Caractéristiques
- Titre : Coffret trilogie Ninja : Ninja 3
- Réalisateur(s) : Sam Firstenberg
- Avec : Shô Kosugi, Lucinda Dickey, Jordan Bennett, David Chung, Dale Ishimoto, James Hong, Bob Craig, Pamela Ness, Roy Padilla, John LaMotte
- Editeur : ESC Editions
- Date de sortie Blu-Ray : 28 Mars 2017
- Durée : 91 minutes
- Note : 7/10 par 1 critique
Image : 4,5/5
Ninja 3 profite d’assez loin du meilleur travail sur l’image de ce coffret Trilogie Ninja. La netteté est au rendez-vous constamment, le grain est présent juste ce qu’il faut, et les marques du temps sont quasiment inexistantes pour un œil humain.
Son : 4/5
Ninja 3 est proposé en version française, et originale sous-titrée dans la langue de Molière. Toutes les deux sont disponibles en DTS-HD Master Audio 2.0. Contrairement aux deux autres films présents dans ce coffret Trilogie Ninja, on recommande la VOSTFR, le doublage français étant assez soporifique et manquant clairement de bonnes punchlines. De plus, la VF est moins finement équilibrée.
Bonus : 3/5
Nico Prat, journaliste chez Rockyrama, revient pour un dernier tour de table à propos du sous-genre Ninja. Il anime le module Ninja 3, l’hérésie et la fin d’un genre (7 minutes), avec un peu moins d’entrain que pour les autres films. On en apprend tout de même un peu concernant l’envers du décor, notamment un Menahem Golan qui accuse le choix de Lucinda Dickey d’être à l’origine du bide qu’a fait le film. On aurait aimé en savoir plus, notamment sur les rapports plutôt houleux entre Shô Kosugi et la production, ou encore quelques mots sur la réalisation jemenfoutiste. Dommage. Aussi au rendez-vous, le retour des vraies-fausses bandes annonces, intitulées Ninja Eliminator 3 : le gardien du médaillon (4 minutes) et Ninja Eliminator 4 : the french connection (8 minutes). La deuxième est un peu longue, mais c’est toujours aussi drôle.
Synopsis
Une femme, employée des télécommunications de Phoenix et passionnée d’aérobic, vient en aide à un assassin ninja plutôt efficace. Malheureusement il meurt devant ses yeux en lui léguant son katana. Cette dernière arme se révèle possédée par un esprit séculaire conférant des pouvoirs d’assassins ninja.
Attention, ce Blu-ray fait partie du coffret La Trilogie Ninja, avec L’implacable Ninja et Ultime Violence. Il n’existe pas en dehors.
Le film
Troisième et dernier film pour cette licence qui a tant marqué le public de l’époque qu’elle en est devenue une trilogie. Ninja 3 prend la suite d’un véritable classique du sous-genre Ninja, Ultime Violence, sans pour autant n’avoir aucun lien narratif avec lui (ni avec L’implacable Ninja, précisons-le). Et pour cause : ici la Cannon, et l’indécrottable Menahem Golan, ont visiblement une furieuse envie de mixer les genres qui fonctionnaient à l’époque. Ainsi, on va voir que Ninja 3 perd énormément en impact, tandis que le sous-genre dans lequel il s’inscrit ne s’en relèvera plus vraiment par la suite.
L’idée d’accumuler les genres n’est pas toujours mauvaise en soi, d’ailleurs les films de kung-fu arrivent parfois a obtenir de très bon résultat en ayant recours à ce genre de métissage, la Ghost Kung Fu Comedy (L’exorciste chinois en tête) en est l’un des meilleurs exemples. Seulement, Sam Firstenberg n’est pas Sammo Hung, très loin de là, et si l’honnête tâcheron ici au travail est plus doué que beaucoup dans le filon du cinéma d’exploitation, il n’en reste pas moins qu’avec Ninja 3 il enchaîne les grosses erreurs. Le plus grave étant que le rythme trépident d’Ultime Violence a totalement disparu, le réalisateur s’avérant trop occupé à caviarder son film d’éléments qui, il le pense sincèrement, pourront faire mouche chez le public visé. Voir l’héroïne jouer à une borne d’arcade, ou encore pratiquer l’aérobic, ça colle avec la recherche des enfants et des femmes (dans la tête des décideurs de l’époque, précisons-le avant de nous faire dévorer par les féministes extrémistes), mais bon sang que c’est lourdingue. On veut des étoiles ninja, des sauts dans tous les sens, de l’improbable, pas du Flashdance de bas étage !
L’élément fantastique ne gène pas spécialement quand il intervient, l’idée est même plutôt bonne sur le papier : les Ninjas sont entourés d’une aura mystérieuse, on peut donc en jouer allégrement. Il suffit de regarder vers le Japon pour voir que l’idée a vécu sur la terre natale de ces shinobi (l’excellent animé Ninja Scroll, par exemple). Mais Ninja 3 ne sait pas trop quoi faire de cette référence très apparente à L’Exorciste, n’arrive jamais réellement à capitaliser dessus, et au mieux cela provoque une séquence de plus dans un patchwork assez indigeste. Idem, on comprend bien que la Cannon a accusé réception du succès de Poltergeist, et en profite pour remplacer la télé hantée par différents objets d’intérieur, sans que ça n’ait aucune logique narrative. Rigolo, mais aussi un peu pathétique. En fait, le choix de donner à Lucinda Dickey (rôle-titre du culte Breakin’) le rôle principal est typiquement la bonne idée qui se retourne contre le metteur en scène : ce dernier se croit obligé de parler à une nouvelle cible, et visiblement il ne sait pas du tout par quel bout commencer.
Même l’aspect nanardesque du film est en-dessous des deux autres films, le formel bordélique rendant la globalité pas très agréable à suivre. Cela reste acceptable cependant, notamment quand Shô Kosugi intervient enfin pour botter des culs, avec son bandeau à l’œil comme Elle Driver de Kill Bill. Ou comme Jean-Marie Le Pen, c’est selon. Bref. Si l’ouverture de Ninja 3 assure son pesant d’action, c’est moins le cas par la suite, et il faudra attendre le dernier tiers (voir le dernier quart) pour reprendre son pied. Mais sans trop d’effets sanglants puisque, apparemment, le budget gore a fondu comme la côte de popularité de François Fillon, et c’est bien dommage (pour le budget gore, hein). Au final, ce Ninja 3 sonne comme une fin de récréation et tire trop vers d’autres succès de salles obscures pour qu’on ne voit pas que les artistes en place n’en ont plus grand chose à faire des assassins de l’ombre. Le vent a tourné, le cinéma d’action va se diriger vers des personnages moins folkloriques et des histoires moins abracadabrantesques. On ne peut que le regretter, tant cette période du succès Ninja fut bien fun…