Pour la sortie de la saison 2 de Peacemaker à partir du 22 août sur HBO Max, nous avons pu nous entretenir avec l’équipe de la série en table ronde en compagnie d’autres journalistes du monde entier. Nous avons réalisé quatre tables rondes dont voici le premier compte rendu.
Cette première table ronde réunissait donc Jennifer Holland et Frank Grillo qui interprètent respectivement Emilia Harcourt et Rick Flag Sr.
A noter que nous avons pu visionner, en amont, les cinq premiers épisodes de cette deuxième saison. Nous ferons une critique de la saison complète quand nous aurons pu découvrir tout les épisodes. Avant de poursuivre votre lecture, nous vous conseillons d’avoir vu au moins le premier épisode pour éviter les spoilers. Bonne lecture.
Qu’est-ce que cette saison a en commun avec la première ? Et qu’est-ce qu’elle apporte de nouveau ?
Jennifer Holland : C’est la même série, mais le personnage de Peacemaker, comme beaucoup d’autres qui passent de la saison 1 à la saison 2, évolue. Je dirais que la saison 2 apporte beaucoup de nouveaux personnages, comme celui de Frank. Nous avons aussi Tim Meadows et Sol Rodriguez. Ces nouveaux venus apportent une dynamique intéressante qui ajoute une nouvelle ambiance à cette saison. Et je pense qu’on explore un peu plus l’émotion que dans la précédente.
Frank Grillo : Elle a parfaitement résumé. Pour moi, ce qui change par rapport à la première saison, c’est l’élargissement : à la fois dans les personnages et dans la direction que prend l’histoire. C’est excitant. J’avais adoré regarder la saison 1, et je suis impatient que les gens découvrent la saison 2.
Nous en apprenons plus sur l’histoire d’Emilia cette saison. On la voit qui commence à se battre dans des bars. Est-ce une manière pour le personnage d’extérioriser ses luttes intérieures ?
J.H : Je pense que c’est lié à quelque chose qu’on a déjà un peu vu en saison 1. La première fois que Peacemaker rencontre Emilia, elle est dans un bar et elle se bat avec un gars. On ne comprenait pas trop ce qui se passait alors. Dans la saison 2, ça progresse et ça devient encore plus fort. En fait, Emilia se sent totalement perdue. Elle n’a plus de travail, et son travail était tout pour elle.
C’est ce qui lui donnait du sens. Sans ça, elle ne sait plus qui elle est. Elle est vulnérable, perdue. Sa façon de gérer cette vulnérabilité, c’est de se refermer. Se battre dans des bars devient une manière de reprendre un peu de contrôle sur sa vie et de gérer son passé. Elle a un bagage émotionnel énorme, mais elle ne sait pas comment l’affronter.
Question pour Frank. Vous êtes apparu dans le rôle de Rick Flag dans Creature Commandos et Superman. Cette saison, il n’y a pas vraiment de grand méchant, mais vous êtes peut-être l’antagoniste. Comment avez-vous abordé ce rôle tout en ayant ça en tête ?
F.G : Oui, c’est bien dit. Je ne suis pas un grand méchant, mais j’ai un objectif. Et cet objectif est lié à Creature Commandos et Superman. Mon objectif est de venger la mort de mon fils, tué par Peacemaker. C’est la base de mon histoire : je veux qu’il paie pour ce qu’il a fait.
Comme dans Superman, nous avons un personnage en crise avec lui-même. Mais contrairement à Superman, ici il y a… une orgie. Que pensez-vous du fait que Superman et Peacemaker représentent deux visions opposées de l’Amérique, surtout dans le contexte actuel ?
J.H : Je ne sais pas si James avait une intention particulière, mais je pense que l’interprétation dépend vraiment de qui regarde. C’est représentatif de l’Amérique : un pays incroyablement divers, vaste, avec plein d’idées et d’opinions différentes. Et c’est très bien. On accepte tous ces gens pour ce qu’ils sont, même ceux qui font… des orgies. Chacun a ses objectifs, ses désirs, ses idéaux. Et c’est ce qui fait que l’Amérique est un endroit où les gens peuvent, espérons-le, être eux-mêmes.
F.G : Et puis, on a des orgies ! Cinématographiquementsérie parlant, je pense que la nôtre est la meilleure que j’aie jamais vue à l’écran.
J.H : Et tu en as regardé beaucoup.
F.G : J’ai vu toutes les orgies filmées ! Je pense que celle créée par James est l’une des meilleures au monde.
Vos personnages ont une relation assez complexe, entre passé et présent. Comment était-ce de travailler ensemble sur les scènes de flashbacks et celles du présent ?
