[Test – PlayStation 5] BlackSad: Under the Skin : Un portage décevant

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 5
  • Titre : Black Sad: Under the Skin
  • Développeur : Pendulo Studios & Ys Interactive
  • Editeur : Microids
  • Date de sortie : 27 juin 2024
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  • Note : 4/10

Partant d’une bande dessinée déjà culte, Blacksad: Under the Skin, un jeu très écrit mais cabossé, sortait en 2019 sur les consoles de l’époque. Un roman interactif haletant et malin, qui tombait devant une technique défaillante et un manque flagrant de finition. Une réédition cette année sur des machines plus puissantes permet-elle de corriger le tir ? La Playstation 5 va nous permettre de répondre à cette question…

Un jeu d’origine fidèle à la BD mais techniquement défaillant

Blacksad est une bande dessinée espagnole éditée en France, dessinée par Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido, qui a fait forte impression à sa sortie en novembre 2000 et dont le succès après 7 albums ne se dément pas. Version BD anthropomorphe des films noirs américains des années 50, l’œuvre en reprend l’ambiance, le ton, les thèmes abordés, aidée par des dessins et une mise en couleurs impressionnants.

En 2019, Microids s’est fendu d’une adaptation en jeu vidéo sur les machines de l’époque (PS4, Xbox One, Switch et PC) avec un grand respect pour le matériel original. On retrouve la finesse d’écriture, le design si caractéristique des personnages, les rebondissement d’une histoire pas si naïve, et un sous-texte intéressant sans être trop pesant. Malheureusement, la technique ne suivait pas, rendant le jeu désagréable à parcourir.

En 2024, Blacksad: Under the Skin ressort, actualisé pour les consoles modernes (PS5 / Xbox series X), version qui nous intéresse ici.

blacksad se bat contre le rhinocéros dans le jeu vidéo blacksad under the skin sur ps5

Une enquête haletante à l’atmosphère réussie

Nous retrouvons donc le détective félin John Blacksad, embauché pour enquêter sur la mort troublante du propriétaire d’un club de boxe. Ce point de départ va être l’occasion de rencontrer une belle galerie de personnages, que ce soit lors d’interrogatoires ou d’interactions plus ou moins musclées.

Après une introduction faisant office de tutoriel, avec un premier choix cornélien (doit-on dénoncer l’infidélité de notre cher rhinocéros ou la cacher à sa femme ?), débute l’histoire principale du jeu : on arrive dans ce club de boxe dont le propriétaire a été retrouvé pendu, suicide auquel personne ne croit. C’est alors parti pour une petite dizaine d’heures d’une enquête pas avare en rebondissements.

On se laisse facilement absorber par le scénario grâce à une écriture habile, elle-même renforcée par un doublage français de bonne facture. L’ambiance de film noir est bien présente, et le matériau d’origine, la bande dessinée, est traité avec respect.

On est tenu en haleine jusqu’aux dernières minutes, avec une histoire qui prend de l’ampleur au fur et à mesure des retournements de situation et de scènes pleines de tension (notamment la partie de poker et tout ce qui l’entoure, une vraie réussite).

blacksad dans les escaliers dans le jeu vidéo blacksad under the skin ps5

Une esthétique datée, un gameplay classique

On retrouve également quelques bouilles emblématiques de la BD, avec un passage à la 3D des personnages et des décors relativement réussis, malgré des textures trop lisses. En revanche, les lieux sont désespérément vides, laissant l’impression de se balader dans des décors de cinéma, et non dans une ville vivante. Si, sur PS4, l’aspect technique était déjà daté, l’impression est pire sur PS5. Ce n’est pas un ratage total, mais l’immersion en prend un coup.

Côté gameplay, Blacksad: Under the Skin sur PS5 reste très classique. Nous contrôlons le célèbre détective dans différents environnements (club de boxe, appartements, hôpital…) afin d’interroger les protagonistes de l’histoire et de récolter les indices.

Quand on rencontre un personnage, une discussion se lance. Nous avons alors un choix de questions ou de réponses à adresser, parfois en un temps limité (le timing reste toutefois largement suffisant pour la réflexion). Si une décision importante a été prise, un message apparaît pour le souligner. Toutefois, il est difficile de mesurer son impact sur l’histoire ou sur Blacksad. Contrairement à Heavy Rain, par exemple, le déroulement des événements reste le même quels que soient nos choix.

Dès qu’une information importante est révélée, elle est enregistrée dans l’écran de « déductions », sur lequel nous pouvons associer des idées pour en déduire les éléments clés de l’histoire. Plutôt malin, même si trop guidé, ceci nous donne l’impression d’être acteur de l’histoire, et de quitter pour quelques minutes l’aspect roman interactif très dirigiste.

