Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 5
- Titre : Alan Wake 2
- Développeur : Remedy Entertainment
- Editeur : Epic Games
- Date de sortie : 27 octobre 2023
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- Note : 7/10 par 1 critique
Retour à Cauldron Lake
Le studio finlandais Remedy (Control, Quantum Break, Max Payne) donne enfin suite, 13 ans plus tard, à son survival horror, qui a marqué de manière inattendue le monde vidéoludique.
Aux dernières nouvelles, nous avions laissé notre protagoniste Alan Wake qui, après avoir réussi à changer la fin de son roman Departure, était parvenu à sauver sa femme des griffes de « l’Antre noire », mais au prix de sa propre liberté. Le jeu avait bénéficié par la suite de deux DLC plutôt dispensables, The Signal et The Writer, puis d’un spin-off, American Nightmare, qui mettait en scène Alan Wake prisonnier d’un épisode de la série Night Springs, un pastiche fictif de La Quatrième Dimension, scénarisé par Alan Wake et apparaissant parfois sur les écrans télé du jeu d’origine.
Dans cette suite, nous incarnons bien sûr à nouveau Alan Wake, mais également l’agente du FBI Saga Anderson, venue enquêter sur des meurtres mystérieux près de la ville de Bright Falls, et dont les découvertes sur le monde de l’amalgame vont l’amener à croiser la route de l’écrivain. Il vous sera d’ailleurs permis de « switcher » entre les deux intrigues comme bon vous semble.
Précisons que l’importance d’avoir d’abord terminé le premier opus pour jouer à celui-ci est primordiale si on veut comprendre une intrigue déjà bien cryptique, qui ne vous livrera pas toutes ses réponses sur un plateau.
Une véritable réussite technique
Dès le début, nous sommes impressionnés par la patte graphique extrêmement détaillée. C’est bien simple, on a probablement en main l’un des plus beaux, si ce n’est le plus beau jeu, actuellement tournant sur une console nouvelle génération. Les détails sont impressionnants et, que ce soit pour les décors, les effets de lumière ou les expressions faciales des PNJ, le photoréalisme des images nous permet immédiatement de nous immerger dans l’histoire.
L’ambiance est également au rendez-vous, extrêmement malaisante, et nous maintient dans un état d’anxiété permanent. Ce sentiment d’insécurité (réelle, donc pas issue de l’esprit de Dupond-Moretti), est grandement appuyé par un sound design et une bande-son efficace qui ne manqueront pas de vous faire sursauter à de nombreuses occasions (peut être trop, l’effet se dissipant vers la fin du jeu).
La maniabilité, bien que conservant l’aspect un peu lourd de son prédécesseur (ce qui est certainement plus ou moins volontaire), est plutôt aisée.
Quant à la musique, elle s’avère également à la hauteur, que ce soit les séquences choisies pour les scènes importantes ou sous tension, mais aussi les morceaux choisis pour conclure et commencer chaque chapitre.
Cette réussite technique donne à l’ensemble un aspect cinématographique qui, en contrepartie, nous fait parfois oublier qu’il s’agit d’un jeu et non d’un film.
À déplorer également : quelques bugs de collision et, surtout, un level design peu inspiré, sans verticalité ou subtilité – au bout d’un moment, on a compris que chaque impasse mène à un secret ou un bonus.
Le syndrome de la page blanche
Scénaristiquement, il est intéressant que le jeu prenne narrativement à contre-courant nos attentes en nous faisant commencer avec le nouveau personnage, celui de la jeune agente du FBI qui doit effectuer une enquête pragmatique et selon des méthodes usuelles, alors que la situation est tout sauf ordinaire. Elle peut cependant compter sur son « palais mental » (un artifice d’écriture assez récent vu dans des séries comme Sherlock ou d’autres jeux du même type comme The Evil Within, entre autres), une sorte de pièce aménagée dans son esprit, auquel on peut accéder à tous moments pour qu’elle fasse le tri des informations qu’elle accumule et résoudre les enquêtes. Attention cependant, vous réfugier dans le palais mental ne vous protège pas des ennemis !
Naturellement, que serait le jeu Alan Wake sans son protagoniste, qui ne tarde pas à intervenir lors du troisième chapitre pour nous proposer un tout autre gameplay, plus orienté réflexion ?
En effet, bien que bénéficiant également de sa propre antre mentale, l’intérêt du gameplay avec Wake est qu’il peut réécrire l’histoire en temps réel et donc la modifier en fonction la topographie des lieux visités.
Dans les deux cas, bien que les propositions soient intéressantes, elles n’exploitent jamais pleinement leur potentiel. Mention spéciale au tableau d’enquête de Saga, où il suffit d’apposer les photos récupérées dans le bon ordre pour faire avancer l’enquête. Un simple artifice narratif sans utilité ludique réelle vu qu’il est impossible de se tromper et que le principe devient vite rébarbatif au bout d’un moment. Chez Wake, c’est un peu pareil : bien que le principe participe davantage au gameplay, il devient lui aussi un peu saoulant à la longue par manque de variété.
Face aux ténèbres
Les combats, quant à eux, n’ont pas réellement changé : il faut toujours éclairer les ennemis pour briser « leur armure d’ombre » puis, après et seulement après, les allumer au pistolet ou au fusil à pompe. Si la variété des armes a augmenté, la résistance des ennemis également, ce qui pourrait sembler être un bon compromis. Mais c’est sans compter sur une caméra trop fouillie (malgré une capacite d’esquive semblable à celle Callisto Protocol) et un personnage trop empâté face à des ennemis en comparaison trop véloces (les boss surtout), ce qui nuit au plaisir de jeu.
Si nous ne déflorerons pas l’histoire ici, on peut tout de même affirmer qu’elle ne déçoit pas au fur et à mesure qu’elle avance grâce à une inventivité de réalisation constante (la scène du concert de danse est déjà culte), mais qui s’avère également à la fin finalement inutilement trop cryptique et prétentieuse vis à vis de sa résolution. L’exemple type d’un scénario qui doit davantage son intelligence à sa forme plutôt qu’à son fond car, finalement, Alan Wake 2 est une expérience qui se contemple plutôt qu’elle ne se joue. Certains apprécieront, d’autres moins mais, pour les amateurs, l’expérience vaut le détour.