Caractéristiques
- Titre : Nosferatu
- Réalisateur(s) : Robert Eggers
- Scénariste(s) : Robert Eggers
- Avec : Lily-Rose Depp, Aaron Taylor-Johnson, Bill Skarsgård, Nicholas Hoult, Emma Corrin, Willem Dafoe, Simon McBurney, Ralph Ineson...
- Distributeur : Universal Pictures International France
- Genre : Epouvante-horreur
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 133 minutes
- Date de sortie : 25 décembre 2024
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par Robert Eggers (The Northman) et remake du long-métrage du même titre réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau en 1922, Nosferatu raconte l’histoire d’une obsession entre une jeune femme tourmentée et le terrifiant vampire qui s’en est épris, avec toute l’horreur qu’elle va répandre dans son sillage. Une bonne réinterprétation de ce classique de l’horreur ?
Une relecture moderne
Second remake (Werner Herzog en a réalisé un en 1979) de Nosferatu le Vampire de Friedrich Wilhelm Murnau, Nosferatu, pour rappel, est une version du Dracula de Bram Stoker sans les droits des personnages. L’histoire est exactement la même sauf qu’ici, le comte Dracula se nomme le comte Orlok. Si vous connaissez l’histoire de ce célèbre vampire, vous ne serez pas en terrain inconnu. Le long-métrage se déroule donc en Allemagne en 1838 et suit l’histoire de Thomas Hutter et de sa femme Ellen. Thomas est envoyé en Transylvanie pour vendre au comte Orlok un manoir. Evidemment, tout ne vas pas bien se passer. Entre temps, sa femme Ellen fait des cauchemars…
Qu’est-ce qui pourrait être intéressant dans une histoire déjà vue et revue ? En premier lieu, Robert Eggers s’approprie l’histoire. Il intensifie la connexion psychique entre Orlok (Bill Skarsgård, qui s’offre encore un rôle, après celui de Gripsou dans Ca, de monstre à la hauteur de son talent) et Ellen, dont la dimension sexuelle (déjà présente chez Herzog comme dans plusieurs adaptations de Dracula) est ici très explicite. Ellen ne sait pas d’où vient cette passion, qui se manifeste surtout la nuit via une sorte de somnambulisme, mais qui peut ressembler à une possession démoniaque (chose qui aurait pu aller complètement dans ce sens dans ces années-là). Cette connexion représente le cœur du film. Ces désirs sexuels sont aussi intensifiés par rapport à la relation qu’elle a avec son amie Anna, chez qui elle va vivre le temps de l’absence de son mari. Anna (Emma Corrin, excellente) est une noble qui cache ses désirs, ce qui entraîne quelques remous, que ce soit avec elle ou avec son mari Friedrich (Aaron Taylor-Johnson, qui est partout en ce moment).
Lily-Rose Depp, la vraie révélation
Tout est bien développé jusqu’à la fin de Nosferatu, qui est légèrement changée pour coller au thème du film. D’ailleurs, cela modernise le propos et renvoie aux mouvements comme #MeToo, ce qui est une bonne chose. De plus, il faut dire que les vampires ont, depuis le roman de Bram Stoker, une dimension sexuelle. Il n’est donc pas étonnant que Eggers s’empare du sujet au travers de cette histoire et que cette version aille dans ce sens. Enfin, le fait que le comte Orlok amène la peste avec lui, que seule sa mort peut faire en sorte que celle-ci s’arrête pouvait être interprété comme quelque chose d’antisémite dans le film original. Ici, ce n’est pas le cas car Eggers rattache cela au désir sexuel non assouvi, comme si les personnes tentant de refouler leurs désirs étaient condamnées.
Le casting de Lily-Rose Depp est aussi un excellent choix. Son visage et son look assez virginal fait contrepoids avec certaines scènes où elle est complètement sexualisée et rentre dans des transes violentes. Un choix pertinent, d’autant plus que l’actrice, talentueuse, se montre à la hauteur du rôle. Le casting de Nicholas Hoult va aussi dans ce sens. Son visage encore juvénile va bien avec celui de Depp. Au(delà de ça, Eggers étant un réalisateur très visuel, il désature son image la majorité du temps, surtout pour les scènes de nuit, celles en Transylvanie ou encore celles avec Nosferatu. Dans les autres scènes, nous sommes sur une prédominance de jaune pour donner un peu de chaleur à ce conte gothique. On est toujours à la limite du noir et blanc, avec beaucoup de gris, et le réalisateur garde son monstre toujours dans l’ombre, de sorte qu’on ne voit quasiment jamais son visage.
Une superbe réalisation et direction artistique
D’ailleurs, comme pour la version originale, il utilise énormément les ombres, revenant à une esthétique de l’expressionisme allemand. La direction photo est donc, comme pour ses précédents longs-métrages, magnifique. On est très clairement dans le gothique avec les décors et les costumes qui vont avec. Le rythme du film est plutôt bon. On ne s’ennuie pas durant un peu plus de deux heures. La musique de Robin Carolan accompagne parfaitement le film : elle sait se faire discrète quand il le faut et grandiloquente par moments. Le reste du casting inclut Willem Dafoe, qui en fait des tonnes dans le rôle du professeur Von Frantz. Simon McBurney et Ralph Ineson sont quant à eux de très bons ajouts dans les rôles de Herr Knock et le Dr Wilhelm Sievers.
Nosferatu est donc une relecture moderne, autant du film original de Murnau et de celui de Herzog, auxquels il rend hommage par son esthétique et sa direction artistique, que du mythe de Dracula et du vampire.