Caractéristiques
- Titre : Detour
- Réalisateur(s) : Christopher Smith
- Avec : Tye Sheridan, Emory Cohen, Stephen Moyer...
- Genre : Thriller
- Pays : Grande-Bretagne, Afrique du Sud
- Durée : 97 minutes
- Date de sortie : 17 février 2017 en VOD
- Note du critique : 2/10 par 1 critique
Synopsis
Harper accuse son beau-père d’être responsable de l’accident qui a plongé sa mère dans le coma. Lors d’une nuit d’ivresse, il confie à deux inconnus, Johnny et Cherry, un stratagème pour se venger. Le couple accepte pour 20 000 dollars de s’occuper du beau-père.
La critique
Qu’elle est loin, l’époque où l’on parlait d’une nouvelle vague de l’horreur so british, avec Neil Marshall et Christopher Smith comme tête de gondole. Le premier a peu à peu disparu des radars depuis son excellent The Descent, réapparaissant en 2014 pour réaliser un épisode de la saison 4 de Game of Thrones. Le deuxième, qui nous intéresse le plus pour cet article, n’a jamais confirmé tout le bien qu’on a pensé de lui sur Creep, sorte de survival horrifique super angoissant, prenant place dans un métro londonien habité par une bestiole sanguinaire. La suite de sa carrière oscillait entre le mauvais (Black Death), le plus que moyen (Severance) et le totalement anecdotique (Triangle). Dès lors, c’est avec crainte que l’on voyait arriver Detour, son nouvel effort. Voyons si ce sentiment était finalement bien senti.
Detour ne s’inscrit pas dans le cinéma d’horreur, ni le fantastique de près ou de loin, ce qui constitue une première dans la filmographie de Christopher Smith. Sorte de thriller teinté d’humour noir, on comprend surtout très vite que le réalisateur profite de l’occasion pour expérimenter sur le formel… malheureusement, serait-on tenté de penser. Car, très vite, on réalise que Detour est peut-être l’œuvre la plus « petit malin » (non, pas le dessin animé) qu’on a pu voir depuis un bail, et chez Culturellement Vôtre on n’aime pas ça. Du tout. Outre que le scénario est d’une banalité confondante, seulement rehaussé par une toute fin qui fonctionne un chouïa, c’est surtout ce montage grotesque qui nous a martyrisé les yeux, et l’esprit.
Detour n’existe que pour son tour de passe-passe, sa volonté de « monter le montage » pour mieux perdre le spectateur. Alors que le récit se met en marche avec une certaine évolution du personnage principal qui se voit sommé de suivre l’antagoniste, Christopher Smith explose sa ligne temporelle en nous balançant du splitscreen grossier et prétentieux. Et si seulement son plan d’une gratuité sans nom s’arrêtait là, mais non. Car le réalisateur va, après avoir fait converger les lignes en une seule, prendre carrément son public pour un amas de gros cons, à base de « hop là je te cache des faits, impossible à voir, à sentir, tu ne pourras rien vérifier en revoyant le films, et je te sors un twist basé sur du vent, aller fais wahou !« . Detour est un film de poseur, pas au sein du métrage en lui-même, mais derrière la caméra. Visiblement, Christopher Smith s’emmerde en nous racontant une histoire, on lui propose tout simplement de passer à autre chose.
Au-delà de cette véritable injure faite au spectateur, Detour est d’un ennui assez profond, d’où surgit parfois une fulgurance surtout typée comédie grinçante. Preuve, par ailleurs, que le metteur en scène se fiche clairement de son scénario. Peu à peu, les personnages passent au second plan d’une manière assez surréaliste au profit de la station de montage, et l’on finit par se foutre éperdument de ce qui est narré à l’écran. Aller, on sauve Detour de la catastrophe totale grâce à ce personnage de flic défoncé qui devient la star du générique de fin. Bon sang, comme c’est navrant.