Caractéristiques
-
Test effectué sur :
- Playstation 4
- Ordinateur/PC
- Xbox One
- Mac
- Développeur : InXile Entertainment
- Editeur : Techland Publishing
- Date de sortie : 28 février 2017
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
-
Existe aussi sur :
Introduction
Une partie (de plus en plus infime) des gamers a beau hurler au « c’était mieux avant », on ne peut pourtant pas nier que nous vivons une époque formidable du côté du jeu vidéo. La technologie permet des mondes ouverts éclatants, le néo-rétro nous procure des jeux plus « à l’ancienne », les développeurs japonais sont entrain de redresser la barre (même s’il reste encore beaucoup de signaux inquiétants), les titres « triples A » s’enchaînent, et le RPG est dorénavant un genre qui propose des sorties tout au long de l’année. C’est ce dernier symptôme qui nous intéresse aujourd’hui, alors que chez Culturellement Vôtre on voue un culte à Baldur’s Gate, Fallout 2 ou encore Morrowind. Un autre soft à nous avoir laissé un souvenir impérissable est Planetscape : Torment, sorti en 1999. Devenu totalement culte avec le temps, voilà que ce hit est aujourd’hui affublé d’une suite spirituelle, Torment : Tides Of Numenera, financée par Kickstarter (il est même le jeu vidéo ayant levé le plus de fonds sur cette plateforme !) et développée par InXile Entertainement (Wasteland 2). Bien entendu, une question est sur toutes les lèvres : cette (presque) séquelle est-elle à la hauteur des attentes ?
Histoire : 5/5
Torment : Tides Of Numenera prend place sur notre bonne vieille planète Terre, mais dans dans un futur fort, fort éloigné. Dans cet univers qui aura eu le temps de faire passer notre présente humanité pour un âge de pierre, le joueur incarne le Dernier Reliquat, fils du Dieu Changeant, sorte de maître absolu pour une civilisation qui, si elle est plus qu’avancée technologiquement, a aussi évolué côté théologie. Votre existence est elle-même un mystère, vous êtes une sorte de page blanche à remplir, mais vous devez vous lancer sur les traces de l’Affliction, une menace rampante qui n’a que trop exercé sa maléfique influence.
L’écriture, voilà sans aucun doute la grande réussite de Torment : Tides Of Numenera. Le scénario du jeu est tissé jusque dans les moindres détails, il faut donc que les joueurs soient prêts à se lancer dans un trip qui fait la part belle à un certain investissement, une immersion totale le temps de savourer entièrement le soft. Si vous n’aimez pas la lecture, vous en serez pour vos frais car les dialogues forment la colonne vertébrale du titre. Cependant, si ce genre de narration par l’écrit vous botte, si les univers détaillés soigneusement, qui évitent tout manichéisme, au point de créer une vraie alchimie entre le gamer et son avatar, sont votre dada… alors vous devez d’urgence vous intéresser à Torment : Tides Of Numenera.
Torment : Tides Of Numenera ne cache pas sa volonté : celle de vous faire vivre une aventure si puissante dans sa construction qu’elle n’a pas recours aux combats. Comme nous le verrons plus bas, les joutes ne sont pas vraiment invitées à la fête, pour notre cas elles se sont tout juste comptées sur les doigts d’une main, pas plus. L’intrigue de Torment : Tides Of Numenera a cela d’excellent qu’elle ne cherche pas à se dédouaner sur des mécaniques que l’on peut qualifier de typiques. Votre aventure se déroulera en ville, c’est dans ces territoires civilisés que vous mènerez l’enquête, avec une équipe vouée à se développer, à grand coups d’interrogatoires sur les différents PNJ. Précisons ici que le soft est entièrement localisé en français, et que la traduction a fait l’objet d’un soin tout particulier. C’est profond, précis, bien mis en forme : on adhère.
Gameplay : 4/5
Comme tout RPG occidental, le joueur doit d’abord créer son propre avatar, afin d’être représenté dans Torment : Tides Of Numenera. On doit évidemment choisir son sexe, puis une des trois classes à disposition : Jack (vagabond), Glaive (guerrier) et Nano (sorcier). Comme toujours, cette sélection permettra avant tout de s’acoquiner avec telle ou telle compétence. La spécialisation est une chose, l’évolution des statistiques en est une autre. Là aussi, vous aurez une trinité de critères à bien maitriser : Puissance, Célérité et Intelligence. En fait, Torment : Tides Of Numenera met à votre disposition les moyens d’exploiter le mécanisme qui fait tout le sel de ce jeu : les Marées.
