Caractéristiques
- Titre : Sur un Fil
- Réalisateur(s) : Reda Kateb
- Avec : Aloïse Sauvage, Philippe Rebbot, Jean-Philippe Buzaud, Sara Giraudeau et Samir Guesmi
- Distributeur : Universal Pictures International France
- Genre : Comédie dramatique
- Pays : France
- Durée : 116 minutes
- Date de sortie : 30 octobre 2024
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Premier long-métrage co-écrit et réalisé par Reda Kateb, Sur un Fil raconte l’histoire de Jo, une jeune femme artiste de cirque de rue, qui découvre le travail des clowns professionnels de « Nez pour rire ». Vite – peut-être trop vite – entrée dans l’association, elle se retrouve à l’hôpital au contact des enfants, des malades, des soignants et des familles, à qui ces clowns tentent inlassablement d’apporter de la joie et du réconfort.
Une plongée avec des clowns dans les hôpitaux pour enfants
Et le résultat est très convaincant pour un premier long-métrage. Le scénario s’intéresse donc à Jo, une acrobate de cirque qui va se blesser lors d’une représentation. Dans l’attente de reprendre le cirque, elle doit trouver un autre moyen de se faire de l’argent. Elle découvre, en même temps que le spectateur, le travail des clowns professionnels dans les hôpitaux. Avec deux de ses compères, Gilles alias Poireau (Philippe Rebbot, juste parfait dans son rôle) et Thierry, alias Roger Chips (le très amusant Jean-Philippe Buzaud), elle va devoir égayer la journée et remonter le moral des enfants, mais aussi des parents, le moral et la bonne santé mentale des enfants qui souffrent étant un allié fondamental dans leurs chances de guérison. Les clowns sont aussi là pour divertir l’équipe médicale, qui doit accuser certains moments assez durs. On découvre donc un écosystème où tout le monde a son rôle à jouer.
Un scénario aussi drôle qu’émouvant
Le scénario, dans ses deux premières parties, nous fait donc découvrir ce monde. L’écriture de ces deux actes est juste superbe. Il y a une justesse, autant dans l’écriture des personnages que des situations qui sont, parfois, voire souvent, émouvantes. On s’attache à ces personnages autant qu’eux s’attachent aux enfants. Evidemment, le scénario va se concentrer, au fur et à mesure, sur la relation de Jo et du jeune Yacine, atteint d’une leucémie. Une belle relation grâce aux deux acteurs. Le très jeune Massil Imine est excellent et touchant. Le point de vue des parents est aussi montré au travers du père de Yacine, Abdel (Samir Guesmi, qui fait juste ce qu’il faut), même si cette partie prend relativement peu de place. L’histoire prend un tournant assez classique dans sa dernière partie, avec une erreur de Jo qui remet tout en cause mais, évidemment, on sait comment cela va se terminer. C’est sûrement le segment le plus faible du long-métrage. Il aurait mérité d’être un peu raccourci pour maintenir le rythme du film, qui était bon jusqu’ici.
Mais sinon, nous sommes véritablement touchés par cette histoire, et c’est grâce à la magnifique prestation d’Aloïse Sauvage que Sur un Fil devient un petit bijou. L’actrice y trouve son rôle le plus complet. Celle-ci ayant suivi une formation dans des cirques, elle s’avère autant à l’aise en acrobate qu’en clown. Elle modifie (comme les autres acteurs) sa voix quand elle devient son personnage clown, Zouzou. Une prestation tantôt drôle et amusante, et tantôt réellement émouvante. Son personnage doit guérir en même temps que les enfants qu’elle essaye de divertir. Et ce parallèle est aussi l’une des bonnes idées du film pour comprendre le cheminement de Jo. Une interprétation qui mériterait, au moins, une nomination pour les prochains Césars.
Aloïse Sauvage au sommet
Côté technique, c’est classique mais efficace. Reda Kateb n’en fait jamais trop, tant sur le niveau de la mise en scène que dans ce qu’il raconte, et ce n’est pas plus mal. La plupart des premières œuvres en font trop de ce côté, mais le réalisateur ne tombe pas dans ce piège. Il suit surtout ses comédiens et leurs prestations. Le petit défaut scénaristique de la troisième partie fait baisser le rythme du film, sans pour autant que l’on s’ennuie. La reconstitution de l’hôpital et des costumes nous permettent de bien plonger au coeur de ce milieu hospitalier. Le seul véritable autre défaut du film tient à la composition musicale de Simon Henner qui, pour le coup, en fait un peu trop sur les scènes où elle est utilisée.
Pour un premier long-métrage en tant que réalisateur, Reda Kateb nous offre avec Sur un Fil un film touchant, amusant et émouvant. On retiendra la prestation d’Aloïse Sauvage, qui trouve ici son meilleur rôle à ce jour.