Caractéristiques
- Titre : Here
- Réalisateur(s) : Bas Devos
- Avec : Stefan Gota, Liyo Gong, Cédric Luvuezo...
- Distributeur : JHR Films
- Genre : Drame
- Pays : Belgique
- Durée : 82 minutes
- Date de sortie : 10 juillet 2024
- Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Le réalisateur, Bas Devos, raconte l’histoire de Stefan, un ouvrier dans le bâtiment à Bruxelles. Sur le point de rentrer chez lui en Roumanie, il rencontre en traversant la forêt une jeune chercheuse d’origine chinoise qui étudie les mousses et les lichens. Leur rencontre changera sa vision du monde et de la nature.
La première impression qui vient quand on regarde Here est le minimalisme de son histoire, mêlé à la richesse narrative sous-jacente qu’il propose. C’est une histoire simple sur le papier, mais elle ne peut se développer correctement qu’en images. C’est un film qui laisse parler l’image. On sent que le réalisateur pense chaque plan, chaque bruit, chaque cadrage.
Le macrocosme de l’industrie contre le microcosme de la Nature
En 1h20, nous avons l’impression que l’on nous raconte bien plus que ce qui est visible à l’écran. Comme les végétaux, que l’un des personnages étudie, les personnages semblent vivre dans un monde écrasant englobé dans un microcosme de nature. Chaque immeuble, chaque bâtiment est filmé avec toujours un peu de verdure à l’intérieur du cadre. On oppose deux mondes forcés de coexister, même si l’un finira par détruire l’autre. Nous ne tombons pas dans le pessimisme pour autant puisque le béton n’a pas encore enseveli la nature.
Here nous demande juste de savoir observer, de prendre le temps d’écouter et de ressentir. Le temps est également un thème développé, mais jamais frontalement. Le personnage principal voulant revoir sa mère se pose toutes sortes de questions existentielles. Les rencontres, les amis ou la famille qu’il revoit l’amènent à avoir une vue d’ensemble sur sa vie, ainsi que sur le monde, l’introspection nécessaire avant de s’autoriser à aimer et à laisser la nature le combler.
Le réalisateur utilise des lignes de dialogues très simples, mais qui permettent de donner beaucoup d’informations sur la vie des différents personnages. Chaque spectateur peut s’identifier à au moins l’un des personnages. Chacun de nous s’est parfois senti bloqué dans sa vie ou devant un dilemme qui nous pousse à nous remettre en question. Le film donne l’impression de regarder une tranche de vie, très simple, mais belle et évocatrice.
Une relation réaliste basée sur le destin et la différence
Les personnages, ainsi que la relation amoureuse au cœur du film, sont bien écrits. On croit à cette relation, qui est plausible, même si elle occupe très peu de temps d’écran, à tel point qu’on aurait aimé en voir plus. Mais c’est le propos du film. Il faut donc l’accepter. Cette relation s’inscrit dans cette idée de tranche de vie qui est amenée à ne pas durer, ou alors à exister hors du cadre du film. Le spectateur peut imaginer que la relation continue après la fin du film dans la diégèse.
Les scènes de rencontre entre les deux protagonistes sont minimalistes : c’est le destin qui les réunit, comme cela est le cas pour beaucoup de personnes. On oppose une bétonisation de la société qui nous enferme à la beauté de la nature qui nous fait vivre côte à côte. Au détour d’une conversation, dans un restaurant, où la barrière de la langue se fait sentir, les regards deviennent plus importants que les mots. Les personnages sont également différents par leur métier (anthropologue et ouvrier du bâtiment). Deux visions du monde qui contribuent à créer de l’intérêt pour cette histoire.
Court et sympathique, Here plaira à ceux qui aiment les films lents et contemplatifs. Une histoire d’amour, certes trop minimaliste, mais qui est le prétexte à une belle réflexion sur l’opposition entre nature et industrie.