F.G : Jen et moi avons des scènes très intimes, très sérieuses, et j’ai adoré ça. C’était génial d’arriver en tant que nouveau et de tourner avec elle des choses aussi profondes, dès le début. On a trouvé une véritable alchimie.
J.H : J’ai passé un moment incroyable à travailler avec toi. Je suis une énorme fan de Frank. J’adore l’action, et il est l’un des meilleurs. Alors j’étais comme un gamin dans un magasin de bonbons en travaillant avec lui.
Ensemble : On s’est bien amusés.
James Gunn a dit que la saison 2 se déroule après les événements de Superman. Alors, pourquoi Argus n’a-t-il pas fait appel à Superman dès le début, quand Peacemaker a commencé à manipuler tous ces portails ? Y a-t-il peut-être un différend entre Rick Flag Sr. et Superman ?
J.H : C’est une question qu’on se pose souvent dans les univers partagés : « Pourquoi n’ont-ils pas appelé tel ou tel super-héros ? ». Il faut accepter que chacun est occupé de son côté, avec ses propres missions. C’est juste mon avis. Et puis, on ne peut pas toujours payer pour que tout le monde fasse un caméo !
F.G : Je pense qu’il y a effectivement un différend entre Rick Flag et Superman. Mais je suis d’accord : ils ne sont pas toujours disponibles.
Vos personnages ont des objectifs et des approches très différentes. Comment ce contraste se manifeste-t-il dans la saison 2 ?
F.G : Pour moi, Harcourt représente une opportunité d’avancer dans ma mission. Je la trouve en sale état, je comprends ce qu’elle veut dans sa vie et je vois comment je peux en jouer. C’est une relation basée sur une manipulation très intéressante.
J.H : Harcourt est malheureusement dans une position très vulnérable. Elle peut être manipulée d’une manière qu’elle n’aurait pas acceptée à un autre moment de sa vie. Mais là, elle est désespérée. Elle est dans une situation terrible, sans savoir comment s’en sortir.
Elle essaie de donner le change, de ne pas montrer qu’elle a peur, mais la vérité, c’est qu’elle est perdue. Emilia et Rick sont dans deux états d’esprit opposés : lui est en position de pouvoir, et elle, en position de nécessité. En plus, elle aime profondément son travail et veut le retrouver. Et, pour la première fois depuis longtemps, elle commence à se rapprocher d’autres personnes. Mais elle lutte avec tout ça.
La première saison abordait des thèmes comme le racisme, le sexisme ou le néo-nazisme. Dans le climat politique actuel, avec le retour de Trump, comment pensez-vous que le public recevra la saison 2 ?
J.H : C’est une excellente question. Honnêtement, on ne peut pas savoir. Le plus effrayant avec la fiction, c’est que tout reste ouvert à l’interprétation. Tu peux avoir de bonnes intentions en écrivant, mais tu ne sais jamais comment ça sera reçu. Ce sera intéressant de voir la réaction.
J’espère toujours que ce qu’on fait amène les gens à réfléchir autrement, ou à garder l’esprit ouvert. Mais on ne peut pas avoir d’attentes précises.
F.G : Pour moi, c’est surtout une série fun, avec de super personnages. Je n’ai jamais senti d’agenda politique. Si les gens ont aimé la saison 1, ils aimeront encore plus la saison 2.
Peacemaker mêle humour et émotions. Y a-t-il eu une scène où vous avez failli sortir de votre personnage en pleurant ou en riant ?
F.G : La scène de combat avec John (Cena), liée à la mort de mon fils, a été très émotionnelle. La physicalité et l’émotion se sont mélangées, c’était intense. J’étais épuisé après l’avoir tournée.
J.H : Franchement, on n’a jamais eu de tournage difficile sur Peacemaker. Le casting est incroyable. Danielle est hilarante et brillante, John aussi. Steve est toujours derrière la caméra à filmer nos ratés pour nous troller, Freddy a sa propre vibe… On s’est tellement amusés. Mais oui, il y a eu un moment où j’ai craqué, mais je ne peux pas en parler.
Et puis, James change parfois le script au dernier moment. Et là tu te dis : « Oh non, comment je vais dire ça sans éclater de rire ? »
Comment est ce de travailler avec James Gunn ?
F.G : Je l’adore. C’est rare d’avoir une telle confiance en quelqu’un. Travailler avec lui, c’est un vrai cadeau.
J.H : Oui, absolument. Son niveau de passion est incroyable, et il a une vraie vision. On la ressent tout de suite. Alors tu te dis : « OK, je te fais confiance, je vais te suivre ». Et c’est très libérateur, et rare.
Merci à Valérie Leroy, Warner Bros Discovery et HBO Max France pour l’opportunité.
