Caractéristiques
- Titre : Joker : Folie à Deux
- Réalisateur(s) : Todd Phillips
- Avec : Joaquin Phoenix, Lady Gaga, Zazie Beetz, Brendan Gleeson, Catherine Keener, Jacob Lofland, Steve Coogan et Ken Leung.
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Action, Drame, Romance
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 139 minutes
- Date de sortie : 2 octobre 2024
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- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage co-écrit et réalisé par Todd Phillips et suite de Joker sorti en 2019, Joker : Folie à Deux se déroule à quelques jours du procès d’Arthur Fleck pour les crimes commis sous les traits du Joker. Il rencontre le grand amour et se trouve entraîné dans une folie à deux. Une excellente suite à un excellent film ?
Un côté procédural passionnant
S’il y a de bonnes choses dans Joker : Folie à Deux, qualitativement, le scénario est moins bon que le premier opus et ce, pour deux grosses raisons. L’histoire se partage entre deux grosses trames narratives. D’un côté, nous avons l’histoire d’amour entre Arthur « Joker » Fleck et Harleen « Lee » Quinzel. Et d’un autre, nous avons le procès d’Arthur. Le côté procédural du long-métrage est le plus intéressant, car on s’attaque à l’analyse de la (ou des) personnalité(s) d’Arthur pour savoir s’il est bien coupable des meurtres qu’il a commis ou s’il est fou. En cela, les psychiatres et les témoins des événements du premier film, dont Sophie Dumont (Zazie Beetz, toujours correcte dans son interprétation) et Gary Puddles (l’émouvant Leigh Gill) défilent à la barre pour donner leur vérité.
En face de l’avocate de la défense (incarnée par une Catherine Keener toujours excellente), nous avons un certain Harvey Dent (très bon Harry Lawtey) qui, convaincu que Arthur n’est pas fou, veut le faire condamner à mort. Et cette analyse est aussi passionnante que les réactions qu’elle déclenche chez Arthur jusqu’à sa déclaration finale. L’étude de personnage est donc tout aussi bonne que dans le premier film. D’ailleurs, le procès du Joker aurait dû être la base de la suite de The Dark Knight si Heath Ledger n’était pas décédé. On comprend donc aisément pourquoi Todd Phillips est parti dans cette direction.
Une partie comédie musicale trop lourde et répétitive
Sauf que, les co-scénaristes (Todd Phillips et Scott Silver) ratent partiellement l’histoire d’amour pour deux choses. La première, c’est que cette romance se déroule quasi uniquement en chansons. Le procédé en lui-même ne poserait pas problème s’il ne se répétait pas. Si la moitié des chansons sont pertinentes pour l’évolution du scénario (avec la reprise de certains classiques de comédies musicales), l’autre moitié est répétitive dans les thèmes de l’histoire d’amour au point où, parfois, on sait qu’on va avoir droit à une chanson. Qu’on sait qu’elle va répéter ce qu’on a déjà entendu il y a quelques minutes et du coup, on s’ennuie, ce qui est un comble. Alors oui, les chansons nous entraînent dans le monde fantaisiste de l’amour entre Arthur et Lee mais, de la façon dont cela est géré, le concept a clairement ses limites. Enfin, les chansons sont très blues/jazz. Il aurait fallu plus de diversité musicale pour vraiment renouveler et donner plus de peps à cette partie.
L’autres grosse erreur est la gestion du personnage de Harleen Quinzel. Dans les comics (et dans la plupart de ses adaptations), elle est une psychiatre qui analyse le Joker. Elle en tombe amoureuse et le suit dans sa folie. Ici, ce n’est pas le cas. Lee est une personne qui va se faire interner exprès pour rencontrer Arthur. On dit vaguement qu’elle a fait des études de psychologie, mais elle passe plus pour une groupie du Joker qu’autre chose. De plus, on ne connait jamais vraiment ses intentions à cause de ses différents mensonges. Là aussi, c’est assez mal géré, même si on comprend ainsi que les actes commis par Arthur dans Joker ont des conséquences. Cela aurait pu passer (et cela passe à un moment du film) par autre chose. Clairement, le plus judicieux aurait été qu’elle soit tout simplement psychiatre.
Joaquin Phoenix-Lady Gaga : Une bonne alchimie
Elle aurait pu analyser le personnage dans l’ouverture du film et, avec un montage (cette suite se déroule deux ans après les événements du premier), montrer comment elle en est tombée amoureuse. De plus, avoir son avis lors du procès aurait été une scène particulièrement intéressante. Et c’est vraiment dommage car, même à l’asile d’Arkham où est emprisonné Arthur depuis deux et dans lequel on fait des allers-retours entre les scènes du procès, il y a des scènes passionnantes. Il y a un certain jeu entre les gardiens, mais surtout le gardien principal incarné parfaitement par Brendan Gleeson, et Arthur qui évolue selon ce qui se déroule durant le procès. Il y a également un thème un peu traité mais qui aurait mérité de l’être un peu plus et qui est que tout le monde pourrait être le Joker. Une idée intéressante, qui trouve quelques échos durant le film jusqu’au final.
Du côté des performances principales, Joaquin Phoenix et Lady Gaga sont excellents. Le premier connait bien son personnage et l’interprète encore de belle manière, même si, du côté de sa voix, pour les parties musicales, le résultat est assez limité. Pour la seconde, malgré les défiances que nous avons par rapport à son personnage, elle offre une belle interprétation, que ce soit au niveau de l’acting ou, évidement, vocal. De plus, l’alchimie entre les deux acteurs est bien présente.
Une réalisation propre mais un rythme qui ne marche pas
Côté réalisation, Todd Phillips fait toujours quelque chose de propre. Cela reste classique, mais avec tout de même quelques bons plans-séquences. De plus, il sépare bien l’univers réel assez terne, avec des couleurs gris/vert et les couleurs fantaisistes et clinquantes de l’histoire d’amour et des scènes musicales. Par contre, un autre défaut du film inhérent à ce que nous avons dit par rapport au scénario, c’est le rythme. Le passage entre le réel et les parties musicales est mal géré. Du coup, nous avons un rythme un peu bâtard tout au long du film. On regrette aussi la sous-utilisation de la musique de Hildur Guðnadóttir qui appuyait bien le passage à la folie dans le premier volet mais qui, ici, fait quelques apparitions sporadiques en raison de la nature musicale de Joker : Folie à Deux.
Vu la qualité du premier volet, on s’attendait à un second opus avec autant de qualités, mais ce n’est pas le cas, et c’est clairement une déception, à cause d’une écriture, de choix scénaristiques et d’un rythme mal géré. Et c’est dommage car, avec quelques rectifications, Joker : Folie à Deux aurait pu être une très grande suite. Reste un univers et des idées toujours passionnantes et de magnifiques interprétations.
