[Critique] Brightburn, l’Enfant du Mal : un film de super zéro

Caractéristiques

  • Titre original : Brightburn
  • Réalisateur(s) : David Yarovesky
  • Avec : Elizabeth Banks, David Denman, Jackson A. Dunn, Matt L. Jones, Meredith Hagner
  • Distributeur : Sony Pictures Releasing France
  • Genre : Fantastique, Horreur
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 91 minutes
  • Date de sortie : 26 juin 2019
  • Note du critique : 1/10

Un concept qui fait pschitt !

image critique brightburn
Copyright : Sony Pictures Releasing France.

Brightburn, l’Enfant du Mal, c’est avant tout, et surtout, un concept détourné de Superman et, encore plus précisément, de son enfance au milieu de sa famille d’adoption près d’une petite ville du Middle West. Si le début du récit reprend trait pour trait l’histoire d’origine, avec ce couple de fermiers ne pouvant avoir d’enfant, donc vont adopter un bébé littéralement descendu du ciel dans sa capsule extraterrestre, la suite inversera le propos en transformant quelques années plus tard son protagoniste. Celui-ci ne sera pas un héros en devenir, mais un destructeur psychotique assez proche de l’antéchrist du film Damien : la malédiction. Voilà l’idée pondue sur un coin de table, après une bonne choucroute, par le producteur James Gunn et ses deux frères scénaristes qui, malheureusement, ne semblent pas avoir attendu le dessert et le digestif pour se demander si, au-delà du pitch accrocheur, il y avait matière à remplir un long métrage d’une heure et demie. A la vision de Brightburn, l’Enfant du Mal, il s’avère que la réponse est non.

Le vide venu de l’espace

Les carences scénaristiques de Brightburn, l’Enfant du Mal sont tellement légion qu’on peut les compter comme les petits moutons avant de s’endormir, ce qui ne manque pas d’arriver. Avertissement, d’ailleurs, aux ronfleurs compulsifs : n’allez pas voir ce film au cinéma, vous risqueriez de déranger le sommeil des autres. Précisons quelques exemples éloquents :

  • Des années après son arrivée sur Terre, la navette qui transportait l’enfant se réveille et délivre un message télépathique qui provoquera sa métamorphose en ennemi du genre humain. Pourquoi ? On ne sait pas…
  • Commençant à devenir belliqueux, le jeune Brandon se met à dessiner sur son journal intime le design de son costume de super vilain. Pourquoi ce visuel si caractéristique ? On ne sait pas…
  • Brandon, alias Brightburn, peut voler, arracher des portes blindées et lancer des rayons calorifiques depuis ses yeux. Pourtant, il met en général cinq à dix minutes à tuer quelqu’un, voire à simplement chercher à l’effrayer. Pourquoi ? On ne sait pas…

Et ce genre d’exemples est encore nombreux. Ils constituent la feuille de chou que James Gunn et consorts osent appeler un scénario. Elizabeth Banks et David Denman, dans les rôles des malheureux parents (mais franchement aveugles sur les événements qui les entourent) font ce qu’ils peuvent dans le but de sauver les meubles, mais la tension reste si faible, et le scénario si prévisible, que rien y fait. Citons également le jeune Jackson A. Dunn, dans le rôle double de Brandon et Brightburn, qui semble être le seul à avoir compris que, comme le film ne raconte rien, alors autant ne rien exprimer. Traversant le film avec la même tronche de constipé, jamais on ne peut s’attacher à lui, ni percevoir son basculement vers le côté obscur et, ainsi, le capter comme une victime prisonnière de son destin. On pense davantage au tueur masqué de Scary Movie premier du nom, lequel sortait cette tirade éloquente à son interlocuteur lui demandant ce qu’il faisait dans la vie : « Je tue… pour passer le temps ».

Brightburn, no Future

En fait, quand nous parvenons enfin à la fin de Brightburn, l’Enfant du Mal, on pourrait presque comprendre pourquoi le film nous donne aussi peu de réponses, étant donné la fin extrêmement ouverte qu’il nous livre. Sans doute très influencé par la politique Disney (qui ne l’a pourtant pas épargné récemment), James Gunn semblait vouloir faire de son concept la première étape d’une saga déclinée sur plusieurs films. Le Dieu Dollar semble avoir répondu non à cette suggestion au box office et ce, pour une fois, avec discernement. Car il y en a franchement marre de ces films sans âme, destinés à séduire un public de Geeks prêt à confondre du guano avec du caviar. Apprécier les Comics à tout âge est légitime, n’en déplaise à Alan Moore, car la matière dont ils sont faits est riche, et invite à passer les portes de l’imagination comme l’aurait sans doute souhaité Méliès en son temps. Cela ne signifie pas qu’il faut pour autant tolérer n’importe quoi, sinon autant être pragmatique et s’occuper de sa feuille d’impôts plutôt que de dépenser de l’argent au cinéma. Et si vous me demandez pourquoi tant de haine ? Je vous répondrai à la Brightburn : « Je ne sais pas… ».

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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