Caractéristiques
- Titre : On l’appelle Jeeg Robot
- Titre original : Lo chiamavano Jeeg Robot
- Réalisateur(s) : Gabriele Mainetti
- Avec : Claudio Santamaria, Ilenia Pastorelli
- Distributeur : Nour Films
- Genre : Action, Comédie, Science Fiction
- Pays : Italie
- Durée : 118 minutes
- Date de sortie : 3 Mai 2017
- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Synopsis
Poursuivi par les forces de l’ordre à Rome, Enzo Ceccotti, un voyou sans envergure, plonge dans le Tibre et est contaminé par des substances radioactives. Le lendemain, il découvre qu’il a développé des pouvoirs surhumains. Ne serait-il pas l’incarnation du superhéros nippon Jeeg Robot, comme le pense la jolie Alessia ?
La critique
Bon, on va vous faire une confidence : chez Culturellement Vôtre on commence un peu à en avoir souper, du film de super-héros. On continue évidemment à les traiter objectivement (comme en témoignent nos articles sur Deadpool ou X-Men Apocalypse), mais le rythme de sortie très soutenu est entrain de venir à bout de notre engouement. Pourtant, on les aime ces personnages à super-pouvoirs, sans aucun plus sur papier que sur pellicule mais leur place au cinéma n’est pas, pour autant, à totalement remettre en en cause (ah, Darkman…). Mais il faudrait un peu de renouvellement, moins de Marvel et de DC Comics. Du coup, voir débarquer Jeeg robot est un événement apte à nous rendre le sourire.
Jeeg Robot est un film italien, et c’est peut-être un détail pour vous mais pour nous ça veut dire beaucoup. Le cinéma transalpin manque terriblement au septième art global, son universalisme, sa propension à étendre les possibles autant qu’il existe de cultures à travers le monde. Sporadiquement, un réalisateur rital nous sort une pépite, surtout dans le domaine du polar (coucou Suburra), mais on est malheureusement loin du fleurissement incroyable du siècle dernier. Il faudra ajouter à ces piqûres de rappel ce Jeeg Robot, une pure merveille qui sortira en salles au début d’année 2016 sous nos latitudes. Un film de super-héros donc, mais avec des moyens bien moindres que ce que l’empire de Mickey peut proposer à des tâcherons sans âme (les frères Russo, spéciale dédicace). Gabriele Mainetti n’est pas de ceux-là, et son film brille non pas spécialement de par son inventivité mais son ingéniosité.
Jeeg Robot joue avec une habileté surprenante avec les codes du sous-genre « super-héros », et même avec ses archétypes. L’anti-héros, la femme en détresse, le super vilain, ils sont tous là mais leur utilisation est intelligente. Prenons l’exemple de la femme, Alessia. Elle est évidemment le moteur de l’anti-héros, seulement on ne ressent jamais une passivité de sa part, et pour cause : son background et son état psychologique en fait une âme à part entière qui, de plus, aura un rôle à jouer dans l’évolution du personnage principal. La jeune et belle femme, dont le mental touché par des événements que l’on devine terriblement tragiques lui ordonne de concevoir le monde comme un dessin animé proche de Goldorak. L’intervention d’Enzo, et de ses pouvoirs surhumains, va la conforter dans ses fantasmes d’une vie plus éclatante, loin des traumas odieux. Le duo est touchant, jamais bêbête, et aura une utilité pour les deux cœurs qui forment ce couple.
Jeeg Robot n’est pourtant pas un film romantique, ne nous perd pas dans un brassage des genres comme Scott Pilgrim. On n’est certes pas au cœur d’une histoire grandiloquente (qui se termine sur un pauvre tarmac, n’est-ce pas Marvel) mais Gabriele Mainetti, conscient des limites de sa production, invoque sa créativité débordante pour mener son récit das une dimension formelle et fondamentale plus que convaincante. Le montage tient une place importante, et est assez bien pensé pour ne pas que le spectateur aperçoive les ficelles de la technique. Jeeg Robot est bourré d’idée aptes à donner de l’espoir à des réalisateurs en herbe qui désespèrent en constatant les budgets faramineux des blockbusters actuels. Le coup de la grande roue, par exemple, nous a paru si limpide, si malin, qu’on en a encore la chair de poule.
Jeeg Robot c’est aussi un film à fortes références japonaises. Le bad guy, que l’on croirait tout droit sorti d’un Miike grande époque (on vous parle d’un temps…), brille de mille feux. Littéralement. Dés sa première séquence, son écriture est parfaitement maîtrisée : cruauté explosive, ressenti contre ce qu’il ressent comme une vie injuste, volonté de surpassement qui le mènera à désirer les mêmes super-pouvoirs qu’Enzo. Le destin de ce dernier et de l’antagoniste ne peuvent que converger vers un final qui représente dores et déjà un sommet de cette édition 2016 de l’Étrange Festival. Il signe l’acceptation du personnage : il devient ce qu’Alessia espérait. Pour en savoir plus à ce niveau, et notamment voir ce plan final tout bonnement jouissif , il faudra vivre Jeeg Robot lors de sa sortie au cinéma. Et vous ne devez pas rater ça !