Caractéristiques
- Créé par : Chris Carter
- Avec : David Duchovny, Gillian Anderson, Mitch Pileggi, William B. Davis, Barbara Hershey, Annabeth Gish, Lauren Ambrose, Robbie Amell...
- Saison : 11
- Année(s) de diffusion : 2018
- Chaîne originale : Fox
- Note : 7/10 par 1 critique
Un retour bienvenu à l’esprit de la série des 90’s
Après une saison 10 en dents de scie qui nous aura globalement laissés très perplexes malgré un final plutôt bien rôdé, X-Files est de retour pour un nouveau tour de manège, en 10 épisodes cette fois-ci. La saison 11 reprend là où la précédente s’achevait. Enfin… (spoiler) Là où elle aurait dû s’achever puisque, dès les premières minutes, on comprend que la pandémie apocalyptique déchaînée par l’Homme à la Cigarette (William B. Davis) dans les deux derniers épisodes n’étaient en réalité qu’une vision particulièrement intense de Scully (Gillian Anderson), qui possède un lien télépathique avec le fils qu’elle a eu avec Mulder, William, et dont l’ancien couple a dû se séparer pour le protéger. Tout ça, c’est donc William qui l’aurait vu en vision avant de le transmettre à Scully.
Si ce retournement de situation inattendu pourrait faire bondir — la facilité du « tout ça n’était qu’un rêve » — et a d’ailleurs visiblement choqué de nombreux téléspectateurs, il nous a semblé très bien amené par rapport à certaines choses complètement whatthefuckesque que nous avons pu voir dans la saison 10. Dès l’introduction en voix-off par the Smoking Man, on retrouve davantage le ton de la série culte des années 90 et le lien avec le présent et la situation géo-politique actuelle passe beaucoup mieux que cet épisode assez pontifiant de la saison 10 où Chris Carter nous servait tout un laïus engagé qui sonnait particulièrement faux avec ses images d’actualité. Comme si X-Files tentait de se mettre à la page et de rattraper son retard technologique et politique sans vraiment y parvenir. Ici, tout en reprenant cette histoire de pandémie qui sonne désormais comme une prophétie plutôt que comme un fait avéré, le créateur atteint un meilleur équilibre : on n’a plus l’impression que la série fait semblant d’être la même tout en se donnant des airs « djeunes » assez ridicules, et l’intensité est au rendez-vous.
Un cliffhanger qui fait polémique
Ainsi, alors que dans la saison 10 on avait droit à des moments so cute entre Mulder (David Duchovny) et Scully qui ne cadraient pas tellement avec le ton de la série, bien plus dans l’implicite et la subtilité — quelle idée de balancer la sympathique chanson des Lumineers surentendue sur les ondes « Ho Hey », se demande-t-on encore — ainsi qu’à des passages mélo assez niais autour de leur fils William, on revient ici à une certaine sobriété, qui n’empêche pas l’émotion. L’atmosphère de complot elle, est bien présente et assez bien gérée jusque-là, même si on demeure assez sceptiques sur le fait de clôturer ce fil rouge (le sera-t-il seulement un jour ?) uniquement avec l’épisode 10, puisque Carter a d’ores et déjà annoncé que cette saison 11 compterait 8 épisodes « monstres de la semaine » contre 2 épisodes dédiés à la mythologie, ouvrant et fermant les hostilités. Cela était déjà le problème de la saison 10 et, avec 4 épisodes de plus au compteur cette année, on aurait pu espérer davantage d’épisodes pour développer cette intrigue, même si on suppose que de petits éléments et rappels seront disséminés d’un bout à l’autre dans les loners.
De ce point de vue-là — et même si nous réservons bien entendu notre jugement — il y aura toujours de quoi avoir quelques regrets sur le déroulement des choses. Dans une saison de 18 ou 22 épisodes, par exemple, le gros cliffhanger de fin d’épisode n’aurait eu lieu qu’en milieu de saison, la seconde moitié menant vers un final très tragédie grecque. Car c’est, au final — et sans spoiler — ce vers quoi semble tendre X-Files ici, ce qui est annoncé assez tôt par la voix-off d’un Mulder fatigué, très film noir. Ce fameux twist est l’autre gros sujet de discussion concernant « My Struggle III », et, si on peut le trouver un peu tombé de nulle part, il n’en fait pas moins sens même si, là encore, la pilule serait peut-être mieux passée au bout d’un nombre plus conséquent d’épisodes : le flash-back de révélation est assez hâtif et quelque peu maladroit. Néanmoins, là où ce retournement nous semble satisfaisant et assez puissant, c’est qu’il contribue à renforcer l’aura tragique de l’histoire Mulder-Scully et du personnage de Mulder. Le volte-face de Skinner (ça vous rappelle quelque chose ?) fait alors sens et apparaît comme une volonté de protéger l’agent du FBI, dont on suppose bien qu’il finira par apprendre la vérité, ce qui devrait donner lieu à un affrontement père-fils assez costaud.
Quant à ceux qui n’adhèrent pas au fait que Scully croit à 100% à ses visions, c’est oublier un peu vite que le retournement Mulder sceptique-Scully croyante a déjà eu lieu quelques fois par le passé. Par ailleurs, ces visions sont différentes : elle n’a pas seulement vu la pandémie, elle l’a vécue, comme nous tous avec le double-épisode final de la saison 10. Il ne semble alors pas aussi farfelu qu’elle ne se remette pas en cause sur ce point-là — ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle ne fera pas preuve de réserve lors des épisodes indépendants.
We want to believe…
Cette ouverture de saison nous apparaît ainsi, malgré les esprits chagrins, bien plus satisfaisante que n’avait pu l’être celle de la saison 10. Suspense, paranoïa et émotion sont au rendez-vous, sans niaiserie et, surtout, sans l’auto-caricature de la précédente saison en 2016, qui égalait presque ce sketch. Si l’on craint qu’un seul épisode supplémentaire centré sur la mythologie ne soit pas suffisant pour relier les fils de manière dramatiquement satisfaisante, ce retour d’X-Files nous donne néanmoins quelques espoirs, que nous avions à peu près abandonnés en voyant Mulder danser avec des cowboys texans sur « Achy Breaky Heart » de Billy Ray Cyrus en se la jouant gangsta rap dans l’épisode 5 qui était donc (tout s’explique) une hallucination de Scully. En attendant de découvrir les épisodes indépendants, on peut donc le dire : on est heureux de retrouver l’esprit de la série que nous avions aimée.