[Étrange Festival 2016] Mapplethorpe : Look At The Pictures – Randy Barbato

Caractéristiques

  • Titre : Mapplethorpe : Look At The Pictures
  • Réalisateur(s) : Randy Barbato, Fenton Bailey
  • Avec : Debbie Harry, Fran Lebowitz, Robert Mapplethorpe, Paul Martineau, Brooke Shields
  • Distributeur : Happiness Distribution
  • Genre : Documentaire
  • Pays : Etats-Unis, Allemagne
  • Durée : 109 minutes
  • Date de sortie : 21 décembre 2016
  • Note du critique : 7/10

Synopsis

Photographe de génie, l’Américain Robert Mapplethorpe est peut-être l’un des plus importants de la fin du xxe siècle. Ses provocations ont marqué le monde de l’art et ont déclenché les foudres des censeurs et des conservateurs en stylisant le corps de l’homme et l’univers du bondage. Décédé en 1989 à l’âge de 42 ans, il laisse derrière lui une œuvre vaste qui continue d’influencer de nombreux artistes.

La critique

Après un The Sion Sono qui nous en aura frôlé l’une sans toucher l’autre, c’est peu dire qu’on attendait qu’un autre documentaire tienne mieux son rang lors de cet Étrange Festival 2016. Dès lors, on se disait qu’avec un sujet comme Mapplethorpe, photographe plus que sulfureux, artiste jusqu’au-boutiste, amateur de bondage et autres pratiques extrêmes, gay dramatiquement mort du VIH à 42 ans, on tenait là enfin de la matière hautement inflammable.

Et l’on n’est pas déçu. Il faut dire que Mapplethorpe : Look At The Pictures, est réalisé par un duo qui a déjà fait ses armes dans le documentaire entouré d’une odeur de souffre : Randy Barbato (apparemment, pas de lien de parenté avec votre humble serviteur, mais c’est à creuser) et Fenton Bailey se sont déjà illustrés avec le très courageux Inside Deep Throat, qui revenait sur le triste destin de Linda Lovelace avec, peut-être, une pointe d’humour un peu mal placé. Ce léger problème de ton ne se retrouve pas au sein du documentaire ici traité, qui s’applique avant tout à gratter la couche en superficie pour essayer de mieux débusquer l’homme derrière la photo. Le but de Mapplethorpe : Look At The Pictures ne fait aucun doute, il faut démystifier l’image purement polémique de l’artiste pour lui donner du relief et, enfin, mieux comprendre l’œil qui a tant choqué l’Amérique.

image mapplethorpe look at the pictures

Et à juste titre selon nous, car avouons que certaines photos sont plus que dérangeantes. Mapplethorpe : Look At The Pictures provoque un véritable débat intérieur chez le spectateur : tout est-il montrable ? « Tout », peut-être pas, mais ce qu’a produit Robert Mapplethorpe est encore du domaine de l’exposable, voire même du précieux. Le mauvais goût assumé sur certaines photos demande au spectateur un véritable travail sur l’acceptation : il doit dépasser le dégoût pour admettre que, si tout ne lui est pas agréable, rien ne doit non plus provoquer la contre-productive interdiction (qui l’est autant ici que quand une actrice de troisième zone participe à la censure d’une affiche de X-Men : Apocalypse). Le documentaire titille donc notre conception de l’ouverture d’esprit autant que le faisait le photographe…

Mapplethorpe : Look At The Pictures va chercher des témoignages précieux, notamment de la famille de l’artiste, ou encore de celle qui fut un temps la compagne de l’artiste : Patti Smith. Randy Barbato et Fenton Bailey captent quelque chose de bien plus profond que l’univers du bondage : l’âme de celui qui a osé l’immortaliser sur pellicule, et ce sans mettre de côté une seule des multiples passades de Robert Mapplethorpe, ni aucune de ses passions. Notamment celles qui l’on accaparées sur la fin de sa vie, alors qu’il apprenait sa séropositivité. On découvre tout au long un être humain absolument pas torturé, bien dans ses baskets et fier de son matérialisme. Qui aimait la vie, voulait devenir riche, dépenser, boire, manger, et bien d’autres choses. Frais, malgré quelques images qui nous ont un peu retourné le bide.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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