unique. Nous avons à faire à une joyeuse bande d’ados en voyage scolaire, avec un côté mai 68 avant l’heure. Mais c’est le seul trait de personnalité mis en avant : des coureurs de jupons ne souhaitant que s’amuser. Chacun des Beatles apparaît trop lisse, sans aspérité, pour un résultat somme toute fade. L’histoire n’est pas racontée par le prisme de ses personnages, aussi l’évolution de leur popularité grandissante reste-t-elle obscure.

Certes, des arcs narratifs tentent de donner de l’épaisseur à nos Fab Four, comme Paul McCartney qui perd son inspiration. On découvre sa difficulté à écrire de nouvelles chansons, sans que l’on en comprenne vraiment la raison, ni pourquoi sa verve créatrice va revenir. Idem pour l’arrivée tardive de Ringo : une situation cocasse, mais dont les auteurs ne tirent pas vraiment partie.

Au bout du compte, on se demande s’il y avait réellement tant que ça à raconter. On se laisse porter, mais on en ressort sans comprendre ce qui a provoqué cette montée de popularité, bien trop soudaine. L’album est plaisant, mais laisse une curieuse impression de superficialité, malgré une grande richesse dans les références.

Cette bande dessinée s’adresse aux spécialistes du groupe, qui se régaleront, tant les détails sont nombreux et montrent l’amour des auteurs pour leur sujet. Les autres, par contre, passeront à côté du récit, sans arriver à toucher du doigt l’intérêt de ces semaines parisiennes.

Article écrit par

En 1992, soit à 12 ans, je décide avec mon frère de vendre nos jouets à la brocante du village afin de pouvoir nous acheter la Super Nintendo. Ce fut le début de ma passion pour Zelda, Mario et autres Secret of Mana ou F-Zero. Puis, j'ai découvert la Megadrive, la Playstation ou la XBox : le mal était fait. Je peux m'émouvoir devant l'introspection de Celeste ou l'expérience procurée par Journey, faire ressortir mon côté bourrin avec God of War, me sentir mal à l'aise pendant la progression de Shadow of the Colossus. Mais avant tout, j'aime passer du temps dans des univers forts, m'évader dans un Final Fantasy (le VI avant tout), explorer la carte d'un Zelda Breath of the Wild, découvrir le monde d'un Xenoblade...

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