Caractéristiques
- Titre : Misanthrope
- Titre original : To Catch A Killer
- Réalisateur(s) : Damián Szifron
- Scénariste(s) : Damián Szifron et Jonathan Wakeham
- Avec : Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Jovan Adepo...
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Genre : Thriller, Policier
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 119 minutes
- Date de sortie : 26 avril 2023
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Une structure classique, mais…
Nouveau long-métrage co-écrit et réalisé par Damián Szifron (Les Nouveaux Sauvages), Misanthrope raconte l’histoire d’Eleanor, une jeune enquêtrice au lourd passé, qui est appelée sur les lieux d’un crime de masse terrible. La police et le FBI lancent une chasse à l’homme sans précédent, mais face au mode opératoire constamment imprévisible de l’assassin, l’enquête piétine. Eleanor, quant à elle se trouve de plus en plus impliquée dans l’affaire et se rend compte que ses propres démons intérieurs peuvent l’aider à cerner l’esprit de ce tueur si singulier…
On sent que pour le scénario, Damián Szifron et Jonathan Wakeham ont voulu s’inspirer des thrillers des années 90-2000 comme Le Silence des Agneaux, le Témoin du Mal ou encore Le Collectionneur car nous retrouvons le principe et la structure de ces derniers, avec une jeune enquêtrice qui doit faire ses preuves pour se frayer un chemin dans le milieu, qui a des capacités, mais que peu de personnes voient, avec évidemment une avancée de l’enquête assez classique.
Mais l’intérêt du film se situe autre part car, si les scénaristes connaissent leurs classiques et en utilisent les ficelles, c’est pour mieux en détourner les thèmes. Ainsi, le personnage d’Eleanor est au départ une policière lambda. Un jour, une tuerie de masse se déroule dans sa ville, Baltimore, et elle va prendre de bonnes décisions. Grâce à cela, elle va être remarquée par Lammarck, un agent du FBI, qui va la prendre dans son équipe. Les bonnes intuitions de la jeune policière cachent cependant un traumatisme qui fait qu’elle est en mesure de comprendre le tueur.
… des thèmes modernes
Ce principe est intéressant puisque nous ne somme pas sur du profilage classique. Si Eleanor et le tueur ont un traumatisme et voient le monde de la même façon, ils n’utilisent pas pour autant leur colère de la même manière. C’est astucieux car Eleanor a de l’empathie pour le tueur et du coup nous aussi. On comprend le point de vue de celui-ci sans, évidemment, approuver ses actes.
D’ailleurs, le titre du film convient aussi bien aux deux personnages. C’est là que les thèmes très contemporains de l’histoire sont bien développés, en plus des personnages qui sont également bien traités. Le long-métrage propose une critique des Etats-Unis, que ce soit pour les tueries de masse qui gangrènent le pays depuis des années, la vente libre des armes, les fake news, les extrémistes d’extrême droite, mais aussi les institutions.
En ce qui concerne ces derniers, c’est le personnage de Lammarck qui est mis en avant. Celui-ci gère l’enquête, mais est entravé par différents politiques ou supérieurs et subalternes qui veulent être mis en avant et qui prennent de mauvaises décisions qui viennent entraver l’enquête, voire coûtent des vies. Cette dimension politique est intéressante et bienvenue, bien développée, et a une vraie incidence sur l’histoire.
Une réalisation clinique
En ce qui concerne la réalisation, il y a peu à dire : Damián Szifron possède une technique assez clinique et cela se voit dès la scène d’ouverture. Le film s’ouvre sur une tuerie de masse, et la réalisation est aussi froide que le tueur. Pour le reste, on sent là aussi qu’il y a une imagerie inspirée des thrillers des années 90-2000, mais qu’il modernise par des moyens actuels, comme l’utilisation du drone ou une image réaliste dépourvue de filtres comme il y a 20 ou 30 ans.
Il gère bien aussi les moments de fusillades, qui sont assez glaçants pour le spectateur. Le seul vrai reproche que l’on pourrait faire au film est qu’il manque de tension vers la fin, alors que celle-ci devrait être à son comble. Mais, vu la manière dont le scénariste-réalisateur a choisi d’élaborer son acte final, c’est plutôt cohérent.
Le choix du compositeur est également intéressant, avec Carter Burwell qui a composé des musiques de thrillers dont s’est inspiré le réalisateur, comme Complots ou Le Chacal. Sa musique est donc intéressante et accompagne parfaitement le film.
Shailene Woodley toujours flamboyante
Côté casting, on comprend pourquoi Shailene Woodley a voulu incarner Eleanor. Que ce soit le traumatisme du personnage ou encore les thèmes abordés dans le film, cela correspond bien à l’actrice, militante connue dont les choix de carrière, ces dernière années, vont dans le sens des idées qu’elle défend. Elle interprète donc Eleanor avec beaucoup de justesse et se révèle étincelante. Ben Mendelsohn (Rogue One : A Star Wars Story, Captain Marvel), qui interprète Lammarck, est intéressant car cela le change des rôles qu’il a eu ces dernières années. Le rôle de mentor lui va bien et il l’incarne de la meilleure des façons. Enfin, Jovan Adepo (Babylon) a moins de temps à l’écran que ses deux confrères dans le rôle assez secondaire de Mackenzie, mais son jeu est solide et son apport au film significatif.
Misanthrope est une mise à jour moderne du thriller autant ses thèmes, qui sont d’actualités, qu’avec sa réalisation. Si la structure reste classique, nous sommes pris par l’histoire grâce à ses personnages parfaitement interprétés et une histoire prenante.