[Test – Playstation 4] Mafia 3 : une vengeance explosive

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Playstation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • Xbox One
  • Développeur : Hangar 13
  • Editeur : 2K
  • Date de sortie : 7 octobre 2016
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Mafia 3, un open world pas dénué de défauts

Qui dit fin d’année dit sortie des gros jeux, histoire de bien remplir la hotte de Papa Noël. Parmi eux, il est incontestable que Mafia 3 tient une place de choix, sur le papier tout du moins. Six années nous séparent de la sortie de Mafia 2, un open world au-dessus de la moyenne, dont les qualités de narration étaient indiscutables. Moins bien armé dans le pur rapport au gameplay, avec une utilisation un peu chiche du potentiel profond propre à ce genre, cette seconde itération avait donc séduit sans pour autant décrocher le statut de hit. Après un développement loin d’être aisé, Mafia 3 sort enfin pour essayer de réussir là où son grand frère a pu à moitié échouer.

Histoire : 5/5

C’est une des forces de la licence depuis ses débuts, et Mafia 3 prolonge ce constat : le scénario et l’univers sont en béton armé. Le récit se place dans les sixties, dans la ville imaginaire (mais qui rappellera beaucoup de sud des États-Unis) de New Bordeaux. Le joueur incarne Lincoln Clay, un jeune homme qui revient à peine du Vietnam, afro-américain et ayant grandi dans un environnement quelque peu mafieux. Son retour à New Bordeaux, Lincoln l’avait peut-être espéré autrement, toujours est-il que le racisme toujours puissant de l’endroit ne lui offre pas le choix des armes : il doit se replonger dans la pègre locale, avec sa famille adoptive. Cette dernière, qui ne rêve que de stopper ses exactions, rempli un dernier contrat pour Sal Marcano, grand parrain de la mafia locale. Seulement voilà, ce milieu on ne le quitte que dans un cercueil, ou dans le ventre d’un crocodile du bayou. Marcano le rappelle au tragique souvenir d’un Lincoln Clay laissé pour mort, et qui assiste au massacre des siens. Débute alors une quête de vengeance impitoyable et violente, Lincoln cherchant à conquérir les quartiers de New Bordeaux un par un, afin de débusquer et liquider Marcano. Pour ce faire, l’ancien soldat va faire équipe avec des parias redoutables, mais aussi avec un agent de la CIA aux méthodes étranges…

On le comprend très vite, si Mafia 3 s’inscrit dans la tradition des scénarios solides de la licence, on ne peut nier que le studio Hangar 13 a opté pour une véritable prise de risque. On dit au revoir aux récits fortement inspirés par le genre populaire du film de mafia, et l’on va plus vers une pure histoire de vengeance. Le tout n’est plus de faire partie de la pègre, mais de la chasser, la déraciner, et surtout lui faire payer le prix fort pour avoir prix la vie des nôtres. Il y a donc de l’originalité à ce niveau, on se sent réellement investi d’une mission, et l’ambiance un peu Scarface a totalement disparu au profit d’un fondamental qui aborde le racisme ordinaire d’une époque pas si révolue. Cette volonté de renouveler le récit se retrouve aussi dans l’écriture des personnages secondaires, les fameux lieutenants de Lincoln Clay notamment. Tous charismatiques, ils permettent à l’univers de convaincre encore plus.

Car la grande réussite de Mafia 3 est sans aucun doute ce contexte, et le fait de nous le faire vivre dans la peau d’un afro-américain. New Bordeaux offre un terrain de jeu vaste, mais surtout s’avère être une ville rongée par le racisme, une ségrégation encore galopante dans le Sud des États-Unis de la fin des années 1960. Le studio Hangar 13 va loin dans la description de cette haine, d’ailleurs les développeurs prennent bien soin d’avertir les joueurs en début de soft. Mais cette expérience était nécessaire pour, encore une fois, casser les codes narratifs de la licence, et pousser le genre de l’open world dans des recoins encore jamais abordés. On est sorti un peu lessivé du jeu, l’expérience était éprouvante donc fonctionne bien. On a peut-être trouvé que l’essentialisme guettait sur certains passages, mais l’écriture arrive finalement à faire naître une atmosphère cohérente en tous points. Ce n’était pas gagné, on pouvait même redouter la figure « donneur de leçon d’humanisme », mais Mafia 3 évite les pièges et nous convainc tout du long, jusqu’à un final de grande qualité…

Gameplay : 3/5

image test mafia 3
Image issue du Playstation Share.

