Pour la sortie de la saison 2 de Peacemaker à partir du 22 août sur HBO Max, nous avons pu nous entretenir avec l’équipe de la série en table ronde en compagnie d’autres journalistes du monde entier. Nous avons réalisé quatre tables rondes dont voici le quatrième et dernier compte rendu. Pour éviter tout spoiler sur le personnage, nous vous conseillons, avant de lire la suite, de voir les deux premiers épisodes de la saison 2 de la série.
Cette quatrième table ronde était avec David Denman, qui interprète Keith Smith adulte, le frère de Chris (John Cena) issu d’une dimension alternative.
A noter que nous avons pu visionner, en amont, les cinq premiers épisodes de cette deuxième saison. Nous ferons une critique de la saison complète quand nous aurons pu découvrir tous les épisodes. Bonne lecture. Retrouvez aussi le compte rendu de la première table ronde avec Jennifer Holland & Frank Grillo, notre seconde avec Danielle Brooks & Freddie Stroma et notre troisième avec Sol Rodriguez & Steve Agee.
Qu’est-ce que cela fait de rejoindre un casting qui avait déjà créé un vrai lien pendant la saison 1 ?
C’était génial. Je connais James depuis 20 ans, et j’avais déjà travaillé avec Jen et Steve sur Brightburn. J’ai aussi tourné avec Freddie dans 13 Hours, il y a 10 ans. Les seules personnes que je ne connaissais pas étaient John et Danielle. Mais Danielle et moi, on est allés au même collège, donc on s’est tout de suite rapprochés. C’était comme rentrer dans une famille, comme faire partie du gang. Ils sont tellement drôles et accueillants.
Sans rien spoiler, quels sont les trois mots que vous utiliseriez pour décrire votre personnage ?
Trois mots ? C’est difficile… Disons : un grand frère protecteur. C’est ce qu’il représente pour Chris, quelque chose qu’il n’avait jamais eu auparavant.
Les fans essaient déjà de deviner qui est votre personnage et il y a beaucoup de théories. En avez-vous lu certaines, et y en a-t-il une qui vous a surpris ou fait rire ?
Non, je n’ai pas lu les théories. Mais c’est amusant de savoir que les gens essaient de deviner. Peut-être que certains ont trouvé avec la bande-annonce, qui sait ? Mais non, je n’ai pas été sur les forums pour voir ce que les fans imaginent.
Peacemaker mélange beaucoup d’humour et de drame. Y a-t-il eu un moment sur le tournage où vous êtes sorti de votre personnage, que ce soit à cause du rire ou de l’émotion ?
Oui. J’ai beaucoup de scènes avec John, très intimes, très sincères. Certaines étaient tellement touchantes que je me suis presque retrouvé spectateur, à regarder John être vulnérable. C’était beau et très émouvant.
Que pouvez-vous nous dire de la scène de danse du générique d’ouverture ? On dirait que vous avez tous pris beaucoup de plaisir à la tourner.
Oh oui, c’était incroyable ! La première chose que tout le monde m’a demandée quand j’ai rejoint la série, c’était : « Est-ce que tu es dans la scène de danse ? ». J’ai répondu : « Oui, j’y suis ! ». J’étais probablement encore plus excité à l’idée de tourner ça que n’importe quoi d’autre. Et en plus, Clarissa Barton, la chorégraphe, est une ancienne camarade de Juilliard. Elle est mariée à mon ami Alan Tudyk. On s’est retrouvés presque 30 ans plus tard, et ça a été un vrai bonheur de retravailler ensemble.

Dans la série, Chris tombe amoureux de la dimension alternative à cause de la différence de vie et de la présence de Keith. Comment pensez-vous que Keith aurait été dans la dimension originale si son frère avait survécu ?
C’est une excellente question. Difficile à dire, parce que la dynamique familiale aurait été complètement différente. Dans la saison 1, leur père est raciste, violent, terrible avec ses fils. Dans la dimension alternative, c’est un homme bienveillant et soutenant. Donc Keith est le reflet de cette différence. Je pense qu’il aurait quand même protégé Chris et, sans doute, qu’il aurait fini par se dresser contre son père pour mettre un terme aux abus. C’est ce que j’espère en tout cas.
Dans la nouvelle dimension, Keith est un super-héros. Qu’avez-vous ressenti en enfilant le costume et en tournant ces séquences ?
