[Critique] Mexico 86 : Être mère ou militante ?

Caractéristiques

  • Titre : Mexico 86
  • Réalisateur(s) : César Díaz
  • Avec : Bérénice Bejo, Matheo Labbe, Leonardo Ortizgris, Julieta Egurrola...
  • Distributeur : Bac Films
  • Genre : Drame, Thriller
  • Pays : Belgique, France
  • Durée : 93 minutes
  • Date de sortie : 23 avril 2025
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  • Note du critique : 7/10

Second long-métrage écrit et réalisé par César Díaz (Nuestras Madres), Mexico 86 se déroule en 1986. Maria, militante révolutionnaire guatémaltèque, est depuis des années exilée à Mexico, où elle poursuit son action politique. Alors que son fils de 10 ans vient vivre avec elle, elle devra faire un choix cornélien entre son rôle de mère ou celui d’activiste.

Un destin entre devoir familial et engagement politique

Mexico 86, c’est l’histoire d’une mère contrainte d’abandonner son fils, à peine né, le confiant à sa grand-mère, après avoir vu le père de l’enfant se faire exécuter sous ses yeux. Exilée au Mexique, Maria poursuit la lutte dix ans plus tard en envoyant des armes au Guatemala. Chaque année, son fils Marco vient lui rendre visite, accompagné de sa grand-mère. Mais cette dernière (l’émouvante Julieta Egurrola) est malade et doit retourner au Guatemala. Le jeune Marco (superbe prestation tout en retenue du jeune Matheo Labbe) va alors devoir rester au Mexique avec sa mère et son compagnon.

Mêler vie de famille et militantisme révolutionnaire n’est pas chose aisée. Le film confronte ainsi le rôle de mère de Maria (interprétée avec justesse par Bérénice Bejo) à celui de militante. Clairement, elle a été très peu présente dans la vie de son fils, malgré quelques visites. La relation entre eux s’apparente davantage à une amitié distante qu’à un vrai lien mère-fils. Le danger constant dans lequel elle vit n’arrange rien. Maria change sans cesse d’apparence, lunettes, perruques et adopte un style différent à chaque sortie. Elle travaille également comme correctrice dans un journal réputé de Mexico, ce qui lui permet de faire passer des informations.

image berenice bejo mexico 86
Copyright Bac Films

Un film en partie autobiographique

Elle est activement recherchée par la police guatémaltèque, qui n’hésite pas à assassiner les opposants au régime militaire, même à l’étranger. Elle est aidée dans son combat par son compagnon Miguel (le très convaincant Leonardo Ortizgris), qui entretient lui aussi une relation complice avec Marco. Cette situation conduit Maria à devoir faire un choix crucial : garder son fils auprès d’elle, malgré le danger, ou l’envoyer dans une « ruche » à Cuba, un refuge pour les enfants de militants. Un dilemme d’autant plus poignant qu’elle a déjà dû l’abandonner pendant des années. Le thème de la parentalité est central ici : que faire lorsque nos idéaux, aussi justes soient-ils, peuvent mettre en danger nos enfants ?

Pour César Díaz, scénariste et réalisateur, ce film va au-delà de la fiction : il s’agit d’un récit personnel. Bien qu’il prenne des libertés narratives, Mexico 86 raconte en partie son histoire. Au lieu d’adopter son propre point de vue d’enfant, il choisit de raconter l’histoire à travers les yeux de sa mère – à qui le film est d’ailleurs dédié. Une manière sans doute de comprendre son engagement et ses choix. Le résultat est un film que l’on devine cathartique, porté par un scénario solide, découpé en trois parties d’environ trente minutes. La première partie nous plonge dans la vie quotidienne de Maria : son travail, sa vie de militante, sa relation avec Miguel, et les visites annuelles de son fils.

image Leonardo Ortizgris Mexico 86
Copyright Bac Films

Un récit maîtrisé, entre tension et simplicité visuelle

La deuxième partie montre l’arrivée de Marco et les ajustements nécessaires : lui imposer des règles, apprendre à vivre ensemble. Quant à la troisième, que nous ne dévoilerons pas, elle apporte une dose de tension dramatique. Ce dernier acte conduira Maria à son choix final. L’ensemble est bien équilibré, le sujet traité avec finesse, et l’on ne s’ennuie jamais. La mise en scène, simple mais efficace, repose principalement sur une caméra à l’épaule et une lumière à dominante jaune. Nous avons aussi quelques idées de réalisation bien pensées – notamment dans certains travellings, qui soulignent le conflit intérieur de Maria.

Le budget modeste se ressent parfois, notamment dans les scènes en extérieur, mais cela n’entrave en rien l’impact du récit. On est pris par l’histoire, tout simplement. La direction artistique (costumes et décors) restitue très bien le Mexique des années 80. Le film, qui dure 1h33, est rythmé et ne souffre d’aucun temps mort. Quant à la musique de Rémi Boubal, discrète, elle soutient efficacement les moments de tension.

Mexico 86 est donc un petit film efficace porté par un sujet fort, une mise en scène sobre et une interprétation toute en justesse. César Díaz signe un second long-métrage personnel et maîtrisé, qui interroge autant qu’il émeut. Un film sur les sacrifices silencieux de ceux qu’on oublie souvent : les mères engagées.

Article écrit par

Adore le cinéma en général, que ce soit les gros blockbusters ou les plus petits films, les séries TV et les jeux vidéo. Il réalise de nombreux tests de blu-ray et films en UHD 4K et couvre l'actualité cinématographique en salles.

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