Caractéristiques
- Titre : El Clan
- Réalisateur(s) : Pablo Trapero
- Avec : Guillermo Francella, Peter Lanzani, Lili Popovich, Giselle Motta
- Editeur : Diaphana
- Date de sortie Blu-Ray : 21 Juin 2016
- Date de sortie originale en salles : 10 février 2016
- Durée : 105 minutes
- Note : 7/10 par 1 critique
Image : 5/5
Diaphana nous propose un transfert d’une propreté à toute épreuve, avec un piqué bien équilibré, et un contraste du même acabit. Découvrir le film en DVD est ainsi un véritable plaisir pour les yeux.
Son : 4/5
El Clan est proposé en français et en version originale espagnole sous-titrée dans la langue de Molière, toutes les deux en Stéréo ou 5.1. La VF est clairement à éviter tant le doublage est d’un mou peu commun, tandis que la VOSTFR présente évidemment un meilleur caractère. Cependant, en terme de qualité pure, les deux propositions se valent : de la grosse qualité, jamais de saturation, un relief parfait d’ailleurs très savoureux au casque.
Bonus : 2/5
Un making of d’une quinzaine de minutes assure le seul programme de cette édition DVD. Assez intéressant mais court d’une quinzaine de minutes, ce bonus nous montre notamment des images du tournage assez précieuses. C’est peu, mais c’est toujours ça de pris.
Synopsis
Dans l’Argentine du début des années quatre-vingt, un clan machiavélique, auteur de kidnappings et de meurtres, vit dans un quartier tranquille de Buenos Aires sous l’apparence d’une famille ordinaire. Arquimedes, le patriarche, dirige et planifie les opérations. Il contraint Alejandro, son fils aîné et star du rugby, à lui fournir des candidats au kidnapping. Alejandro évolue au prestigieux club Le Casi et dans la mythique équipe nationale, Los Pumas. Il est ainsi, par sa popularité, protégé de tous soupçons.
Le film
Inspiré d’une histoire vraie qui a bouleversé une Argentine alors en pleine transition démocratique, en 1985, El Clan part d’un postulat prometteur. Car on a là des éléments assez intéressants pour provoquer un mélange fameux : du bon gros thriller par-ci, du polar par-là, une pincée d’analyse sociale pour relever le tout et du rugby pour la petite touche gourmande. Et dans le but de faire glisser la tambouille, le tampon « histoire vraie » car oui, les exactions d’Arquimedes et de sa famille s’appuient totalement sur des faits réels qui font froid dans le dos. Encore fallait-il un traitement réussi…
El Clan est loin, très loin d’être un mauvais film. Coupons court au suspens, on est là non pas face à une claque mais en présence d’une découverte cinéphile conséquente. Il est indéniable que le scénario nous emporte, tant ce récit possède une force évocatrice puissante. La famille est un ressort dramatique qui fonctionne quasiment à tous les coups, et pour toutes les situations, notamment quand elle sert de couche superficielle à un secret du genre malsain. Ici, cette cellule basée sur les liens du sang forme une sorte de commando spécialisé dans le kidnapping, un fléau encouragé par des années de règne militaire sur le pays. La transition démocratique rend les choses un peu plus compliquées à organiser, et El Clan raconte la chute inévitable due à ce changement salvateur.
Le patriarche Arquimedes, incarné par un Guillermo Francella purement génial de bout en bout, symbolise en fait une Argentine du passé, celle du fascisme d’État qui aura provoqué bien des heures sombres. Et son étreinte psychologique sur son fils Alejandro (Peter Lanzani, un peu fade) est celle d’une organisation mourante sur une envie de liberté grandissante. El Clan, en ce sens, réussi son pari de fondamentaliser un fait divers très suivi en lui donnant un écho social pertinent car jamais pleurnichard. Non, on n’explique pas les agissements par la paupérisation, ni par la pauvreté, des ressorts assez répugnants quand on s’y penche (la classe populaire n’est pas un nid à gangster, merci) que le réalisateur évite de facto grâce à la nature même de son scénario.
Mais, malgré ces bonnes impressions, El Clan laisse tout de même quelques petits regrets. En fait, Guillermo Francella est coincé par son propre récit, qui lui demande d’imprimer une ambiance en rapport avec l’image que renvoyait la famille Puccio. Du coup on se retrouve notamment avec une bande originale qui épouse le côté superficiel et non le ressenti profond des personnages, et ce n’est pas un choix judicieux pour l’impact plus puissant qu’aurait pu offrir l’œuvre. En effet, on se retrouve avec un sentiment léger qui dédramatise l’ensemble, et accouche d’un final qui perd une bonne partie de sa force. Le recours au « cool » n’est pas toujours le bienvenue, et El Clan le vérifie malheureusement.
Au final, El Clan reste un film d’intérêt, notamment pour son côté « tiré d’une histoire vraie » et sa propension à trouver une profondeur pertinente aux exactions des Puccio. Mais les personnages sont victimes d’un traitement « cool » ordonné par le scénario, qu’il aurait peut-être fallu plus axer sur le ressenti réel des protagonistes que sur leur image renvoyée. Un film intéressant, parfois captivant notamment dans ses séquences de kidnapping, grosse qualité de mise en scène par ailleurs avec des plans fichtrement ambitieux, mais qui aurait pu donner encore mieux. On s’en contente tout de même largement.