C’était incroyable. J’ai 50 ans, et tout d’un coup, on m’appelle pour jouer un super-héros. C’est un rêve d’enfant ! J’ai deux jeunes enfants, et je me suis dit qu’ils seraient surexcités de voir leur père en costume. On a eu des entraînements aux cascades dès mon arrivée. Être attaché à des câbles, voler, tomber… c’est une chose de le lire dans le script, c’en est une autre de le vivre. Heureusement, on avait une équipe de cascadeurs exceptionnelle. C’était un rêve devenu réalité.
Votre personnage est sans doute la plus grande surprise de cette saison. Comment influence-t-il l’histoire et Chris, sans spoiler ?
C’est une révélation énorme, c’est pour ça que nous avons gardé ça secret si longtemps. Toute la saison suit le parcours émotionnel de Chris. Son plus grand regret est d’avoir tué son frère, celui qui le protégeait. Et dans cette autre dimension, il vit enfin ce rêve impossible : retrouver cette relation qu’il avait perdue. C’est un peu comme un rêve lucide dont on ne veut pas se réveiller. Keith est une grande partie de ce cheminement émotionnel.
Peacemaker est une histoire d’anti-héros. Comment abordez-vous un personnage qui n’est ni totalement bon ni totalement mauvais ?
Pour moi, c’est comme ça qu’il faut jouer tous les personnages. Même les héros ont leurs défauts. Et quand on joue un méchant, il faut chercher son côté positif. Personne n’est tout blanc ou tout noir, et c’est ce qui rend le jeu plus excitant : explorer toutes ces nuances dans un seul personnage.
Peut-on espérer revoir votre personnage dans une éventuelle saison 3 ou ailleurs dans le DCU ?
Tout est possible dans le DCU. Les personnages peuvent réapparaître à tout moment, et cette saison le montre avec l’idée des portails et des dimensions. Robert Patrick n’imaginait pas revenir, et pourtant… Donc oui, c’est très possible. La seule difficulté, c’est que je vais devoir rester en forme encore quelques années, au cas où James voudrait ramener Keith.

C’était votre première collaboration avec John Cena. Qu’est-ce qui vous a le plus surpris chez lui ?
John est un individu vraiment unique. Il est à la fois impressionnant physiquement et incroyablement gentil, professionnel, ouvert et vulnérable. Il met tout le monde à l’aise. Et il est brillant : entre deux prises, il apprend le piano, le mandarin, lit un livre de philo… Il ne s’arrête jamais. C’est à la fois impressionnant et un peu intimidant, mais il est tellement désarmant qu’on se sent vite en confiance avec lui.
Malgré le côté plus émotionnel de vos scènes, y avait-il de la place pour l’improvisation ?
Absolument. C’est une des grandes forces de James Gunn. Il adore nous encourager à tenter des choses, à improviser. Il nous dit : « Essaie ça, fais autrement ». On a une vraie liberté, et si ça ne marche pas, il ne l’utilise pas, tout simplement. J’adore cette approche. Tous les réalisateurs ne fonctionnent pas comme ça, mais pour moi, c’est une vraie joie de travailler avec lui.
Votre personnage n’existe pas dans les comics. Quelle liberté cela vous a-t-il donné dans votre interprétation ?
Une liberté totale. Dans la saison 1, Keith n’apparaît qu’enfant, et il meurt. Là, on le retrouve adulte, dans une autre dimension, avec un père différent, un autre environnement… Tout change. J’ai pu créer ce personnage à partir de zéro, avec James. Il a vraiment été inventé pour la série, et ça m’a donné toute la liberté nécessaire.
James Gunn a une approche très particulière de la masculinité dans ses histoires. Comment percevez-vous cela dans Peacemaker et à travers votre personnage ?
Je pense que James met en lumière une facette des super-héros qu’on ne voit pas assez : leur vulnérabilité. Dans la société, la masculinité est souvent associée à la force, au fait de ne pas montrer ses émotions. James déconstruit ça. Il montre que ces personnages peuvent être sensibles, empathiques, et c’est essentiel.
C’est quelque chose que j’essaie aussi d’enseigner à mes enfants : la masculinité, ce n’est pas être fermé ou insensible. On peut être vulnérable, on peut pleurer, et ça ne rend pas moins fort. James ose explorer ça, et je trouve ça génial.