Pour faire simple, les Marées sont la mise en forme de l’influence de vos choix, en cours de jeu, sur le karma. Et, en finalité, celui-ci influe directement sur le monde que votre avatar habite. Torment : Tides Of Numenera verse dans l’impressionnant à ce niveau : vos actes provoquent de véritables conséquences, et le soft vous le signale finement. L’état d’esprit est symbolisé par une couleur, cette dernière vous aide à être cohérent avec votre role play. On peut donc gérer nos décisions, et ne pas être pris au dépourvu lorsque vient le moment crucial de l’utilisation des PC (points de compétences). Pour ceux-ci, le constat est un peu moins enjoué : on trouve la mécanique un peu surfaite, ampoulée. Chaque personnage a la possibilité d’investir ces points afin de s’accorder plus de chances au moment fatidique de la résolution. Si ces points fondent comme neige au soleil, ils se régénère simplement en se reposant à l’hôtel du coin, ce qui retire tout de même pas mal à la notion de challenge.
Si Torment : Tides Of Numenera ne laisse que très peu de place aux combats, on peut tout de même aussi signaler que ces derniers ne sont pas des plus palpitants. Aussi, on a remarqué quelques petits soucis de pathfinding, et l’on regrette assez amèrement l’absence de la rapine en bonne et due forme. Pour en terminer avec les anicroches, signalons aussi que l’équilibre du jeu bascule vers sa moitié : là, il devient trop aisé de venir à bout des problématique et le joueur ne se trouve plus vraiment confronté au danger de l’échec. C’est regrettable, même si le sentiment global reste bien agréable.
Technique et ambiance sonore : 2/5
On ne tournera pas autour du pot : la version Playstation 4 de Torment : Tides Of Numenera n’est pas terminée. Que ce soit dans la pure finition technique, ou même dans la direction artistique, le jeu démontre qu’il lui aurait fallu plus de temps de développement. Attention cependant, nous n’avons pas non plus expérimenté des imperfections assez fortes pour nous sortir de l’expérience. On n’en est pas du tout là. Par contre, difficile de ne pas noter les baisses de framerate assez fréquentes, surtout dans la deuxième partie du jeu. Celle-ci est aussi un peu en-dessous en terme de direction artistique, laquelle passe de sublime à plus inégale sans trop que l’on comprenne pourquoi. Dommage, car il est indéniable que le mélange de science-fiction et de fantasy fonctionne à ravir, notamment tout le passage assez glauque dans la cité de The Bloom.
La bande originale de Torment : Tides Of Numenera est assurée par Mark Morgan, compositeur expérimenté ayant déjà procuré de très bons résultats : Fallout 2, Planetscape : Torment, Descent 2. Son travail sur les cordes fait encore merveille, il apporte une véritable dualité de tons qui appuient bien le mélange de fantasy et de science-fiction. Le doublage laisse aussi de bonnes impressions, bref au casque tout cela est très plaisant au casque.
Durée de vie : 4/5
Comptez au moins une trentaine d’heures afin de venir à bout d’un premier run de Torment : Tides Of Numenera. Cela peut faire un peu tiquer pour un RPG de ce style, seulement il faut bien comprendre qu’accrocher à ce jeu c’est s’embarquer dans de multiples expériences, histoire de profiter de l’immense champ des possibles que le jeu donne aux gamers. On recommencera, donc, plusieurs fois le titre histoire de le pousser dans ses derniers retranchements. Sachez, enfin, qu’InXile Entertainment a dore et déjà prévu un vrai suivi du soft , il faut s’attendre à des mises à jour (notamment pour les soucis de fluidité) et des DLC gratuits.
Note finale : 15/20
Torment : Tides Of Numenera était attendu par toute une horde de puristes du RPG occidental. S’ils devront faire face à quelques soucis d’ordre technique, ils pourront tout de même approcher le Nirvana du côté de l’écriture. Voilà un soft qui sait exactement comment créer un univers, enfermer le joueur passionné dedans et le chouchouter (presque) tout du long. Du coup, on recommande fortement Torment : Tides Of Numenera aux amateurs éclairés, qui sauront passer outre les ralentissements (qui feront l’objet d’une mise à jour salvatrice d’ici peu) afin de profiter d’un récit parmi les mieux ficelés qu’on ait pu approcher sur cette génération de consoles. Ouaip, carrément.