Le gameplay de Mafia 3 peut être résumé par l’adage « simple mais efficace ». Visiblement, le studio Hangar 13 a surtout voulu rendre un travail propre, et ce même si cela les a poussé à ne prendre aucun risque… donc aucune initiative. Le soft est carré au possible, d’où l’impression que le joueur ressent de ne jamais être pris à défaut. Lincoln Clay se dirige au doigt et à l’œil, et sa petite inertie est typique du genre. Ce constat, on peut aussi le mener pour les phases de combat, mais aussi de conduite. Pour le premier cas, on est dans un triptyque ultra classique « couverture, visée, élimination », le tout un peu plombé par une IA aux fraises. Pas que cela soit très dérangeant (on vous conseille tout de même de joueur au moins en mode standard, pour plus de sensations), on comprend aussi que c’est une volonté que de pousser le joueur à s’amuser avant tout, mais cette approche peut parfois enlever un peu du suspens à certaines situations, tant on comprend très vite comme réagissent les ennemis. Pour le deuxième cas, la conduite, c’est un sans faute. Hangar 13 a eu la bonne idée de proposer aux joueurs deux approches : « normal » et « simulation », la seconde étant selon nous indispensable tant elle pousse à redoubler de vigilance dans les virages. On aime la diversité des bagnoles, leur feeling, ce frein à main hyper fonctionnel, c’est du tout bon.

Les choses se gâtent pour ce qui est du concept de Mafia 3 en lui-même. On va utiliser une image qui parlera à tout le monde : le jeu est aussi répétitif que l’étaient les premiers Assassin’s Creed. Le schéma est toujours le même, et se répète jusqu’à la fin : Lincoln reçoit arrive dans un nouveau quartier suite à l’info de l’indic’ de la CIA. On sympathise avec le looser charismatique du coin, puis on se voit confier l’objectif de ruiner le business local de Marcano, lequel est confié à un sous-fifre qu’il va falloir éliminer. Les missions se suivent et se ressemblent, et forcé de constater qu’il manque à Mafia 3 exactement ce qu’il manquait aussi à Mafia 2 : le brin de folie, la feature qui rendrait le jeu inoubliable. Cela se vérifie aussi avec le rapport aux forces de l’ordre, qui ne sont jamais réellement ressenties comme un réel danger tant on a l’impression d’avoir déjà vu ce système plus que de raison. On devra, donc, se contenter d’un gameplay maîtrisé à défaut d’idées nouvelles. Et c’est déjà pas mal.

Technique et ambiance sonore : 3/5

image jeu mafia 3
Image issue du Playstation Share.

Le sujet qui fâche. Si la direction artistique de Mafia 3 est sans conteste une réussite, on ne peut pas dire que le jeu soit une perle visuelle. Sans pour autant être désagréable visuellement, le jeu fait parfois un peu tiquer, notamment dans sa distance d’affichage assez embarrassante, surtout remarquée sur les indications au sol. Du cliping donc, mais aussi de l’aliasing et quelques bugs de collisions, ainsi dans le pur aspect technique le soft est décevant. Par contre, appuyons sur le gros travail sur la direction artistique, qui donne une ambiance sudiste assez mémorable, avec certains passages vraiment brillants, on pense notamment à ce segment dans le parc d’attraction du Baron Samedi.

Passage obligé d’un open world, l’OST de Mafia 3 assure un max. Les 3 radios à disposition offrent des playlists de très grande qualité, typiquement sixties, avec une blinde de hits stratosphériques. Même les cutscenes gagnent en puissance grâce aux chansons divinement pertinemment choisies, on pense évidemment à Paint It Black, des Rolling Stones, qui habille avec justesse un sacré moment du jeu. Côté bruitage, cela manque un peu de relief, même si le gros travail sur les dialogues des passants rattrape le coup. Signalons d’ailleurs que Mafia 3 est à la fois localisé (dialogues et sous-titres) en français, mais aussi proposé avec son doublage d’origine. Une belle initiative.

Durée de vie : 3/5

image gamplay mafia 3
Image issue du Playstation Share.

Comptez une vingtaine d’heures pour boucler Mafia 3, ce qui est tout à fait honorable pour un open world sans pour autant être ébouriffant. On aborde là une dernière déception du jeu, car si New Bordeaux est tout de même moins vide que la ville de Mafia 2, le terrain de jeu est assez tristounet en terme d’activités secondaires, et c’est bien dommage tant sa personnalité marquée nous pousse à vouloir connaître ces rues comme nos poches. Vous n’aurez pas grand chose à y faire, donc, mis à part la recherche de vieux Playboy, qui par ailleurs débloquent des extraits de ces magazines, ou encore arracher des affiches de propagande pro-communistes. On s’en contente très bien, mais New Bordeaux a tellement de potentiel qu’on en aurait aimé encore plus.

Note finale : 14/20

Mafia 3 ne parvient donc pas à atteindre les sommets que l’on attendait. Le jeu développé par Hangar 13 est trop prudent structurellement pour laisser une trace durable, et techniquement le jeu alterne le catastrophique (aliasing, cliping) et l’excellent (la direction artistique : merveilleuse), de telle façon qu’on en a un avis certes bon mais pas autant qu’espéré. Le jeu a des qualités indéniables, on pense évidemment à son scénario très soigné, l’écriture dantesque des personnages secondaires, ou encore à la bande originale bluffante de qualité, le tout servant un gameplay pas folichon mais très bien fignolé. Mafia 3 n’est donc pas totalement l’open world espéré, mais possède assez de qualités pour tout de même retenir votre attention.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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