Un jeu bâclé et trop dirigiste

En effet, la trame de l’histoire reste linéaire. Les lieux ne sont accessibles que lorsque l’intrigue nous y amène et il est impossible d’y revenir par la suite. L’avantage, c’est que l’on sait toujours quoi faire dans n’importe quelle circonstance, et notre rôle se limitera à interroger les personnages, fouiller les environnements et donc obtenir des déductions.

Parfois, une scène d’action se déclenche, comme un combat, et quelques QTE (Quick Time Event) apparaissent, brisant la monotonie de la boucle de gameplay. Cela reste heureusement léger et permissif et si, par malheur, nos doigts ratent le bon timing, l’action reprend quelques secondes avant le moment meurtrier, évitant ainsi toute frustration.

Enfin, que serait un jeu moderne sans son lot d’objets inutiles à récupérer ? Dans Blacksad: Under the Skin, nous avons une série de cartes autocollantes façon album Panini à trouver un peu partout. Il s’agit de bien fouiller chaque écran, car, sans possibilité de retour en arrière, si on en rate une, on ne la reverra jamais. Telle cette vignette que l’on voit, placée sur une table à côté d’un autre élément important pour l’histoire : si par malheur vous décidez d’interagir d’abord avec ce dernier, vous enclenchez la suite de l’intrigue, dans un autre lieu, et vous pouvez dire adieu au collectable (et donc au 100%).

Ceci est symptomatique de l’aspect bâclé du jeu, à l’image de sa technique défaillante et de son manque de finition flagrant.

Problèmes de maniabilité et bugs en tous genres

Le premier contact avec Blacksad: Under the Skin est compliqué : notre gros matou est lent et se déplace difficilement, un paradoxe pour un chat ! Ce sentiment de contrôler un tank ne disparaitra malheureusement jamais. Ainsi, se placer devant un élément précis peut-il devenir un enfer dans des espaces restreints, l’indicateur d’action ne se déclenchant que si l’on est pile poil au bon endroit, sans aucune souplesse. L’impression de diriger un éléphant dans un magasin de porcelaine est extrêmement frustrante.

Par conséquent, chaque interaction, quelle qu’elle soit, devient problématique. Se placer parfaitement au bon endroit pour enclencher l’action souhaitée devient un jeu dans le jeu, et l’on rage plusieurs fois de ne pas pouvoir faire ce que l’on veut. A tel point qu’il n’est pas rare d’abandonner d’essayer de récupérer une carte après quelques essais infructueux.

Ajoutons à cela des bugs incompréhensibles : des personnages qui se figent quelques secondes pendant une scène de dialogue (passons sur la mauvaise synchronisation des lèvres), des éléments de décor (pourtant bien peu nombreux) qui clignotent, disparaissent et (avec un peu de chance) réapparaissent, ou des transitions entre deux scènes qui saccadent, peinant à masquer les temps de chargement. Si, encore, il s’agissait de bugs éparses… Mais non, tout ceci est présent à chaque lieu, chaque moment de l’intrigue, augmentant l’énervement du joueur.

Déjà, lors de sa première sortie, le manque d’optimisation et les problèmes de jouabilité avaient été pointés du doigt. Cinq ans plus tard, sur des consoles plus récentes et mieux maitrisées, les problèmes sont toujours là. Nous avons affaire à un portage sans aucune amélioration, une opération purement opportuniste misant sur la notoriété de la bande dessinée, sans considération pour les joueurs.

Quel gâchis ! J’aurais aimé tellement conseiller Blacksad: Under the Skin, pour son grand respect de l’univers de la BD, son écriture subtile, son absence de temps mort : avancer dans l’intrigue et dénouer cette histoire de suicide est un plaisir pour les amateurs de films ou romans noirs.

Pourtant, l’expérience est gâchée par une jouabilité horripilante, des bugs d’affichage bien trop nombreux, ou encore des transitions plombées par un manque flagrant d’optimisation. Les développeurs n’ont malheureusement pas profité de ce portage pour corriger les défauts du jeu, et cela ne peut pas être encouragé, par respect pour les joueurs.

Article écrit par

En 1992, soit à 12 ans, je décide avec mon frère de vendre nos jouets à la brocante du village afin de pouvoir nous acheter la Super Nintendo. Ce fut le début de ma passion pour Zelda, Mario et autres Secret of Mana ou F-Zero. Puis, j'ai découvert la Megadrive, la Playstation ou la XBox : le mal était fait. Je peux m'émouvoir devant l'introspection de Celeste ou l'expérience procurée par Journey, faire ressortir mon côté bourrin avec God of War, me sentir mal à l'aise pendant la progression de Shadow of the Colossus. Mais avant tout, j'aime passer du temps dans des univers forts, m'évader dans un Final Fantasy (le VI avant tout), explorer la carte d'un Zelda Breath of the Wild, découvrir le monde d'un Xenoblade...

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